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EAN : 9782846816243
160 pages
Solitaires Int (07/01/2021)
4.17/5   12 notes
Résumé :
Tu te mens à toi-même, même avec ta sincérité dégoûtante, parce que, même ça, ce n'est pas vrai, tu n'es pas si atroce que tu le dis. Mais console-toi : personne ne ment vraiment tout à fait. On cherche tous à donner le change, aux autres et à nous-mêmes ! Au centre de la pièce, "l'Inconnue", une danseuse de cabaret, qui serait une jeune mariée portée disparue à la fin du conflit mondial au nord de l'Italie.
Mais est-ce bien elle, cette femme qui semble voulo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Dix ans après la Première Guerre mondiale, une femme, ayant subi toutes les rigueurs des conquérants allemands et présumée morte, est retrouvée à Berlin ; du moins, un ami de son mari croit la reconnaître en la personne d'une danseuse aux moeurs légères, devenue compagne d'un écrivain. On la rappelle à sa vie antérieure italienne. Seulement, celle que l'auteur nomme toujours l'Inconnue, dispose aussi bien de raisons de nier être l'Italienne que de l'affirmer, et l'intrigue se complique d'une histoire de legs où le mari est intéressé au retour de son épouse.
– Un mot pour parler de cette édition : c'est le cas où j'aurais aimé savoir à quelle date mon exemplaire a été imprimé. Les solitaires intempestifs semble avoir profité d'une mise en scène en 2021 à l'Odéon pour publier ce texte, mais la première page indique que l'oeuvre est – ou sera – à l'agrégation en 2023. Les programmes sont-ils déjà établis deux ans à l'avance ? je l'ignore, mon ouvrage est peut-être une réédition à laquelle on a postérieurement apposé la mention du concours. Or, je trouve que cela importe : c'est qu'en France, dans bien des cas, on n'édite pas un livre avant d'être sûr de le vendre, les professionnels n'ayant même pas la petite bravoure d'un risque : c'est possiblement ce qui s'est passé ici, puisque Comme tu veux n'était apparemment pas publié en français avant 2021, alors que la pièce date de 1930. On n'aurait décidément aucune honte à ne publier que pour l'argent, l'agrégation assurant au moins un bon millier de ventes. Je ne veux, ne peux pas m'avancer davantage, mais j'ai quand même du mal à croire que ce soit par hasard si la pièce Juste la fin du monde de Lagarce figure chez le même éditeur méconnu et… au programme du CAPES de 2024. –
le premier acte du drame est assez ennuyeux, prévisible, stéréotypé et verbeux : il ne fait qu'allonger la situation d'une femme qu'on vient chercher sous une identité et que le lecteur, je crois, admet correspondre à cette identité, accordant sa confiance en celui qui la reconnaît et n'a nulle raison de se tromper avec tant de conviction. Or, c'est une coïncidence invraisemblable que ce Boffi, promenant à Berlin, y découvre l'épouse de Bruno, qu'on pensait disparue, réputée avoir subi un traumatisme (ce qui constitue encore un présupposé exceptionnel), et qui, par une conjonction supplémentaire, se trouve aspirer justement à se détacher d'un amant écrivain dont elle s'estime emprisonnée ; il faut alors passer sur ces conventions multiples en espérant qu'il n'y en aura pas d'autres, comme les fictions l'imposent souvent au lecteur. Mais on ne découvre là rien davantage, c'est une exposition longue et convenue, qui ne démêle rien et qui s'empêtre sans progrès, tout un tiers de l'oeuvre ne révélant pas une idée originale ou une réplique inédite et ne servant que de présentation souvent un peu excessive et hystérique.
La pièce prend plus d'ampleur ensuite : l'indécision s'accroît, faisant un théâtre policier où l'énigme porte sur l'identité véritable de l'Inconnue, l'astuce consistant pour l'auteur à ne pas indiquer si la femme est celle qu'on veut. On cherche des indices, on infère des troubles, on inspecte des paroles, on examine des attitudes, avec soupçon et jeu, tâchant à déceler chez l'Inconnue une contradiction ou une confirmation, et quand on croit en avoir trouvé, comme elle garde l'équivoque sur ce qu'elle veut faire disparaître – le souvenir de l'abus des Allemands ou la vie culpabilisante de danseuse ? – et sur ce qu'elle craint de retrouver – le lieu empli d'une mémoire affreuse ou la poursuite d'une relation avec son écrivain importun ? –, on est détrompé et replongé dans le doute, pour ce qu'elle peut avoir autant de profit à dissimuler la pauvresse violée que la mondaine anodine.
