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EAN : 9782492301353
172 pages
Novice (07/09/2023)
4.59/5   17 notes
Résumé :
Au milieu de la mer Celtique se dresse l’île de Keljorden, un morceau de terre oublié où vivent quatre vingt trois âmes. Entre les habitants, l’atmosphère est légère et chaleureuse. Parmi eux, la jeune Ama, dix ans, grandit en toute sérénité.

Mais lorsqu’un drame survient, son quotidien, et celui de tous, est bouleversé. En quelques semaines, Keljorden se fracture. Avec ses mots d’enfant, Ama détaille ce qu’elle voit. Devenue adulte, elle revient sur ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Ile de Keljorden : un caillou perdu au milieu de l'océan, à quatre heures de bateau de la France, la ligne aérienne a été fermée, pas assez rentable. 84 habitants, dont 5 enfants :
« Nous étions là, au milieu de la mer, comme des naufragés. La France nous avait abandonnés. »
Un drame va survenir, du fait de cet éloignement. Et changer à tout jamais le sort des habitants, semant par ailleurs la zizanie entre eux.

J'ai choisi ce roman dans la masse critique de Septembre, de par son résumé d'abord, un roman se passant sur une ile au milieu de la mer celtique, cela ne pouvait que me parler. Et ensuite, j'ai été interpelée par le prix reçu par ce roman : le prix du roman non publié. Surprenant, non ? Les éditions Novice donnent ainsi une seconde chance à des romans non acceptés par les comités de lecture. J'ai adoré cette idée, et le nom de ce prix.

L'histoire est relatée par Amalia, aujourd'hui biologiste réputée, jadis, une des enfants de l'ile. Les chapitres alternent entre une interview d'Amalia à l'heure actuelle par une journaliste enquêtant sur l'histoire de l'ile, et le récit d'Ama enfant racontant sa vie sur l'ile pendant ces quelques mois qui ont tout changé. L'alternance enrichit la lecture, laissant entrevoir le dénouement, ajoutant l'émotion de l'adulte à la narration de l'enfant.

On découvre donc la vie de cette communauté réduite, par les yeux de cette enfant, qui ne comprend pas toujours le comportement des adultes, qui raconte sa vie de gamine, avec l'école, les jeux, les disputes avec les copines. Elle nous raconte aussi son ile, petites maisons, récifs, algues et sable, tempête et soleil. Les bretons ne seront pas dépaysés.
Et puis le drame, et la vie qui change, et les adultes qui se déchirent, et les enfants qui essaient de se soustraire aux antagonismes, en cédant parfois entre eux aussi aux disputes. J'ai été émue par Amalia, qui tente comme elle peut de résister aux bourrasques soufflant sur l'ile, et les pires ne sont pas celles de la nature.

Un roman aux thèmes d'actualité, à l'heure où les questions se posent trop souvent de l'utilité de maintenir des services dans des villages isolés, où la rentabilité est trop souvent le facteur décisionnel.
Un immense merci à Babelio et aux éditions Novice pour cet envoi. Un roman qui m'a charmée par ses personnages et son ambiance.
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Je remercie chaleureusement Babelio et les éditions Novice pour l'envoi de Hurler contre le vent de Louise Sébillet. Je découvre avec plaisir cet éditeur, qui organise chaque année depuis 2020 le Prix du roman non publié, permettant à un auteur refusé chez d'autres éditeurs d'être publié chez eux.

Quel plaisir de découvrir cette autrice et son premier roman ! J'avais été séduite par la couverture, puis par le résumé. J'aime les huis-clos, mais surtout j'aime les romans qui détaillent la vie de communautés vivant en dehors de la société.

Ici, c'est justement ce qui crée l'histoire : le fait de vivre sur cette île aux tempêtes hivernales, isolés du reste du monde, met en danger les habitants. Un drame se produit lors d'une de ces tempêtes, contraignant les îliens à réfléchir à leur avenir sur Keljorden. Ce récit est raconté par Amalia, 35 ans, qui revient sur ces événements ayant lieu quand elle en avait 10. Pour ce faire, Louise Sébillet alterne les chapitres entre Ama et sa voix d'enfant, et Amalia et son regard adulte. Cette dernière raconte ce qu'elle a vécu enfant sur l'île de Keljorden à une autre femme, Sofia, qui semble vouloir creuser l'histoire inconnue de cette petite communauté qui s'est délitée après une nuit terrible.

Les changements de voix sont plutôt bien amenés. Au début de ma lecture, j'avais du mal à cerner l'intérêt d'avoir des passages dans le présent ; je trouvais que la voix de la petite Ama était amplement suffisante et intéressante pour en faire un livre. Et c'est à la fin, sur les derniers chapitres, que j'ai validé ce choix de changements de temporalité. J'ai adoré voir Ama rencontrer ses amis, découvrir les dilemmes des adultes, suivre son exploration de la flore de l'île avec Cybèle la « sorcière ». Avec ses avis tranchés mais sa capacité de remise en question et ses envies d'action, Ama est une vraie petite fille que j'ai aimé accompagner dans son aventure.

