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4.07/5 (sur 7 notes)

Biographie :

Journaliste indépendant, a été pendant de longues années un militant pour les droits de l’homme en Algérie.

2005 "Françalgérie, crimes et mensonges d'États Histoire secrète, de la guerre d'indépendance à la « troisième guerre » d'Algérie"
2010 "La Colonie française en Algérie. 200 ans d'inavouable. Rapines et péculats", co-écrit avec Jean-Baptiste Rivoire

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Citations et extraits (9) Ajouter une citation
Certes, comme pays souverain, l’Algérie perdure en tant que contour géographique dans les atlas. Mais dans sa réalité politique et sociale elle s’est scindée en deux entités inconciliables, en état de guerre latente : une minorité qui possède tous profondément ancrée à la France et dont la capitale symbolique est plus Paris qu’Alger; et l’écrasante majorité, réduite par la première à l’état de soumission absolue.
ces deux populations antagonistes sont déployées sur deux espaces distincts. Un territoire utile pour la première constitué du Sahara et de ses richesses en hydrocarbures, piloté principalement depuis un réduit à l’ouest d’Alger, autour d’une petite localité emblématique, le Club des pins, qui agglomère tout ce que la région compte comme terrain viable, soit peu ou prou ce que Bugeaud préconisait du temps de la conquête comme espace de la « colonisation restreinte ». S’y rassemblent quelques milliers d’individus auxquelles tout est permis, au-dessus des lois, disposant de tout le pouvoir économique, politique, militaire et médiatique, protégés par le tout puissant DRS et entretenant dans le pays réel des réseaux de plusieurs centaines de milliers d’obligés - membres des forces de sécurité ou Affairistes aux petits pieds bénéficiant de la corruption institutionnelle. C’est l’Algérie-Club des pins avec sa façade « démocratique » occupée pour la galerie internationale par une brochette de civils « présentable » au premier rang desquels le président Abdelaziz Bouteflika, réélu comme prévu en avril 2004.
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En 1832, deux ans après le débarquement français en Algérie, une sombre affaire de vol commis par des membres de la tribu des Ouffas provoque la colère du gouverneur d’Alger, le duc de Rovigo, qui vient d’être nommé par la France. En représailles, il lance contre les Ouffas une attaque au cours de laquelle « tout ce qui y vivait fut voué à la mort » : « En revenant de cette funeste expédition, racontera le colonel Pélissier de Reynaud, plusieurs de nos cavaliers portaient des têtes au bout de leurs lances et une d’elles servit, dit-on, à un horrible festin. » Simple dérapage d’un colonel français, ou massacre prémédité ? « Des têtes. Apportez des têtes, aurait demandé à l’époque le gouverneur d’Alger. Bouchez les conduits d’eau crevées avec la tête d’un Bédouin que vous rencontrerez. » Bilan, « il y eut douze mille morts chez les Ouffas. On trouva, les jours suivants, bracelets et boucles d’oreilles en abondance au marché algérois de Bab-Azoun. La devise de Rovigo était :’’On m’a coupé trois têtes ; si dans quarante-huit heures les coupables ne sont pas livrés, j’irai chez vous et je prendrai trois cents têtes ; et il tenait parole’’. »

Dès lors, et jusqu’en 1848, les troupes françaises engagées dans la conquête de l’Algérie multiplie les expéditions meurtrières. En 1834, une mission parlementaire dresse à son retour d’Algérie un sévère bilan de la conquête : « En un mot, nous avons débordé en barbarie les barbares que vous venions civiliser et nous nous plaignons de ne pas réussir auprès d’eux. » A partir de 1837 et l’arrivée de la Légion étrangère commandée par Achille de Saint-Arnaud sous la supervision du général Bugeaud, les massacrés délibérés prennent une dimension effarante. L’objectif affiché, que l’on n’hésiterait pas aujourd’hui à qualifier de génocidaire, est de réduire les effectifs des populations algériennes, pour permettre à la colonisation de prendre ses aises. L’expression consacrée est : « Comprimer les Arabes » – elle est d’Alexis de Tocqueville, qui préférait cela à l’ « extermination » des Indiens en Amérique.