(Ambiguïté des répliques comme : « Rien. Jamais un vrai tourment, un vrai désespoir, n'ont sans doute fit naître en vous le besoin de vous venger de la vie, de la vie telle qu'elle est – de ce qu'en ont fait pour vous les autres, ou les circonstances – en en créant une autre, meilleure, plus belle, celle que vous auriez dû avoir, celle que vous auriez voulu avoir ! – Et parce que vous êtes comme ça, parce que vous m'avez connue (trois mois…) telle que j'ai pu être avec vous, ma vie serait une imposture comme la vôtre ? » (page 147))
D'ailleurs, selon que ses proches ont envie d'y croire ou non, ils la reconnaissent plus ou moins, preuve que la vérité ne compte pas tant que le désir. Oui, mais l'impossibilité foncière de l'intrigue réside là où un psychologue incomplet comme Pirandello ne saurait l'imaginer : c'est que de toute évidence l'Inconnue, d'une manière ou d'une autre, joue énormément : elle a tous les calculs d'une très ingénieuse actrice qui devine par degrés multiples et bien à l'avance comment circonvenir un auditoire. Or, si l'on peut admettre que sa famille ne parvient pas, dix années après sa disparition, à savoir à son physique si elle est la « Cia » d'antan, il est indéniable que la somme de complications mentales et de duplicité consciente qui caractérise l'Inconnue, même après des expériences violentes, même si elle avait dû feindre énormément, la distinguant pour idiosyncrasie unique et rare, devraient sans doute la faire reconnaître pour la continuation ou l'incompatibilité de celle qu'elle était autrefois – sinon, autant considérer que de toute façon, ayant si radicalement changé, elle est foncièrement métamorphosée, n'est pas conséquent dans les deux cas plus la femme d'antan, une personnalité entièrement dissociée de celle d'autrefois, achevant ainsi tout embarras et toute controverse : il n'y a ainsi personne à retrouver, ou c'est une totale imposture, ou c'est une altération radicale, quoi qu'il en soit Cia a disparu.
La faille essentielle de la pièce, et peut-être la malhonnêteté intrinsèque de son auteur, consiste à effacer chez le lecteur toute appréhension de la jeune femme d'antan, de l'invoquer comme si elle n'avait jamais existé, de la matérialiser au théâtre en l'esprit du spectateur comme s'il était réaliste de la faire apparaître pour la première fois, comme si elle naissait tout à fait au présent de la représentation, comme un personnage qui se présente et densifie à mesure factice d'une intrigue, et puis de lui conférer un problème de personne, en tâchant de faire oublier ses emphases et ses grandiloquences, son artificialité patente : il faut rappeler que la pièce s'ouvre alors qu'elle est poursuivie chez elle par quatre hommes, que son amant est un écrivain qui vit avec sa fille, qu'il y a d'ailleurs entre l'Inconnue et cette fille une relation louche, et que l'auteur, qui se déplace chez lui avec un pistolet, va bientôt se tirer une balle dans la poitrine pour un prétexte futile. C'est là-dedans que Pirandello introduit des histoires d'occupation allemande, de propriétés avec actes notariés, et de psychologie et psychiatrie. Or, l'Inconnue qui bel et bien pour le lecteur comme pour son mari apparaît de nulle part, n'a point la consistance suffisante à être scrutée par un interrogatoire ou par un spécialiste, elle conservera toujours sa diaphanéité de fiction, et l'effort du lecteur est en pure perte, comme en ces romans policier où l'écrivain s'arrange pour qu'il soit rigoureusement impossible d'identifier le criminel. Elle demeure sans un sujet sur lequel on pourrait la tester, personne ne se rappelle la couleur de ses yeux, nul ne peut induire la qualité de son identité d'autrefois, parce qu'elle est apparue pour les témoins et pour le spectateur au milieu d'une scène, après l'allumage des spots et l'ouverture d'un rideau. Au sein de la fiction et de l'imaginaire, il faudrait donc opérer l'enquête sur une réalité ? Mais rien ici n'est réel ni n'étaye l'impression d'un passé ; Pirandello jamais ne confère à l'Inconnue une densité qui ferait croire à son existence naturaliste ; c'est soudain comme si une personne n'était qu'un corps avec des anecdotes qu'on peut collecter et lire dans un carnet et puis rejouer en superficie, mais tout ce par quoi on reconnaît l'aura d'un être, sa profondeur et ses faiblesses, ses attributs anciennes, ses conformations antérieures, est inexistant : les personnages perplexes l'observent pour pur objet de théâtre, eux-mêmes en êtres de théâtre, sans pouvoir la comparer à un souvenir ou à une pensée, sans cohérence et sans suite ; on dirait qu'ils se rendent compte qu'ils n'ont eux-mêmes pas de mémoire, ils ne semblent pas beaucoup plus solides et réels que celle qu'ils se proposent de vérifier et d'authentifier, alors forcément l'enquête est-elle bâclée, faussée, insoluble. Vraiment, on croirait qu'ils se font peur et s'aperçoivent qu'ils n'existent pas eux-mêmes, tant ils sont inconsistants et légers comme des fantômes ou comme des ombres : plus ils font l'effort de comprendre, plus ils perçoivent leur teneur de linéaments et de contours ; on croirait des silhouettes dessinées qui devinent en loin, avec frisson, qu'elles sont entièrement fictives.
