Depuis quelques temps, grâce à internet, j’avais élargi mon champ d’investigation aux langues étrangères, j’aimais les mots intraduisibles, ceux dont l’équivalent n’existait pas dans notre langue, j’adorais l’idée qu’il existait forcément quelque part sur terre un mot pour chaque chose, émotion ou sensation, et qu’il suffisait d’explorer pour finir par le trouver.
J’ai un rapport assez distant avec le maquillage. Mis à part le fait que je vois ça comme une perte de temps, je n’en comprends pas très bien l’intérêt. Soit il ne change rien et dans ce cas, il est inutile de se tartiner le visage, soit il change tout et dans ce cas on se rapproche dangereusement de l’escroquerie. Si le but est de séduire, pourquoi ne pas se montrer telle qu’on est ?
J'ai vu une fois un type à la télé dire que les enfants sont naturellement bienveillants. Ce mec n'avait sûrement jamais mis les pieds dans une cour d'école. Une cour d'école, c'est la jungle. Soit t'es en haut dans la chaîne alimentaire et tu n'as rien à craindre, soit t'as intérêt à te trouver un groupe pour surveiller tes arrières. En haut de la chaîne, on retrouve toujours les mêmes, ces garçons et ces filles qui semblent tellement persuadés que le monde tourne autour d'eux qu'ils finissent par convaincre les autres que c'est vraiment le cas. Ce sont eux qui donnent le la, la tendance. Au milieu, il y a le gros du troupeau, ceux qui ne se distinguent pas et qui suivent le courant. Tout en bas, il y a les autres. Ceux qui ne sont pas tout à fait comme tout le monde. Il suffit de pas grand chose pour rentrer dans cette catégorie, une paire de lunettes aux verres un peu épais, quelques kilos en trop, de trop bonnes ou de trop mauvaises notes, une couleur de cheveux inhabituelle, un père mort...
Oui, peut-être que les enfants sont naturellement bienveillants.
A condition toutefois que l'on ne soit pas trop différent d'eux, parce que dans ce cas les enfants peuvent être aussi cruels que les adultes.
- Tu ne peux pas dire ça Tom. Il y a des tas d'hommes roux qui sont considérés comme extrêmement séduisants.
- Comme qui ?
Là, elle a hésité un peu trop longtemps pour qu'on ne le remarque pas. Moi qui commençais à y croire, j'ai senti le vent tourner. J'ai dit le premier nom qui me passait par la tête.
- Ron, dans Harry Potter !
Tom a affiché une moue dubitative.
- Il est considéré comme séduisant, lui ?
Bon, d'accord, l'exemple n'était pas le mieux choisi.
- Mais si je me souviens bien, c'est lui qui a fini avec Hermione.
Je m'enfonçais et je le sentais.
- Tu as plein de qualités, mais la finesse...
Il a laissé sa phrase en suspens comme si la réponse était évidente. J'avais envie de le frapper et de rigoler aussi.
- T'es con !
- C'es bien ce que je disais.
- Tu peux être intimidante parfois.
- N'importe quoi !
Tom est intervenu en s'esclaffant :
- Tu dois être la seule à ne pas t'en rendre compte Marion. J'ai entendu dire que certains sixièmes t'avaient surnommée "le basilic".
Sam a réprimé un éclat de rire, mais maman n'a pas compris la référence.
- Pourquoi ?
- C'est une créature dans Harry Potter, un serpent géant qui a le pouvoir de tuer ses victimes d'un simple regard.
J'ai râlé :
- Charmant !
Mais dans le fond, j'étais assez flattée.
Je me suis fermée comme une huître. D'habitude, j'aimais bien qu'il me chambre, je ne me privais pas non plus, c'était notre façon de nous dire "tu vois, je t'aime tellement que je peux me permettre ça", mais là je l'ai pas trop bien pris. Le moment était trop grave pour qu'on s'adonne à nos petits rituels. Je voulais du solennel.
Une cour d'école, c'est la jungle. Soit t'es en haut dans la chaîne alimentaire et tu n'as rien à craindre, soit t'as intérêt à te trouver un groupe pour surveiller tes arrières. En haut de la chaîne, on retrouve toujours les mêmes, ces garçons et ces filles qui semblent tellement persuadés que le monde tourne autour d'eux qu'ils finissent par convaincre les autres que c'est vraiment le cas. Ce sont eux qui donnent le la, la tendance. Au milieu, il y a le gros du troupeau, ceux qui ne se distinguent pas et qui suivent le courant. Tout en bas, il y a les autres. Ceux qui ne sont pas tout à fait comme tout le monde. Il suffit de pas faire grand-chose pour rentrer dans cette catégorie, une paire de lunettes aux verres un peu épais, quelques kilos en trop, de trop bonnes ou de trop mauvaise notes, une couleur de cheveux inhabituelle, un père mort ...
Je ne sais pas ce que l'avenir nous réserve, alors je profite de ce que le présent m'offre. À fond.
La nostalgie n'est pas une question d'âge, c'est une question de destin. Quand la vie te vole des choses que tu croyais à jamais acquises, des choses auxquelles tu tenais, tu apprends le manque et le regret. Et la nostalgie c'est le paquet cadeau qui emballe tout ça.