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Citation de HenryWar


L’INCONNUE : Le plus naturel des doutes – dès que je suis apparue… perdus comme vous étiez tous… Et lui,
elle désigne Salter
il a été aussitôt pris du doute contraire – en entendant quelqu’un qui ne m’avait pas encore vue m’appeler Cia. Mais c’est tout naturel… tout naturel…
À Lena, qui pleure en silence :
Arrête de pleurer ! – Toutes nos certitudes peuvent vaciller d’un coup : un tout petit doute nous prend et nous ne croyons plus comme avant !
SALTER : Donc, vous admettez vous-même que vous pourriez ne pas être Cia ?
L’INCONNUE : Bien plus ! J’admets que c’est elle qui pourrait être Cia.
elle désigne la Folle
– s’ils décident d’y croire !
ONCLE SALENSIO : Mais nous, nous n’y croyons pas !
SALTER, aussitôt, désignant d’abord l’Inconnue puis la Folle : Eh, parce qu’elle lui ressemble, et elle non !
L’INCONNUE : Ah non ! pas pour ça ! Pas parce que je lui ressemble ! Moi – moi-même – je vous ai dit à tous qu’au contraire cette ressemblance ne prouvait rien – qu’elle ne prouvait absolument rien, cette ressemblance grâce à laquelle vous avez tous cru me reconnaître. J’ai même crié : « Impossible – réfléchissez – quelqu’un sur qui la guerre est passée – après dix ans – rester comme ça – la même ? » – Ce serait plutôt – au contraire – une preuve que ce n’est pas moi !
MÀSPERI, frappé, spontanément : Eh oui ! C’est…
L’INCONNUE, aussitôt, se tournant vers lui : Ce n’est pas vrai ? – Une preuve que ça ne peut pas être moi !
De nouveau à Salter :
Vous voyez ? Il y en a qui n’y pensent que maintenant ?
BRUNO : On dirait que tu fais tout…
L’INCONNUE : Mais tu l’as admis toi-même !
BRUNO : Moi ?
L’INCONNUE : Oui, toi !
BRUNO : Quand ça ? Qu’est-ce que tu racontes ?
L’INCONNUE : Quand je te l’ai dit, à Berlin ; et vous aussi, Boffi, ça vous a ébranlé ! – Forcément ! – C’est seulement quand on croit – ou quand c’est bien commode de croire – qu’on ne réfléchit pas – ou qu’on ne veut pas réfléchir – à cette évidence : qu’être comme ça, la même, c’est plutôt une preuve du contraire – et donc que – pourquoi pas ? – Cia peut précisément être – en fait – cette malheureuse, justement parce qu’elle ne lui ressemble plus du tout.
BRUNO : C’est un jeu tordu !
L’INCONNUE : Je t’ai dit que c’est à lui
elle désigne Salter
que je dois répondre de mon imposture !
BRUNO : Comment ? comme ça ? en nous faisant toi-même douter de toi ?
L’INCONNUE : Comme ça ! Exactement ! – Parce que je veux que tout le monde – oui – doute de moi – comme lui – pour avoir au moins cette satisfaction de rester la seule à croire en moi !
À propos de la Folle :
Vous ne l’avez pas reconnue… Peut-être parce qu’elle n’est plus reconnaissable ? Parce que vous ne voyez pas la ressemblance ? Parce qu’ils ne vous ont pas apporté de preuves suffisantes ? – Non ! Non ! – C’est seulement parce que vous n’arrivez pas encore à y croire ! Voilà tout ! – Plus d’un malheureux est revenu comme ça, après des années,
elle désigne la Folle
– n’ayant presque plus de visage – méconnaissable – n’ayant plus de mémoire – et pourtant des sœurs, des épouses, des mères – des mères – se les sont disputés ! « C’est le mien ! » « Non, c’est le mien ! » – Pas parce qu’ils avaient l’air de leur fils, non ! (le fils de l’une ne peut pas ressembler au fils de l’autre !) – mais parce qu’elles y ont cru ! parce qu’elles ont voulu y croire ! – Et il n’y a pas de preuve qui tienne, quand on veut y croire ! – Ce n’est pas lui ? – Et pourtant pour cette mère, si, c’est lui ! Peu importe que ce ne soit pas lui, si cette mère le garde pour elle et le fait sien de toute la force de son amour ! Contre toute preuve, elle y croit. Même sans preuve, elle y croit. – Moi, sans preuve, vous m’avez bien crue, non ?
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