Les personnages gravitant autour d'elle sont tous bien construits : ses amis, son père, sa soeur, Cybèle, les habitants du village… Les interactions entre eux n'ont rien de superficiel, je les ai tous trouvés très crédibles. Louise Sébillet décrit avec justesse le dilemme qu'ont les adultes à devoir décider de quitter l'île ou d'y rester, et l'incompréhension des enfants, ballottés par les avis des adultes. Les raisons qui poussent chacun à voter dans un sens ou l'autre montrent que l'autrice s'est vraiment approprié chaque histoire et chaque rêve de ses personnages. J'ai été touchée par sa compassion et sa sensibilité envers ses petits êtres de papier.

J'ai ressenti aussi l'attachement de Louise Sébillet à la Terre, et j'ai découvert par la suite qu'elle était Bretonne ; l'île de Keljorden, Eden au milieu des falaises tranchantes, y fait effectivement écho. Les descriptions de la Nature sont belles et douces, loin d'être lourdes. On peut imaginer l'île de Molène ou d'Ouessant, avec ses grandes étendues vertes, son épicerie, ses toits en ardoise et ses petits chemins. Keljorden se rapproche d'un idéal écologique où les voitures sont bannies, les portes des maisons toujours ouvertes et les habitants soudés. Je ronronne à cette idée.

Le seul petit bémol que je trouve à ce roman est au niveau de la relecture : j'ai trouvé plusieurs erreurs de conjugaison, ainsi que quelques écueils au niveau de la ponctuation. Rien de bien grave mais je le signale pour l'écriture du potentiel second roman, que je me ferai une joie de dévorer !
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Certains romans ont une part de magie. Certains romans donnent au lecteur le sentiment d'être un orpailleur. Hurler contre le vent, de Louise Sebillet, est de ceux-là.
Il faut dire que ce roman a tout pour plaire : une thématique dans l'air du temps –je vous laisse la découvrir, une unité de lieu restreinte – une île, une narratrice attachante et innocente – Amalia, dix ans, une écriture déjà très aboutie pour un premier roman.
Keljorden est une petite île fictive, un confetti situé en Mer Celtique, à quatre heures de bateau du continent.
J'aime les romans qui se passent sur une île. L'impression de huis-clos s'en trouve toujours renforcée. Tout est exacerbé, comme amplifié par l'étroitesse du lieu.
Les quatre-vingt-quatre habitants – dont cinq enfants, sont très attachés à leur territoire et y vivent en harmonie. Jusqu'à ce que survienne un évènement tragique qui va bouleverser le quotidien de la petite communauté et déchirer les autochtones. Les individualités s'opposent mais vont devoir se ranger à la collectivité.
Ama raconte cette histoire en y posant son regard d'enfant de dix ans. Il y a des décisions à prendre, des choix douloureux à faire. Là où les adultes se créent des dilemmes, elle, elle veut choisir avec son coeur.
J'ai été immédiatement embarquée par ce roman, qu'on pourrait qualifier de social, par son souffle romanesque et son intensité émotionnelle.
Une très très belle découverte.
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C'est un premier roman réussi que nous livre Louise Sébillet, lauréate du prix du roman non publié. Ce prix, délivré par l'éditeur "Novice" associé aux centres culturels Leclerc de Normandie, récompense des romans ignorés par les éditeurs traditionnels, et qui émergent grâce à des plateformes d'édition.(il existe aussi un prix polar non publié).
J'ai beaucoup aimé le cadre de ce récit, une île fictive dénommée Keljorden, entre la France et l'Irlande à quatre heures de bateau de la côte française. Les descriptions de l'auteur font état de murs à la chaux, de récifs, d'algues, du vent, de mouettes, d'arbres déracinés…la mer donc, tout ce que j'aime.
« Des colonies de sternes de Dougall, de sternes pierregarins et de fous de Bassan tournoyaient joyeusement autour de ces immenses rochers. »

Le ton du récit est à la fois naïf et mature, car c'est une petite fille de 10 ans qui raconte sa vie quotidienne, l'école avec cinq enfants, ses jeux et ses rencontres avec les copains et copines dans la cabane dans les arbres. Mais elle relate aussi les propos des îliens, grâce à ses oreilles qui traînent. Ils sont quatre-vingts adultes à l'année, avec leurs questionnements et leurs difficultés.

Elle s'étonne des ressentiments de certaines familles envers d'autres, elle apprivoise une « sorcière » honnie de toute la communauté.

Elle ignore les vacanciers qui viennent deux mois par an dans leurs résidences secondaires.

Obligée de retourner sur le continent pour faire une radio suite à une suspicion d'entorse, elle décrit ce continent qui l'effraie.  