L'idée est pourtant pertinente philosophiquement, je veux dire la réflexion selon laquelle chacun fabrique le monde à sa convenance, attentif uniquement à ses envies de voir ou de nier, donnant matière à ses volontés, justifiant le titre de la pièce : Comme tu me veux. Seulement, il n'est pas du tout vraisemblable, puisqu'il faut qu'un individu s'incorpore, qu'une femme aussi machiavélique et d'une rationalité telle que l'Inconnue, une femme si particulière en somme – la pièce la révèle d'une artificialité très composée, et jamais un Contemporain n'est à ce point complexe –, n'ait pas porté en germes quelques-unes de ces dispositions dix années plus tôt, ni qu'au surplus de sa taille on ne perçoive dans sa voix, dans son expression, dans ses humeurs, et dans maints autres détails, des différences d'importance notamment si elle n'était pas Cia, ni qu'on ne puisse sans mal la piéger sur quelque référence facile et par exemple familiale pour autant qu'elle n'ait pas, comme on le représente souvent dans les pièces à la Molière, été enlevée avant ses six ans et introduite dans une société de tous autres moeurs.
On n'a pas même songé, me semble-t-il, si accoutumés aux conventions théâtrales, que cette Inconnue, qu'on attrape à Berlin où elle vit depuis une décennie, puisse parler un Italien qui s'assimile sans aucun mal à celui que parlait la native d'autrefois… Est-ce qu'on se figure qu'une personne peut parler deux langues et qu'en aucune d'elles elle ne s'assimile ou ne dépare avec son accent de jeune femme ? C'est bien faute d'emprise de la réalité que, dans cette oeuvre, le lecteur est captieusement égaré.
Plus encore – c'est un questionnement plus vaste et qui tend de plus en plus à me saisir à la lecture d'une fiction – : comment tient-on sur un mystère aussi dérisoire ? Je veux dire que l'argument de la pièce repose sur la question : une femme de papier est-elle Cia ? Mais qui s'en soucie, sincèrement ? On doit bien concevoir que la tentative de Pirandello consiste à intéresser sur une virtualité accessoire et sans lien, sans extrapolation même, avec l'existence réelle : c'est du divertissement, comme le polar dont je parlais. Ce n'est décidément qu'une autre histoire qui ne réalise rien, qui n'illustre rien, qui n'apporte rien et n'est qu'une construction distrayante, sans éloquence particulière, sans édification : c'est de la littérature pour amuser. On rentre chez soi en oubliant vite ses hypothèses : ça n'a pas d'importance, ce sont des personnages disputés autour d'une circonstance qu'on ne rencontrera pas, qui n'est pas de conséquence considérable, et écrite sans grande ciselure ni style. Quand Racine plaçait en ses personnages des puissances influentes, Feydeau une irrésistible vitalité, Ibsen de dures et transposables cogitations, là : une énigme sans accès sur des étrangers, le temps d'une représentation. Et l'on a payé : rien qu'une heure passée à écrire, plutôt que d'aller au spectacle, aurait procuré la petite idée d'une fraction de soi personnelle, au lieu de cette irrationnelle désexistenciation.
Lien : http://henrywar.canalblog.com
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Un coup de coeur pour cette pièce où l'identité est mise à mal, où l'esprit s'efface pour laisser un « corps sans nom ».
