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Citations de M.A. Meillet (26)


Et je me suis demandé à moi-même: qui sont ces
gens-là? En voyant tous ces lieux déserts et ces ossements, mon àme et mon coeur se sont serrés de douleur, en pensant que cette belle centrée, comblée de toutes les bénédictions, notre patrie l'Ukraine petite-russienne, a été changée en un désert, que Dieu l'a abandonnée et que ses habitants, nos ancêtres glorieux, ont disparu sans laisser de traces.
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Kvacha.
Voici un spécimen de la poésie populaire burlesque, cultivée par les maîtres et surtout par les élèves des écoles ecclésiastiques, organisées â l'époque de la première renaissance sur les modèles occidentaux. La Kvacha, espèce de brouet fermenté, servait de nourriture habituelle aux écoliers indigents et jouait surtout un grand rôle en carême. Elle a souvent servi de thème à
plaisanterie.
Vous ne savez. Messieurs, ce qui m'est arrivé.
Il faut donc vous conter toute ma malechance
Que puis-je faire, moi, n'étant pas né coiffé.
Sinon chanter au choeur pour ma maigre pitance,
A fêter la Noël je m'étais préparé.
Mais il n'est mauvais tour que sorcière ne fasse.
Un grand pot de Kvacha j'avais fait apprêter;
J'aurais à le manger bien invité Vos Grâces.
Sans doute quelque femme avait dû m'envoûter
Et privé ma Kvacha de couler dans vos panses;
A peine sur le feu fut-elle à fermenter
Que nos clercs effrayés s'enfuirent à distance.
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Il se produisit un changement lorsque, au milieu du XVII
siècle, l'Ukraine se réunit politiquement à la Moscovie, il
s'agissait maintenant pour nos ancêtres de maintenir leur
autonomie politique centre la centralisation et de défendre leur indépendance intellectuelle contre la censure et lis empiétements de Moscou, Il leur fallait mettre en relief leurs droits historiques et nationaux, souligner leurs différences culturelles et nationale, et, puisque les Grands-Russes s'appropriaient exclusivement le nom de »Russes«, il leur fallut chercher un
autre nom pour s'opposer plus efficacement à Moscou,
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DIX-HUITIEME SIECLE.
Vers de l'hetman Mazeppa. Ces vers furent envoyés au tzar, vers 1705, par des dénonciateurs, comme preuve des intentions traîtresses de l'hetman.

Tous veulent sincèrement la paix,
/Miais tous ne tirent pas dans la même direction;
L'un va à droite, l'autre à gauche, •
Et cependant ils sont tous frères.
Il n'y a plus d'amour, il n'y a plus de concorde
Depuis le jour de Jovti Vody.*
Tous ont trouvé leur perte dans la discorde
Et se sont combattus les uns les autres.
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Il fallut chercher une dénomination générale qui s'appliquât à tous les groupes de cette nationalité dont la vie intellectuelle n'avait cessé au cours des siècles de manifester les mêmes caractères propres, de cette nationalité dont l'unité apparaissait toujours plus clairement dans la conscience des masses. On essaya bien au XIX siècle d'introduire le terme de »iugorusse «, mais celui »d'ukrainien« a fini par l'emporter. Il s'appliquait depuis longtemps aux territoires orientaux et prit de plus en plus un caractère généralement national et politique de la vie nationale. Il fut adopté dès le début par les grands maîtres du XIX siècle, spécialement par Chevtchenko, de sorte que, dans la seconde moitié du siècle, il se répandit promptement et devint la dénomination nationale pour tout le pays.
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Mariage forcé.
Eh! fillette qui t'es fiancée.
Pourquoi t'en vas-tu si triste?
— Eh! comme je désirerais être gaie.
Mais il est difficile d'oublier celui qu'on aime.
Eh! fillette aux yeux noirs.
Tu es triste le jour et tu ne dors pas la nuit,
— Des yeux noirs m'ont fasciné de loin,
Ils m'ont pris à la fois et mon âme et mon corps.
Eh! fillette, tes pensées sont confuses.
Tu ne sais pas toi-même qui tu aimes,
— Oh! Je sais bien, je sais bien quel est celui que j'aime.
Seulement je ne sais pas avec qui il me faudra vivre.
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Le temps perdu ne se rattrape pas.
De derrière les montagnes, des montagnes escarpées,
Les aigles prennent leur vol.
Je n'ai point connu de joie
Et les années s'enfuient.
Harnachez les chevaux,
Les chevaux noirs
Que nous rattrapions mes années,
Mes années de jeunesse.
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Le cosaque en exil.
Cette chanson porte la trace de changements opérés au cours des âges par la tradition orale.

L'érable planté au bord de l'eau,
Penche sa tête vers elle;
S'il arrive malheur au cosaque,
Le voilà qui s'attriste.
Ne te penche pas, cher érable,
Tu es encore trop vert;
Ne t'attriste pas, cher cosaque,
Tu es encore trop jeune.
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Les trois îrèrcs d'Azov.
(Extraits.)
C'est un spécimen de ce que les folkloristes ukrainiens appellent une »douma«. Ce terme, connu depuis le commencement du XVI siècle, désignait autrefois une poésie élégiaque quelconque. A partir de la seconde moitié du XVII siècle, les rapsodes ukrainiens reproduisirent des motifs poétiques plus anciens sous cette nouvelle forme de vers irréguliers et rimes, d'un style qui vise à la noblesse et au sublime.

