Killing Eve - Bande annonce - CANAL+
Eve est allongée, la bouche légèrement ouverte, un bras contre l'oreiller. Elle est vêtue d'un T-Shirt de couleur chair et, sans maquillage, elle a l'air étonnement vulnérable. S'agenouillant à ses côtés, Villanelle écoute le murmure de sa respiration et inhale son odeur chaude.
-Ce n'est pas comme ça que les choses doivent être entre nous, Villanelle. Je ne veux pas avoir à négocier toutes les décisions.
-Je sais. Tu veux que je sois ta poupée tueuse. Me déballer, pointer la cible, bang bang et me remettre dans ma boîte. (Elle le regarde dans les yeux.) Désolée, mais ce n'est pas comme ça que je fonctionne ces jours-ci.
-Je vois. Alors comment fonctionnes-tu exactement ?
-Comme un être humain qui pense, qui ressent.
Il détourne le regard.
-S'il te plaît, Villanelle, ne me parle pas de sentiments. Tu vaux mieux que ça. On vaut mieux que ça.
-Vraiment ?
-Oui. Nous voyons le monde pour ce qu'il est. Un endroit où il n'y a qu'une seule loi : la survie. Et tu survis très confortablement, non ?
-Peut-être.
-Et pourquoi ça ? Parce qu'à part quelques incidents irréfléchis, tu as obéi aux règles. Qu'est-ce que je t'ai dit à Londres ?
Elle détourne les yeux, irritée.
-Que je ne suis jamais complètement en sécurité. Et que je ne devrais jamais faire entièrement confiance à qui que ce soit.
-Voilà. Souviens-toi de ça, et ça ira. Oublie-le et tu es foutue. (Il attrape ses cigarettes.) Oublie-le et nous sommes foutus.
-Promets-moi que tu m'aimes bien ? murmure-t-elle. Pas seulement pour le sexe ? Boum boum puis bye bye Janie ?
Que je t'aime bien ? veut-il lui dire. Je t'aime, point. Tu es tout ce que j'ai toujours voulu. J'abandonnerai mon travail, mon pays, tout ce que je sais et en quoi je crois pour partager ma vie avec toi.
Alors si Irema Beridze ne se trompait pas, cela signifiait qu'il y avait une nouvelle tueuse dans les parages. Ce qui, sur le coup, avait beaucoup intéressé Eve.
Pourquoi ? Peut-être parce que, incapable de s'imaginer ôter la vie d'un être humain, elle est fascinée par l'idée d'une femme pour qui cela n'a rien d'exceptionnel. Quelqu'un qui pourrait se réveiller le matin, faire du café, choisir comment s'habiller avant de sortir et, avec un sang-froid total, mettre à mort un parfait étranger. Fallait-il être une sorte de monstre anormal et psychopathe pour faire ça ? Ou est-ce que n'importe quelle femme, correctement programmée, pourrait se transformer en bourreau professionnel ?
Lara l'aimait vraiment, Villanelle le sait. Elle l'aime toujours, si elle est vivante. Et pendant un moment, Villanelle lui envie cette capacité. Partager le bonheur de l'autre, souffrir de la douleur de l'autre, être absorbée par un sentiment réel plutôt que de faire semblant. Mais c'est si dangereux, si incontrôlable et au final, si ordinaire. Mieux vaut, et de loin, s'enfermer dans la citadelle pure et arctique de soi-même.
Le palais Falconieri se dresse sur le promontoire d’un des plus petits lacs de l’Italie. C’est la fin du mois de juin et une légère brise effleure les pins et les cyprès qui s’agglutinent comme des sentinelles autour de l’avancée rocheuse. Les jardins sont imposants, voire magnifiques, mais des ombres profondes donnent à l’endroit un air menaçant, qui trouve écho dans les lignes sévères du palais.
-Je bois à la solitude à deux. (Il prend une gorgée de vodka.) Et à toi aussi...
Il y a un bruit comme un bâton qui claque, et Kedrin est mort. Du sang sort par petits jets brefs du point d'impact à côté de sa narine gauche.
-À toi aussi, je bois, murmure Villanelle, terminant le couplet alors qu'elle tire les draps par-dessus lui.
L'ironie, avec les narcissiques comme Martin, c'est qu'ils pensent toujours qu'ils ont le contrôle - au travail, dans une conversation, pendant un rapport sexuel. Souvent à tort...