Lucian Dan Teodorovici

Je lui ai rappelé que, tout le monde le sait, l’alcool est un stimulant sexuel, elle m’a contredit en affirmant que la femme de mon cousin, qui est médecin, lui a expliqué un jour qu’au contraire l’alcool endort les terminaisons nerveuses des organes sexuels, diminue le degré de lubrification du vagin et en plus réduit la concentration d’hormones dans l’organisme, par conséquent, c’est une légende, cette histoire d’alcool qui stimule le sexe. Je n’en pouvais plus, je lui ai opposé que ces arguments ne tenaient pas debout, qu’ils se réfèrent à la performance sexuelle, pas au désir et en plus, comment diable elle en était arrivée à parler de ça avec la femme de mon cousin ? !
(p. 40)

Elle ne cessait de me dire que les hommes ne pleurent jamais et elle m’avait même lu, pour m’en convaincre, des vers de George Coșbuc dans un grand livre sans couverture, qui était longtemps resté au grenier et dont quelques pages étaient rongées par les souris. Les vers disaient à peu près ça : « Les pleurs sont navrants,/Dans les yeux d’un combattant. » Alors je ne pouvais décemment pas risquer de me faire prendre sur le fait par ma grand-mère, surtout que depuis quelque temps, j’étais moi aussi un homme.
(p. 22)

Tout un tas d'expression célèbre se présentèrent à mon esprit, de Acvila non capit muscam à Hannibal ante portas pas en passant par les lois de Murphy, mais je ne trouvais rien de satisfaisant, rien qui prouvât ma solidité intellectuelle. Un poème me vint à l'esprit, mais je ne parvenais pas à me souvenir correctement du moindre vers.

[...] c'était la voix de Leonard Cohen qui chantait encore et encore "Dance me to the end of love". Encore et encore. On parlait de Cohen entre deux gorgées de J&B.
(p. 8)