Je remercie chaleureusement Babelio et les éditions Novice pour l'envoi de
Hurler contre le vent de
Louise Sébillet. Je découvre avec plaisir cet éditeur, qui organise chaque année depuis 2020 le Prix du roman non publié, permettant à un auteur refusé chez d'autres éditeurs d'être publié chez eux.
Quel plaisir de découvrir cette autrice et son premier roman ! J'avais été séduite par la couverture, puis par le résumé. J'aime les huis-clos, mais surtout j'aime les romans qui détaillent la vie de communautés vivant en dehors de la société.
Ici, c'est justement ce qui crée l'histoire : le fait de vivre sur cette île aux tempêtes hivernales, isolés du reste du monde, met en danger les habitants. Un drame se produit lors d'une de ces tempêtes, contraignant les îliens à réfléchir à leur avenir sur Keljorden. Ce récit est raconté par Amalia, 35 ans, qui revient sur ces événements ayant lieu quand elle en avait 10. Pour ce faire,
Louise Sébillet alterne les chapitres entre Ama et sa voix d'enfant, et Amalia et son regard adulte. Cette dernière raconte ce qu'elle a vécu enfant sur l'île de Keljorden à une autre femme, Sofia, qui semble vouloir creuser l'histoire inconnue de cette petite communauté qui s'est délitée après une nuit terrible.
Les changements de voix sont plutôt bien amenés. Au début de ma lecture, j'avais du mal à cerner l'intérêt d'avoir des passages dans le présent ; je trouvais que la voix de la petite Ama était amplement suffisante et intéressante pour en faire un livre. Et c'est à la fin, sur les derniers chapitres, que j'ai validé ce choix de changements de temporalité. J'ai adoré voir Ama rencontrer ses amis, découvrir les dilemmes des adultes, suivre son exploration de la flore de l'île avec Cybèle la « sorcière ». Avec ses avis tranchés mais sa capacité de remise en question et ses envies d'action, Ama est une vraie petite fille que j'ai aimé accompagner dans son aventure.
Les personnages gravitant autour d'elle sont tous bien construits : ses amis, son père, sa soeur, Cybèle, les habitants du village… Les interactions entre eux n'ont rien de superficiel, je les ai tous trouvés très crédibles.
Louise Sébillet décrit avec justesse le dilemme qu'ont les adultes à devoir décider de quitter l'île ou d'y rester, et l'incompréhension des enfants, ballottés par les avis des adultes. Les raisons qui poussent chacun à voter dans un sens ou l'autre montrent que l'autrice s'est vraiment approprié chaque histoire et chaque rêve de ses personnages. J'ai été touchée par sa compassion et sa sensibilité envers ses petits êtres de papier.
J'ai ressenti aussi l'attachement de
Louise Sébillet à la Terre, et j'ai découvert par la suite qu'elle était Bretonne ; l'île de Keljorden, Eden au milieu des falaises tranchantes, y fait effectivement écho. Les descriptions de la Nature sont belles et douces, loin d'être lourdes. On peut imaginer l'île de Molène ou d'Ouessant, avec ses grandes étendues vertes, son épicerie, ses toits en ardoise et ses petits chemins. Keljorden se rapproche d'un idéal écologique où les voitures sont bannies, les portes des maisons toujours ouvertes et les habitants soudés. Je ronronne à cette idée.
Le seul petit bémol que je trouve à ce roman est au niveau de la relecture : j'ai trouvé plusieurs erreurs de conjugaison, ainsi que quelques écueils au niveau de la ponctuation. Rien de bien grave mais je le signale pour l'écriture du potentiel second roman, que je me ferai une joie de dévorer !
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