Ce n'étaient pas des brouillards bleus qui flottent,
Ce n'était pas de la pluie fine qui tombe,
Ce n'étaient pas des nuages qui s'amassent,
' C'étaient trois frères, trois pigeons gris
Qui se sauvaient d'Azcv, du lourd esclavage,
Des galères turques, du pays musulman,
Pour revenir en pays chrétien, auprès de leur père,
De leur mère et de leur famille.
Deux étaient à cheval, le troisième à pied.
Comme s'il leur eût été tout-à-fait étranger.
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L'invasion tartare.
Par de là le fleuve, le feux éclairent:
Les Tartares partagent leur butin.
Ils cnt mis le feu à notre village,
Ils ont pillé tout notre bien, ,
Ils m'ont tué ma vieille mère,
Ma bien aimée est prisonnière.
Les tambours battent dans le val.
On y mène abattre les gens,
La corde se tord autour de leur cou,
Les chaînes sonnent à leurs pieds.
Et moi, seul avec mes enfants.
Je suis les sentiers sûrs de la forêt.
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[Le Chat en Poche]
Foin de malheur, ma pauvre tête!
Et mes gros sous sont envolés.
L'homme n'a laissé que ce sac
Quand j'achetais ce chat en poche.
Mais pourquoi suis-je donc si bête.
De ne point regarder le sac
Et voir ce qui était dedans.
Le diable emporte la besace!
On l'a dit: il ne faut se fier à personne,
(Il cherche les pots.)
Et mes pots, les voilà partis.
Pauvre homme, qu'ai-je donc gagné
A cette foire de malheur!
J'ai un sac en guise de pots,
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Les évêques ukrainiens sur le rôle politique des cosaques.
(D'un mémorandum, adressé au gouvernement polonais en 1621)
En ce qui concerne les cosaques, on sait que ces gens chevaleresques sont de notre famille, qu'ils sont nos frères et chrétiens orthodoxes. On pense que ce sont des gens grossiers, n'ayant ni science, ni jugement et qu'ils seraient menés par le clergé. Mais nous ne les détournons pas plus de l'obéissance qui leur est propre, ni ne les faisons se soulever, que nous ne les guidons dans leurs faits et gestes. Ils possèdent un esprit naturel, une raison dont Dieu les a doués, du zèle et de l'amour pour la foi, de la piété et il est certain que les églises vivent et fleurissent au milieu d'eux depuis longtemps.
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Melety Smotritsky:
Lamentations de l'église orthodoxe.
(Tiré du livre >'Threnos c.-à-d. Lamentation de la sainte Eglise orientale, une, oecuménique et apostolique*, paru en 1609, sous le pseudonyme d'Orthologue.) Maxime Smotritsky. fils d'Hérazime, en religion Melety, finalement archevêque de Polotsk. est le représentant le plus qualifié de la seconde génération des grands maîtres du mouvement ukrainien, au tournant des X\ I et X\ II siècles.
Malheur à moi, pauvre et misérable que je suis, dévastée et dénuée de tous mes biens, dépouillée de mes vêtements, mon corps jeté nu à la dérision et accablée de fardeaux intolérables. Mes mains sent liées, un joug pèse sur mon cou, mes pieds sont dans les fers et des chaînes ceignent mes reins.
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Jean de Vychnia
Contre l'oppression des paysans,
(D' une lettre aux évêques.)
Jean de Vychnia, originaire de Galicie et moine du Mont Athos, est l'auteur de nombreuses lettres, écrites surtout à l'occasion de l'union des églises. Il est le mieux doué des écrivains de cette époque. Ascète rigoureusement orthodoxe, il se distingue par l'ardeur de ses polémiques et la vigueur de son tempérament. Dites-moi, ô vous qui contractez l'union, quel est celui d'entre vous qui s'est soumis aux premières exigences de la foi, bâtie sur un fondement inébranlable et qui s'est trouvé en remplir les commandements? N'est-ce pas Vos Grâces qui ont détruit cette foi par leurs mauvaises actions? N'est-ce pas Vos Grâces qui, par leur cupidité et avarice, par leur amour des jouissances mondaines, ont fait jaillir en elles-mêmes une source de luxure, et qui ne pouvant plus se satisfaire, mais ayant encore plus faim et plus soif de jouissances et de richesses, en sont devenus malades? Dites-moi, ô vous qui contractez l'union, quel est celui d'entre vous qui, vivant dans le monde, a rempli les six commandements que le Christ a érigé en lois: donner à manger à ceux qui ont faim, à boire à ceux qui ont soif, accueillir les pèlerins, habiller ceux qui sont nus, soigner les malades, visiter les prisons?
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Du poème sur l'expédition d'Igor (1185).
Ce poème fut composé, vers 1187, à la cour du duc de Kiev, après que Igor fut retourné de la captivité, où il était tombé dans sa malheureuse expédition contre les Coumanes (Polovetz). C'est le seul monument qui nous ait été conservé presque entièrement de la vieille poésie épique. Les allusions qu'il renferme montrent que ce genre était très cultivé dans les cours princières. Malheureusement la seule copie du poème qui existait a disparu pendant l'incendie de Moscou, en 1812; ce qui aggrave encore les difficultés de l'interprétation.