Pour Bugeaud, le but « n’est pas de courir après les Arabes, ce qui est fort inutile ; il est d’empêcher les Arabes de semer, de récolter, de pâturer, [...] de jouir de leurs champs ». « Allez tous les ans leur brûler leurs récoltes [...], ou exterminez-les jusqu’à dernier ». (pp. 21-22)
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Benjamin Stora, historien et spécialiste reconnu de l’Algérie, ne cachait pas son agacement à l’égard des penseurs habitué à surfer d’un sujet à l’autre, en fonction de l’actualité : « ces intellectuels était silencieux et tout d’un coup lorsqu’il y a 80 000 morts, les gens comme André Glucksmann prétendent expliquer l’Algérie. Leur légitimité est purement médiatique, elle ne s’ appuie pas sur la connaissance. Certains intellectuels disent que les islamistes du FIS sont des égorger et qu’il ne faut pas discuter avec eux. Alors faut-il continuer la guerre à outrance et avec qui discuter ? Interdire un parti, Est-ce faire disparaître la question de l’intégrisme religieux ? Et si l’on ose ajouter des évidences en rappelant par exemple que l’Algérie est un pays musulman on vous regarde de travers. Les islamistes ne sont pas des extraterrestres habillés en vert. Les politiques préfèrent écouter les penseurs médiatiques qui ne travaillent sur rien et ont un point de vue surtout”.
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Régulièrement informés par la DGSE et la DST, François Mitterrand Jacques Chirac Lionel Jospin Alain Juppé ou Jean Louis Debré ne pouvaient ignorer la sauvagerie de la répression s’abattant sur la population algérienne. Ils pouvaient encore moins ignorer l’ampleur de la corruption qui caractérise les relations économiques entre Paris et Alger.
Plus grave : il apparaît aujourd’hui démontré qu’à partir de 1994, les dirigeants politiques français ont compris que le GIA était manipulé par les services algériens, notamment quand il poser des bombes dans le RER parisien. Alors pourquoi ce silence officiel ? Comment expliquer qu’un gouvernement français ait pu fermer les yeux sur un terrorisme d’État commis sur son propre sol ? Comment comprendre que fin 1997, alors que d’épouvantables massacres de civils commis sous protection militaire venaient d’endeuiller la banlieue d’Alger, ces généraux soient parvenu à enterrer tout projet de commission d’enquête internationale, au point qu’aujourd’hui encore on ignore jusqu’au bilan chiffré de ces massacres ?
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En 1830, on tue, on brûle, on pille et on s'en vante avec une décontraction qui en dit long sur la façon dont les militaires français considéraient les « indigènes ».
Entre 1945 et 1962, les méthodes sont comparables, mais l'époque a changé. Certes, les Algériens sont encore des indigènes dépossédés de droits, mais avec la Déclaration universelle des droits de l'homme adoptée en 1948, il devient plus difficile d'assumer les crimes contre l'humanité commis par l'armée. Pour combattre l'ennemi avec succès sans s'aliéner l'opinion publique internationale, les militaires français mettent au point des méthodes de « guerre moderne » particulièrement
efficaces : obsédés par leur échec en Indochine face au « Viêtcong», leur objectif premier est de couper les résistants de la population (« retirer l'eau au poisson »), grâce à l’« action psychologique » et aux techniques de basse police, qui frappent cruellement la population civile.
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Après ces six années d’enquête sur l’histoire secrète de la « troisième guerre d’Algérie » nous sommes frappés de constater à quel point la société algérienne fonctionne à deux vitesses : d’un côté, l’immense majorité de la population vit dans des conditions souvent effroyables ; de l’autre côté une petite minorité que les décideurs du DRS ont réussi à identifier aux yeux de l’opinion internationale, et particulièrement de la France, à l’Algérie réelle, vit dans l’opulence.
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Tout doit être pris, saccagé, sans distinction d'âge ni de sexe : l'herbe ne doit plus pousser où l'armée française a mis le pied.Qui veut la fin veut les moyens, quoi qu'en disent nos philanthropes.
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Tuer ne vise pas à anéantir les forces militaires de l'adversaire, mais à terroriser les survivants, à pérenniser l'impact de la violence sur les générations futures.
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La guerre, c'est toujours laid, on n'y fait pas de cadeau.
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