AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

3.89/5 (sur 14 notes)

Nationalité : Italie
Né(e) à : Barceto, Parme , le 11/11/1927
Mort(e) à : Rome , le 08/05/2008
Biographie :

Ancien membre du Groupe 63, il mêle dans ses romans un humour et un fantastique amers, en opposition au néoréalisme (la Découverte de l'alphabet, 1963 ; le Serpent cannibale, 1967 ; Saut de la mort, 1970 ; le Feu grégeois, 1990 ; les Pierres volantes, 1991 ; les Masques, 1995 ; Ithaque pour toujours, 1997). On lui doit également des livres pour enfants (Millemouches 1969, écrit avec T. Guerra et Pinocchio botté, 1977).

Source : http://www.larousse.fr/encyclopedie/litterature/Malerba/175080
Ajouter des informations
Bibliographie de Luigi Malerba   (13)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
BERLOEIL DEMANDE AVEC UNE SOUDAINE ALLEGRESSE DANS LA VOIX:
"A qui peult estre icelluy troupeau de moutons vaguants?
- Quels moutons, Vot' Seigneurie?
- Ceux-là qui se vont allant engloutir à toutes hastes dedans icelles terres d'éboulement.
- Vot'Seigneurie, moi j'voyons rian."
Berloeil commence à se foutre sérieusement en rogne.
"Manant, il fault bien que tu les voyes!
- Vot' Seigneurie, j'ons la vue qu'alle me danse, j'regrettons mais j'y voyons tout d'traviole à cause de la fringale.
- tiens doncques, tu as la vue qui danse! Quand nous serons au chasteau je te feroi danser aussy le cul!
- J'comprenons pas quoi qu'veut dire Vot' Seigneurie?
- J'entends te faire donner des coups de nerf de boeuf à suffisance pour te redresser la vue des yeulx.
- Si Vot' Seigneurie alle y tient tant qu'ça, j'pouvons même vous raconter qu'des moutons j'en voyons cinq cents.
- Les veois-tu ou ne les veois-tu poinct?
- Combian qu'c'est-y que j'devons en voir?
- Il me suffit de cent.
- J'les voyons!
- Et à qui sont-ils?
- A quéqu'un.
- Te crois-tu fourbe, manant?
- J'croyons rian, Vot' Seigneurie?
- Si tu ne crois rien je te feroi brusler comme héréticque!
- Vot' Seigneurie, moi j'suis qu'un vilain, alors m'disez pas ces choses-là et m'y faisez point penser. Y a les curés, les évêques, les cardinals, l'pape qu'ils sont fait exprès pour ça. Y manquerait pus qu'vous m'mettiez en tête à moi itou ces pensées d'croire ou d'pas croire, tiens, pardi!
- Alors pense aux moutons et me sache dire dire à qui ils sont!"
Gros-Nicou se gratte le front ruisselant de sueur et, plus qu'aux moutons, il pense aux coups de nerfs de boeuf promis par le marcomte.
Commenter  J’apprécie          20
à l'assaut du Castelard: Ulfred et Manfred s'approchent de Berloeil.
"Vot' seigneurie, on a oublié quequ'chose.
- Quelle est doncques ceste oubliance?
- Les échelles pour escalader les murailles du châtiau.
- Ne poubvons-nous treuver quelcun qui nous les preste?
- Où ça, Vot' Seigneurie?
- Là-bas au Castelard.
- C'est pas possib', Vot' Seigneurie, ceux-là y sont nos ennemis.
- En cestuy cas, les eschelles on les prendra par la force.
- Mais pour les prend' y faut entrer, Vot' Seigneurie.
- Eh bien quoy, qu'a cela ne tienne, entrons!
- Mais pour entrer y faut les échelles.
- C'est vray! Décidement, ces porcs méritent un pesant chastiment!
- Quels porcs? demande Ulfred en se léchant les babines?
- Les ennemis du Castelard qui ne nous baillent poinct les échelles.
- Tout juste, Vot' Seigneurie, des porcs, qu'ils sont, et pas aut' chose!
- Et c'est pourquoy nous leur faisons la guerre."
Commenter  J’apprécie          20
Voilà pourtant que l’histoire de l’aigle à deux têtes s’est fichée comme un clou dans l’équilibre imparfait sur lequel repose notre mariage. J’ai dit « imparfait » volontairement, parce que nous évitons, aussi bien Giano que moi, de fouiller dans les secrets et les clous que chacun de nous garde précieusement en lui et qui, s’ils remontaient à la surface, pourraient provoquer une catastrophe. Le mensonge est notre salut. Simple manutention du mariage. Parfois je me mens aussi à moi-même, c’est presque un exercice de yoga qui me soulage de la présence rugueuse et oppressante de la réalité.
Par exemple, j’ai tout fait pour effacer de ma mémoire une liaison entre Giano et Patricia, la veuve insatiable d’un de ses collègues, qui conservait un certain nombre de dessins et de documents de son mari. Elle voulait savoir s’il était possible de les publier quelque part, par exemple dans la revue Diagonale éditée par la Faculté d’Architecture, et si Giano pouvait, au moins, l’aider à les cataloguer. Giano se plaignait auprès de moi de cette enquiquineuse, mais il ne pouvait pas dire non à la pauvre veuve. Sauf qu’entre-temps, la pauvre Patricia l’a mis dans son lit, comme je l’ai ensuite appris par une amie qui avait recueilli les confidences de cette salope. Deux mois de sexe l’après-midi, de quinze à dix-sept heures. Encore deux autres mois, non plus à la bibliothèque du Palazzo Venezia, mais de nouveau chez Patricia, piazza dei Mercanti, dans le quartier de Trastevere, au troisième étage d’un bâtiment ancien particulièrement délabré. Des cornes quotidiennes, une véritable corne d’abondance sexuelle. Qui sait, tout pourrait être inventé, c’est peut-être un perfide commérage. « Ne fouille pas, me suis-je dit, laisse les choses aller comme elles vont, c’est-à-dire plutôt mal ».