Ne serait-il pas juste, ô, mes frères, de redire à l'ancienne
mode le récit douloureux de la guerre d'Igor, Igor, fils de Sviatoslav? Mais nous commencerons notre récit comme une ballade de notre temps et non à la manière de Boyane, Car Boyane, l'enchanteur, quand il chantait un chant en l'honneur de quelqu'un, laissait courir sa pensée comme un écureuil sur les arbres, comme un loup gris sur la terre, comme l'aigle argenté sous le nuage.
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Aujourd'hui, les abeilles monastiques étonnent le monde par leur sagesse, car elles se nourrissent elles-mêmes dans les déserts, émerveillant les anges et les hommes. Elles se posent sur les fleurs et préparent le miel pour donner aux hommes et à l'Eglise ce qui leur est nécessaire. Tous les oiseaux chanteurs des chœurs de l'Eglise font leurs nids et sont dans la joie, car les oiseaux, a dit le Prophète, ont trouvé leurs nids sur les autels et leurs chants glorifient Dieu d'une voix intarissable.
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Cyrille de Tourcv:
Sermon pour le premier dimanche après Pâques (Quasimodo).
Cyrille, évêque de Tourov, entre 1150 et 1180, auteur très fécond, a écrit beaucoup de sermons et de prières. Dans ce qui nous a été conservé, nous trouvons des exemples typiques du style imagé de l'époque.
Le soleil se lève aujourd'hui et réchauffe joyeusement la terre, car en ,ce jour le soleil de justice, Jésus, est sorti du tombeau pour sauver ses fidèles. Aujourd'hui, la lune, quittant son piédestal, cède sa place à un astre plus grand. Le règne de l'ancien Testament avec ses prophètes et son Sabbat cesse, comme l'a annoncé l'Ecriture, pour rendre honneur à la loi de Jésus et à son Dimanche, Aujourd'hui, l'hiver du péché se termine dans le repentir et la glace de l'incroyance a fondu aux rayons de la vélité, parce que l'hiver païen de l'idolâtrie a pris fin par la science des Apôtres et par la foi de Jésus et que la glace de l'incrédulité de Thomas* s'est fondue à la vue des flancs du Christ, Maintenant le printemps règne et vivifie la terre entière; le vent et les orages engendrent les fruits de leur haleine; la terre, en faisant pousser les semences, produit le gazon
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LES ORIGINES.
La vieille chronique de Kiev.
L'extrait que nous reproduisons ici sur les guerres de Sviatoslav (960 à 972) est tiré de la partie la plus ancienne de la première chronique de Kiev, appelée chronique de Nestor. Cette partie intitulée »Povesti vremennych let« avait été écrite originairement entre 1030 et 1040 et reçut sa rédaction définitive au commencement du douzième siècle. Elle s'est inspirée des légendes et des épopées de l'époque.

Quand il eut grandi et qu'il eut atteint l'âge viril, le duc Sviatoslav assembla des guerriers nombreux et vaillants, car il était vaillant lui-même et léger comme un léopard et il se signala dans bien des guerres. Il n'emmenait jamais de transport avec lui, ni de chaudrons, et ne faisait pas bouillir la viande, mais il la coupait en minces lanières, que ce fût du cheval, du gibier ou du bœuf et il la mangeait après l'avoir rôtie sur la braise. Il n'avait pas de tente et dormait par terre sur une couverture, la tête sur sa selle. Ses soldats étaient comme lui.
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La vieille aima mater ukrainienne, l'académie de Kiev, ne
faisait depuis longtemps que végéter. Le désir des Ukrainiens de la changer en université et de fonder, en outre, une autre de ces institutions plus à l'est, s'était toujours heurté au refus de l'administration russe, qui cherchait à attirer les jeunes intelligences vers les seuls centres scientifiques de Pétersbourg et de Moscou. L'autorisation donnée à la noblesse de l'Ukraine Slobîdska d'organiser à ses frais une université à Charkov, constitua une remarquable exception à cette politique d'anéantissement intellectuel de l'Ukraine.
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A ce moment, Kiev redevient le foyer national ukrainien.
Ceux qui travaillaient à la renaissance religieuse et nationale s'y trouvaient plus en sureté, sous la protection des cosaques, qu'à Léopold qui, au XVI siècle, avait épuisé ses ressources économiques et qui, dans sa décadence, était devenu la proie de la réaction polonaise. Et, en tombant sous l'influence des cosaques, la renaissance ukrainienne se démocratise, se sécularise et, dans son expression extérieure, la langue/, se rapproche de plus en plus de l'élément populaire.
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