J'aime la façon dont les personnages évoluent les uns autour des autres, je retrouve sans soucis « l'esprit » de l'époque, cette montée des puissances néfastes qui influencent les êtres. Pirandello réussit à faire preuve de justesse, tout en démontrant tout son ressentiment pour les puissances qui se développaient en Allemagne et en Italie. Comme l'Europe qui courait à sa perte, les personnages se tournent autour en se détruisant mutuellement. La folie semble s'inviter dans les familles, les relations, où chacun veut dénoncer l'autre et apporter des preuves qui ne seront là que pour servir cette même personne. Comme tu me veux est une pièce où l'on détruit l'humain pour un profit personnel, où on altère l'identité d'une autre pour qu'elle rentre dans un rôle. le doute qui plane jusqu'au bout montre cette vision du monde, à travers une femme particulière, qui se détruit, qui s'oublie, qui s'efface.
Ou comment devenir une autre pour effacer son passé.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Salter : Moi, je n’ai jamais menti !
L’Inconnue : Toi ? Mais nous ne faisons que ça, tous !
Salter : A toi, jamais !
L’inconnue : Parce qu’il y a des moments où tu oses m’avouer que…. ?
Salter : Arrête !
L’Inconnue : Tu te mens à toi-même, même avec ta sincérité dégoûtante, parce que même ça, ce n’est pas vrai : tu n’es pas si atroce que tu le dis. Mais console-toi : personne ne ment vraiment tout à fait. On cherche tous à donner le change, aux autres et à nous-mêmes !
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L’INCONNUE : Le plus naturel des doutes – dès que je suis apparue… perdus comme vous étiez tous… Et lui,
elle désigne Salter
il a été aussitôt pris du doute contraire – en entendant quelqu’un qui ne m’avait pas encore vue m’appeler Cia. Mais c’est tout naturel… tout naturel…
À Lena, qui pleure en silence :
Arrête de pleurer ! – Toutes nos certitudes peuvent vaciller d’un coup : un tout petit doute nous prend et nous ne croyons plus comme avant !
SALTER : Donc, vous admettez vous-même que vous pourriez ne pas être Cia ?
L’INCONNUE : Bien plus ! J’admets que c’est elle qui pourrait être Cia.
elle désigne la Folle
– s’ils décident d’y croire !
ONCLE SALENSIO : Mais nous, nous n’y croyons pas !
SALTER, aussitôt, désignant d’abord l’Inconnue puis la Folle : Eh, parce qu’elle lui ressemble, et elle non !
L’INCONNUE : Ah non ! pas pour ça ! Pas parce que je lui ressemble ! Moi – moi-même – je vous ai dit à tous qu’au contraire cette ressemblance ne prouvait rien – qu’elle ne prouvait absolument rien, cette ressemblance grâce à laquelle vous avez tous cru me reconnaître. J’ai même crié : « Impossible – réfléchissez – quelqu’un sur qui la guerre est passée – après dix ans – rester comme ça – la même ? » – Ce serait plutôt – au contraire – une preuve que ce n’est pas moi !
MÀSPERI, frappé, spontanément : Eh oui ! C’est…
L’INCONNUE, aussitôt, se tournant vers lui : Ce n’est pas vrai ? – Une preuve que ça ne peut pas être moi !
De nouveau à Salter :
Vous voyez ? Il y en a qui n’y pensent que maintenant ?
BRUNO : On dirait que tu fais tout…
L’INCONNUE : Mais tu l’as admis toi-même !
BRUNO : Moi ?
L’INCONNUE : Oui, toi !
BRUNO : Quand ça ? Qu’est-ce que tu racontes ?
L’INCONNUE : Quand je te l’ai dit, à Berlin ; et vous aussi, Boffi, ça vous a ébranlé ! – Forcément ! – C’est seulement quand on croit – ou quand c’est bien commode de croire – qu’on ne réfléchit pas – ou qu’on ne veut pas réfléchir – à cette évidence : qu’être comme ça, la même, c’est plutôt une preuve du contraire – et donc que – pourquoi pas ? – Cia peut précisément être – en fait – cette malheureuse, justement parce qu’elle ne lui ressemble plus du tout.
BRUNO : C’est un jeu tordu !
L’INCONNUE : Je t’ai dit que c’est à lui
elle désigne Salter
que je dois répondre de mon imposture !
BRUNO : Comment ? comme ça ? en nous faisant toi-même douter de toi ?
L’INCONNUE : Comme ça ! Exactement ! – Parce que je veux que tout le monde – oui – doute de moi – comme lui – pour avoir au moins cette satisfaction de rester la seule à croire en moi !
