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Citation de Kergelen


La mémoire collective est décidément fidèles aux légendes plus qu'aux faits, aux poncifs plus qu'à l'originalité vraie, et pour plus longtemps. Légendes souveraines, souverains poncifs. Évoquez Caligula et vous aurez le cheval consul, image résumant le règne d'un fou sanguinaire, qui de surcroît couchait avec ses soeurs. (...)
Tel est en gros le cliché ; telle est l'image courant de GaÏus Caesar Augustus, qui régna de 37 à 41 sur l'empire de Rome, dont la surface était de trois millions de kilomètres carrés, et qui était peuplé de soixante millions d'hommes.
L'histoire est sans doute moins simple - et plus instructive. On remarque d'abord qu'à peu près tout ce qu'on sait de Caligula procède d'ennemis : personnels, comme Sénèque, religieux comme Philon et Flavius Josèphe, politiques comme Suétone et Dion Cassius, pour ne rien dire des historiens postérieurs qui recopient sans critique ce qui traîne partout. Si bien qu'en plus de la question préjudicielle de son authenticité - dont on ne saurait discuter ici -, le dossier Caligula pose différents problèmes : le délire d'un malade qui se trouve, de facto, maître absolu, hegemôn, du monde civilisé ; puis l'articulation de ce délire sur la réalité politique infiniment complexe de l'époque julio-claudinienne ; enfin, l'utilisation de ce délire par les historiens et les polémistes en mal de message. Du délire lui-même, je ne dirai pas grand-chose ; nous ne sommes pas des médecins. En revanche, nous essaierons de déchiffrer le sens symbolique, la prétention signifiante politiquement, de ces comportements aberrants que rapportent les textes.
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