Commenter  J’apprécie          10
Un nid d’aigles sur une haute paroi rocheuse. Un aigle à deux têtes arrive en volant et suscite l’étonnement dans la petite communauté. Finalement, quelqu’un s’approche et lui demande :
« Manipulation génétique ? »
« Non, Habsbourg ».
Cette petite histoire, si nue et si crue, m’a été racontée par Johannes Westerhoff, un ami journaliste du Frankfurter Allgemeine venu en Italie, à Spolète, assister à un congrès sur les biotechnologies pour son journal, et hébergé pendant deux jours dans notre maison de campagne de Casole, près de Todi. Avant de rentrer en Allemagne, il nous a dit en plaisantant qu’il nous offrait l’histoire en exclusivité.
Depuis ce moment-là, Giano ne perd jamais une occasion de proposer à nos amis l’histoire de l’aigle à deux têtes, qui a du succès pour deux raisons : elle cite un sujet scientifique à la mode et elle chatouille le snobisme historique de l’auditoire. Chaque fois qu’il la raconte, Giano introduit une variante, pas tant dans le schéma narratif, qui est simple et immuable, que dans les éléments du décor. Par exemple, la pluie. Ceux qui écoutent s’attendent naturellement à un retournement de situation en rapport avec la pluie, alors que la chute surgit, sèche comme un coup de fouet.
Avec le temps, Giano s’est rendu compte qu’à cette altitude, la neige est plus logique que la pluie, alors il y a introduit la neige. Certaines fois, il raconte que l’aigle est fatigué (nous ne savons pas encore qu’il a deux têtes, car, dans le récit, il vole au loin), parce qu’il arrive d’un pays lointain (l’Autriche ?). Giano dit que le secret consiste à créer une attente différente de celle qui conclut le bref récit : la « péripétie », selon Aristote, c’est-à-dire le déroulement d’une scène à l’inverse de ce qui est prévu. De la manipulation génétique à Aristote pour aboutir à une blague (mais Giano m’a interdit de l’appeler blague).
Quatre jours après son départ, nous avons appris la mort de notre ami allemand dans un accident de voiture, sur la route entre Francfort, où il habitait, et Duisbourg, où il allait donner une conférence d’information sur le déroulement du congrès de Spolète, à l’austère Université qui porte le nom de Gerhard Mercator. Consternation absolue à l’annonce de cette mort trop bête, comme toutes les morts sur la route. Pauvre Johannes, mourir après avoir foulé la surface de la terre pendant quarante-sept ans seulement. Précisément à la période la plus intense de son activité et de son succès professionnel. Nous avons envoyé un télégramme, puis un petit mot, à son épouse, que nous savions dévastée.
Combien de temps dure le chagrin pour la mort d’un ami ? Ce sympathique journaliste allemand était plus une connaissance qu’un véritable ami, mais sa mort nous a pris par surprise et nous n’avons pas fait de commentaire, car le silence nous semblait être la meilleure expression de notre douleur. La mort l’avait promu au rang d’ami.
Giano a continué à raconter la petite histoire de l’aigle à deux têtes, avec un sentiment inconscient de gêne puisque sa source s’était évaporée avec la mort. J’écoutais Giano qui paradait encore avec l’aigle à deux têtes et je sentais que l’atmosphère avait changé, il y avait dans mes oreilles la mort bruyante du pauvre Johannes, un fracas de tôles sur l’asphalte nocturne et la voix désespérée d’un homme à l’agonie. J’aurais voulu dire à Giano d’abandonner l’aigle à deux têtes, mais je craignais de le vexer en ayant l’air de lui reprocher son manque de sensibilité. Giano a encore raconté cette histoire à trois ou quatre occasions et, chaque fois, sous ses mots, j’entendais ce lointain fracas de tôles sur la route entre Duisbourg et Francfort. Mais j’ai fait mine de m’amuser, comme d’habitude, pour ne pas le froisser.
Commenter  J’apprécie          00