Un événement tragique va détruire la relative quiétude du lieu et remettre en cause son existence même. L'auteur ne s'attache pas à l'événement en lui-même, ce qui est peut-être dommage, mais à ses conséquences.

Elle s'interroge et interroge le lecteur in fine, sur l'utilité de maintenir des services de l'état sur un îlot loin du continent desservi certes par un bateau, mais dont la population vieillie avec plus de besoins compliqués à satisfaire. « Je m'ennuyais à essayer de comprendre pourquoi on voulait fermer notre école, qui se cachait derrière ce « on », qui obtiendrait telle somme ou qui était de quel côté. »

Le récit raconté par cette petite fille, prend une autre dimension quand celle-ci, devenue adulte est interviewée sur ce qui s'est réellement passé sur l'île.

C'est un roman qui se lit facilement et vite, mais qui n'est pas palpitant au sens que ce n'est pas un thriller. On se laisse cependant bercer par le ton et les questions de cet enfant attachant, par cette histoire qui aurait pu être réelle (et qui l'a peut-être été) et par la houle générée par ces petites et grandes histoires d'îliens.





 
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Une île perdue au milieu de la mer Celtique. Voici le décor et l'ambiance…

Que dis-je ? Il s'agit là de la vision des quatre-vingt quatre âmes qui y vivent. Cette île est leur socle, celui sur lequel elles ont grandi et qu'elle continuent d'occuper.

Du point de vue des habitants du continent, il s'agirait plus d'un… caillou, sans grand intérêt !

Toujours est-il que sur ce morceau de terre, un drame va susciter de grands bouleversements au sein des résidents. Voire même une tempête…

Il sera question des origines, d'isolement, de déracinement, de légendes, de division entre les êtres, de désaccords sur fond d'économie mais d'écologie aussi…

Or il n'est de plus grandes divergences que celles animées par un attachement profond à une idée, par une passion. Et c'est cette passion qui va pousser chacun des personnages, notamment la jeune Ama âgée de dix ans, à vivre cet événement perturbateur avec intensité et gravité. La fillette va déployer une énergie folle à défendre ce qu'en ces moments instables, elle aime plus que tout au monde.

Lutter ou se résigner ? Croire en ses rêves ou céder à la raison ?

J'ai été particulièrement sensible à la construction dynamique de ce roman. A savoir que les chapitres sont alternés entre la perception de la jeune héroïne enfant et celle et à son âge adulte. le regard de la femme apporte une clairvoyance intéressante sur ce qu'elle a vécu quelques années auparavant.

Le style narratif utilisé s'accorde à la perfection et avec beaucoup de subtilité à chacune des tranches de vie. J'ai réellement entendu parler la jeune Ama à qui je me suis attachée. Elle m'a raconté ses péripéties, ses chagrins, ses espoirs avec ses mots d'enfant. Puis j'ai écouté la même personne quelques années plus tard, animée d'une ferveur quelque peu plus raisonnée mais toujours aussi marquée par ce qui a chamboulé la vie des îliens…

Une écriture limpide, presque cinématographique, non dénuée de poésie.

Louise Sebillet est la lauréate du “Prix du roman non publié” 2023 imaginé par les éditions Novice en partenariat avec les Espaces Culturels E.Leclerc de Normandie.

Cette année, ce prix est présidé par l'écrivain François d'Epenoux qui apporte tout son soutien à cette magnifique histoire. Voici ce qu'il en pense :

“Un roman au souffle magnifiquement humain, ancré dans les enjeux de l'époque, et qui pose cette question vitale : quand le réalisme des temps s'impose implacablement, les rêves peuvent-ils tenir contre vents et marées ?”

François d'Epenoux

Je te souhaite donc chère Louise, bon vent et une grande vague de succès. Je suis ravie d'avoir collaboré à tes côtés.
Lien : https://laparenthesedeceline..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
- C'est toi qui m'a appris cette expression pour la première fois. Il ne sert rien de hurler contre le vent...
- ... Il vaut mieux le faire tourner en notre faveur.
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Depuis 1986, année de fermeture de l'usine de transformation de maquereaux, un grand nombre de familles avaient quitté l'île. Nous étions encore 84 malgré tout. Ce chiffre me paraissait très honorable mais les plus âgés n'étaient pas de cet avis. A chaque départ, Jeanne, ma grand-mère, se lamentait et me disait qu'il ne resterait bientôt plus aucuns vrais. Elle entendait par « vrais habitants », les familles présentes depuis trois générations et dont le nom était inscrit sur les stèles du cimetière. Nous étions bien loin des 1500 habitants qu'avait connus le début du XXème siècle. Je promettais à ma grand-mère de rester. Et très certainement que Max resterait avec moi. Ce à quoi elle me répondait pas un sourire triste.
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Elle était rigolote. Un peu folle, mais une jolie folie.
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Nous étions là, au milleu de la mer, comme des naufragés. La France nous avait abandonnés.
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