À propos de la Folle :
Vous ne l’avez pas reconnue… Peut-être parce qu’elle n’est plus reconnaissable ? Parce que vous ne voyez pas la ressemblance ? Parce qu’ils ne vous ont pas apporté de preuves suffisantes ? – Non ! Non ! – C’est seulement parce que vous n’arrivez pas encore à y croire ! Voilà tout ! – Plus d’un malheureux est revenu comme ça, après des années,
elle désigne la Folle
– n’ayant presque plus de visage – méconnaissable – n’ayant plus de mémoire – et pourtant des sœurs, des épouses, des mères – des mères – se les sont disputés ! « C’est le mien ! » « Non, c’est le mien ! » – Pas parce qu’ils avaient l’air de leur fils, non ! (le fils de l’une ne peut pas ressembler au fils de l’autre !) – mais parce qu’elles y ont cru ! parce qu’elles ont voulu y croire ! – Et il n’y a pas de preuve qui tienne, quand on veut y croire ! – Ce n’est pas lui ? – Et pourtant pour cette mère, si, c’est lui ! Peu importe que ce ne soit pas lui, si cette mère le garde pour elle et le fait sien de toute la force de son amour ! Contre toute preuve, elle y croit. Même sans preuve, elle y croit. – Moi, sans preuve, vous m’avez bien crue, non ?
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L’Inconnue : Tu ne peux pas nier que tu faisais vraiment le bouffon qd je t’ai rencontré au milieu des autres ?
Salter : Mais parce que j’avais au fond de moi le tourment de cette vie impossible !
L’Inconnue : Et maintenant, les autres, il les chasse avec l’air indigné ; et c’est lui qui me reproche à présent de compromettre sa réputation ! Il est devenu sa propre femme !
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L’Inconnue : Ce que je veux ? - oui, me fuir moi-même, vola ce que je veux – ne plus me souvenir de rien, de rien – me vider de toute ma vie -voilà, regardez : un corps – n’être que ce corps – vous dites que c’est le sien ? qu’il lui ressemble ? – moi, je ne me ressens plus – je ne me veux plus – je ne reconnais plus rien et je ne me reconnais pas – mon cœur bat, et je ne le sais pas – je respire et je ne le sais pas – je ne sais plus si je vis
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L’Inconnue : C’est le privilège des folles de pouvoir hurler – clairement - certaines choses - à la face du monde !
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Vidéo de Luigi Pirandello
Dans ce film, la romancière et critique littéraire italienne Daria Galateria et l'auteur et traducteur Jean-Luc Nardone, présentent le roman "Les Dix mille mulets" de Salvatore Maira à paraître le 2 juin 2021.
Sicile, 1949. le jeune éleveur de bétail Pepino Maiorana vient d'obtenir un marché mirifique : fournir dix mille mulets à la Grèce pour solder la dette de guerre de l'Italie. Il devra trouver les bêtes dans toute l'île, les conduire à Messine, les soumettre à une commission et les embarquer pour le Pirée, cent cinquante à la fois, en anticipant les dépenses avec de l'argent qu'il ne possède pas. Pepino doit faire face en outre à deux obstacles majeurs : sa famille et la mafia. Mais il continue obstinément, zigzaguant entre les doutes et les menaces, convaincu qu'il tient là l'occasion de sa vie. Il trouvera un allié inattendu dans un singulier commissaire de police, Giulio Saitta, l'autre personnage central du roman qui, marqué par l'assassinat de son épouse, nourrit son désir de vengeance. Son enquête fait apparaître les puissances politiques, religieuses et mafieuses qui, dans l'ombre, intriguent pour mettre la main sur l'Italie. L'aventure individuelle de Pepino se fond ainsi dans l'histoire générale d'une Italie qui s'efforce de renaître et ne s'est pas débarrassée des forces maléfiques de la Seconde Guerre mondiale. "Les dix mille mulets" est une épopée populaire tragi-comique qui mêle faits historiques réels et intrigue romanesque, dans laquelle on croise toute une foule de personnages désespérés, comiques, solitaires, qui essaient avec autant d'énergie que d'imagination, et sans trop de scrupules, de se réinventer une existence sur les décombres de la guerre. C'est aussi un roman choral qui recrée une Sicile disparue, à la fois séduisante et impitoyable, tragique et incroyablement vivante.
Salvatore Maira, né à San Cataldo en Sicile en 1947, a enseigné le cinéma à l'université La Sapienza à Rome. Il est l'auteur d'essais sur le théâtre baroque, sur la relation entre le cinéma et la littérature, sur Pirandello et Verga. Il a écrit et réalisé des longs métrages reconnus dans de nombreux festivals internationaux : "Valzer", par exemple, conçu avec un unique plan séquence a reçu le prix Pasinetti à la 64e Mostra de Venise. Il est également l'auteur d'un deuxième roman "Ero straniero" (2019).
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