Un sourire goguenard aux lèvres, Sven les observait. Bien campé sur ses jambes, les bras croisés. Il les dominait de sa haute taille. Sans la moindre gêne apparente.
— Dites donc les tourtereaux, ça avance bien notre affaire ? Mais c’est pas tout ça, quand vous aurez fini de vous bécoter on pourrait peut-être se remettre en route, non ?
Nioré se leva brusquement délaissant Joseph qui se remettait tant bien que mal debout.
— Inutile de prendre un air si satisfait, le harangua Nioré avec hargne.
— Moi, je ferais ça ? Demanda-t-il d’un ton faussement goguenard, contredit par le sourire suffisant qu’il affichait.
— Oui, toi ! S’énerva-t-elle. Je n’ignore rien des paris que tu fais circuler à notre sujet.
— Des paris ? Quels paris ? Demanda Joseph pas encore tout à fait remis de sa perte de sang considérable.
— Tu l’ignores ? S’étonna sincèrement abasourdie Nioré. Mais enfin, dans quel monde vis-tu Joseph ? ! Cet individu, fit elle en désignant de la main Sven, a monté, depuis des mois des paris, pour savoir quand aurait lieu notre union.
— Quoi ! S’exclama Joseph en bafouillant. Mais enfin qu’est-ce qui à bien pu te mettre dans l’idée que nous allions nous unir ?
Sven le regarda un moment d’un air sidéré avant de brusquement éclater de rire. Les larmes lui en coulaient tellement il était plié en deux. « Comme si quelqu’un pouvait ignorer qu’elles étaient vos sentiments, non mais vous deux vous être vraiment impayable ! Ah ! Quand Orage va apprendre ça ! »
Les nerfs à fleur de peau, je refrénai avec la plus grande difficulté, l'envie de me jeter sur lui. Et pas pour lui faire un câlin, vous pouvez me croire.
Je n'avais pas sitôt dit ça que la honte m'envahit, hélas, je n'avais pas pu retenir ces mots. La rancune me tenaillait et en même temps, j'éprouvais une joie perverse à lui faire mal.
Un petit rire s'échappa de ma gorge. Avec amertume, je songeai, brusquement, que rien n'effacerait mon tourment, car pareil à l'orage qui s'abattait au-dehors, mon esprit ne cesserait d'être martelé. Plus une seule de mes nuits ne se passait sans que le mal ne frappe à la porte de mon âme.
Pauvre petit papa ! Si égocentrique, que même si la vérité lui crevait les yeux, il continuerait à la nier. Il faisait partie de ces hommes qui déformaient la réalité pour la remanier de telle manière qu’elle puisse correspondre à leurs désirs futiles et égoïstes.