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Citation de lilianelafond


Lucien Jerphagnon
Le mot grec anankè veut dire « nécessité » (anankè estin, « il faut ») ; plus précisément, chez les poètes, les tragiques, les philosophes, les historiens, anankè évoque une contrainte, une nécessité naturelle, physique, légale, logique, divine... Ce nom personnifie la Nécessité comme telle, instance inflexible gouvernant le cosmos, sa genèse, son devenir et la destinée humaine (Pythagore, Empédocle, Leucippe, Platon), voire la divinise d'une certaine façon (poèmes orphiques, Parménide). L'Anankè est ce qu'elle est ; pour l'homme grec, c'est temps perdu de l'accuser, démesure (hybris) de regimber contre elle, et pourtant abdiquer serait une faute. Il faut l'assumer dignement, avec piété, comme en témoigne Danaé dans sa prière : « Toi, ô Zeus, ô Père, change notre destin. Mais, si ma prière est trop osée et s'éloigne de ce qui est juste, pardonne-moi ! » (Simonide, fragment 27).

Au XIXe siècle, le terme retrouve une actualité nouvelle chez Victor Hugo. Le mot « Anankè », gravé sur une pierre de la cathédrale, est au centre des méditations de Claude Frollo dans Notre-Dame de Paris (1830). Et, en 1866, Victor Hugo indiquera que trois de ses principaux romans sont unis par le même thème : « anankè des dogmes (Notre-Dame de Paris), anankè des lois (Les Misérables), anankè des choses (Les Travailleurs de la mer) ». Il ajoute : « À ces trois fatalités qui enveloppent l'homme se mêle la fatalité intérieure, l'anankè suprême, le cœur humain » ; il est facile de trouver ici l'annonce d'un thème dominant pour le roman qui va suivre : L'Homme qui rit.

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