Idiote, triple idiote. Va savoir pourquoi Valeria a dit à Clarissa qu’elle connaissait l’histoire de l’aigle à deux têtes. Elle est tombée dans un vulgaire piège, cette idiote. Et pourquoi diable lui a-t-elle dit que c’était l’agent de la Deutsche Bank qui la lui a racontée ? La deuxième bêtise, lui ai-je expliqué, est pire que la première parce qu’elle rappelle inutilement l’origine allemande de l’histoire, et surtout parce que l’agent de la banque allemande existe vraiment, qu’il a lui aussi une maison près de Todi et que Clarissa peut facilement le retrouver. Dans ce cas, je serais vraiment dans de beaux draps, mais, par chance, je peux compter sur la paresse de ma femme, et peut-être sur son désir de ne pas savoir ce qu’elle sait déjà, si je fréquente ou pas Valeria.
Clarissa ne m’a pas parlé de sa rencontre avec Valeria à l’Académie de France, mais, depuis qu’elle a compris que c’est moi qui lui ai raconté l’histoire de l’aigle à deux têtes, elle me met sous pression avec de fausses marques de jalousie qui peuvent toutefois passer pour des signes d’affection véritable. Il s’agit d’exercices de mauvaise foi, une représentation de notre petit théâtre conjugal, au fond, un exercice d’amour.
Quand je donne mes cours à l’Université, je laisse mon portable éteint, alors elle m’envoie de courts messages. « Appelle-moi après ton cours ». Si je ne la rappelle pas après mon cours, elle me harcèle quand je rentre. « Pourquoi est-ce que tu n’as pas rappelé ? », « Où es-tu allé ? », « Tu es allé voir quelqu’un ? », « Il y a une étudiante dans les parages ? ». Clarissa prend l’expression malicieuse de celle qui a tout compris, mais qui m’a déjà pardonné. La vérité est plus simple : Clarissa est très intelligente et elle a compris qu’il n’y a rien à chercher du côté des étudiantes. C’est aussi pour ces fictions généreuses que je l’aime. Quel ennui, sans Clarissa.
« Mais quelle étudiante, quels parages, arrête un peu ! ». Je sais qu’il s’agit d’une de ses mises en scène pour éviter les vrais sujets qu’aucun de nous ne veut affronter, aucun de nous ne veut ouvrir la porte aux Quatre Cavaliers de l’Apocalypse. Moi, je réponds distraitement, ce qui est le moyen le plus simple d’anéantir sa fausse jalousie qui cache peut-être, va savoir, une vraie jalousie. Nous avons toujours vécu dans le faux-semblant et ça nous convient, ça nous arrange tous les deux, jusqu’au jour où cette maudite histoire a obligé Clarissa à avoir des soupçons sur mes rendez-vous secrets avec Valeria. Je crois vraiment qu’il y a eu un temps où Clarissa savait déjà, mais où elle faisait semblant de ne pas savoir. À présent elle ne peut plus feindre comme avant, ce qui signifie qu’elle a changé de registre dans la fiction qu’elle joue. Clarissa sait très bien que Valeria ne laisse jamais filer une occasion et que, si nous nous sommes donné rendez-vous une fois, la suite est aussi certaine que deux et deux font quatre.
Commenter  J’apprécie          00
Un petit oiseau passa et se mit à pépier ironiquement. Clopes essaya de lui cracher dessus, mais l'oiseau était déjà loin.
Commenter  J’apprécie          20
D'après le très pénible déchiffrement de quelques autres pages de son roman, on dirait que Giano a compris non seulement que je suis allée moi aussi dans le club de vacances nudiste, mais que la très belle fille de la piscine décrite par Zandel, c'était moi, Clarissa en personne avec ses quarante ans. S'agit-il d'une invention romanesque ? Les rapports sexuels frénétiques dans le bungalow, une obsession narrative : j'espère que Giano a simplement perçu une situation utile à son intrigue et en a profité, sans savoir qu'elle correspondait à cette affaire impulsive que nous nous obstinons à appeler réalité. Mais comment est-ce que Giano, mon mari, se permet de me mettre dans les pages de son livre d'une façon si éhontée ?
Commenter  J’apprécie          00
"Tu as chaud ?
- Cette question ! Tu vois bien que je transpire comme un bœuf.
- Bien fait pour toi."
L'oiseaux éclata de rire.
"Je n'ai jamais entendu dire que les oiseaux rigolent, même dans les contes, remarqua Clopes.
- Quand quelqu'un se couvre de laine pour échapper à la chaleur, ça fait rire les pierres. Pourquoi pas les oiseaux ?"
Commenter  J’apprécie          00
Parmi les vieux papiers et les journaux, un jour, il avait trouvé un livre d'histoire et il l'avait appris par coeur.
Commenter  J’apprécie          00
Mais qui est-ce qui les invente, les proverbes ?
Commenter  J’apprécie          00

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Luigi Malerba (29)Voir plus

Quiz Voir plus

CAMELIA UN LIVRE PLEIN DE MYSTERES

Comment s'appelle l’héroïne de ce livre ?

Juliette
Camelia
Judite
Hermione

9 questions
6 lecteurs ont répondu
Thème : Camélia : Face à la meute de Christophe CazenoveCréer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *} .._..