Une époque qu'il a longtemps tenté d'oublier lui revient en mémoire. Une époque avant la solitude.
La musique qu'il a désespérément cherchée à travers le monde est ici. Un appel semblable au sien emplit l'eau qui l'entoure. Il n'est jamais venu dans les parages, pourtant une sensation surgie d'un passé lointain lui fait comprendre qu'il est chez lui.
Il plonge dans les profondeurs, remonte et se réapproprie tous les chants qu'il a créés et abandonnés aux vagues. Il les chante à tue-tête; et cette fanfare de sons traverse les océans.
Après toutes ces années à chercher, après tant de solitude, tant d'appels sans réponse et personne pour l'entendre, il réalise que, enfin, quelqu'un l'écoute.
Tout serait plus facile s'il parvenait à oublier ceux pour qui il a chanté. Une baleine, même centenaire, se souvient toujours de tout, y compris de ses premiers compagnons de voyage. Tous ceux qu'il a connus ou dont il a simplement croisé la route on garde une place dans sa mémoire.
Il plonge sous une vague point plus il s'enfonce, plus long résiste et le repousse vers la surface, ou il n'a aucune intention d'aller. Là-haut, les rayons de soleil et l'une des bancs de baleines auxquelles il n'appartient pas.
(page 170)
Quand on veut à tout prix communiquer, on trouve une solution.
Je trouverai une solution.
Chaque fois que je suis quasiment sûre d'avoir réussi à réparer une radio, j'attends un peu avant de l'activer. C'est comme interrompre sa lecture avant la dernière page d'un très bon livre pour le faire durer.
Ça ne fait pas si longtemps que je suis partie, mais il m'est arrivé tellement d'aventures depuis que j'ai du mal à imaginer que rien n'ait changé à la maison.
Blue 55 didn’t have a pod of friends or a family who spoke his language. But he still sang. He was calling and calling, and no one heard him.
Dis, à propos de cette planète dont tu parlais, celle qui a été éjectée du système solaire il y a des millions d'années... Comment a-t-on appris son existence ? [...]
J'ai l'impression d'être un peu comme cette planète. Je faisais mon bonhomme de chemin, jusqu'au jour où j'ai été propulsée sur une nouvelle route. Et je continue d'avancer.
J'adore ce parfum. Il me rappelle les greniers, les feux de camp et les livres anciens de la boutique de M. Gunnar. J'ai lu quelque part que cette odeur émane des composants et de la poussière chauffés par l'électricité, mais c'est plus que ça. Un peu comme si la radio se souvenait de toutes les maisons auxquelles elle a appartenu. (p.69)
Est-ce que c'est la nourriture d'aéroport qui est bonne, ou l'excitation du voyage qui donne un meilleur goût aux aliments ?
Un son suffisamment puissant est capable de bouger n’importe quoi.
Il peut faire vibrer les murs, briser le verre, dévier une baleine de son chemin, même happer une préado et l’amener loin de chez elle, là où elle ne connaît personne.