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3.5/5 (sur 10 notes)

Nationalité : France
Né(e) : 1955
Biographie :

Maïca Sanconie est née en Corrrèze en 1955. Nouvelliste, traductrice et chercheur indépendant (peintres noirs américains, art et littérature). - Enseignante à l'Université d'Avignon. De troublants détours est son premier roman. Elle est également l'auteur d'un recueil de nouvelles, Amor (2002). Traductrice, elle est par ailleurs une spécialiste de la peinture américaine. Elle vit à Paris.

Source : http://www.quidamediteur.com
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Citations et extraits (9) Ajouter une citation
Chaque matin, je passe des heures dans la courbe, près de l'étang. J'attends le réveil de Lucie pour sortir de ma torpeur, comme j'attends la pluie- en sachant qu'au soir tout se confondra, l'absence, le sommeil.
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Je ne bougeai pas lorsque la porte d'entrée s'ouvrit enfin, lâchant un nuage éclatant sur la marée boueuse où je flottais. Je demeurai tout aussi inerte lorsque ma mère se précipita sur moi pour me relever, et ses mots d'amour inquiet me firent l'effet d'une résille brûlante qui s'abattait sur mon âme d'homme pour l'enfermer dans ma poitrine. Je me débattis alors dans ses bras, mais elle prit ma rage pour une terreur d'enfant et posa à ma joue un baiser qui scella notre désunion comme une fleur offerte qui se fânerait aussitôt. ("Les sacs")
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Lorsque le vent se calma enfin, une foule criarde envahit de nouveau les quais et tandis que Nathalie s'enfonçait dans la ville, tranquillisée par le souvenir immuable du rectangle de sa fenêtre, M. Van Thuong traça sur un cahier étroit une multitude de caractères judicieusement espacés, mais si denses et si feuillus qu'on aurait pu les qualifier de végétaux, comme ces touffes sous-marines qui s'entêtent à surgir sur le sable des grands fonds, dans la nostalgie des forêts naissantes. ("Les noces")
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La structure du jour m’apparaît à ce réveil lent. Très vite elle s’efface, absorbée par la structure plus profonde de ce qui reste à faire. Ce qui n’a pas été accompli. Repousser ce qui tarit l’abondance, étend le sommeil, dévore la présence. Perpétuelles poussées des océans.
Poser les mains sur le jour pour en écarter les heures sans les déchirer. Chercher le cœur tendre, encore non souillé. Répéter ce geste avec une patience de cultivateur qui sait depuis des millénaires ce que donne ce tri besogneux.
Je ramasse ces pans de jour, soigneusement, dans la foi de leur fertilité. C’est étrange, l’espérance. On la moissonne au matin et ses gerbes se dispersent d’elles-mêmes ou sous un vent sec ou sous le souffle de nos pensées ou sous les heurts des désillusions. Et le lendemain (ou le surlendemain) ou même parfois au creux de la nuit – ou alors après quelque bataille humiliante, on recommence ce même geste et elle réapparaît, intacte, avec sa proposition de foisonnement.
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Le vent défait le vol des oiseaux, les oblige à tournoyer avant de trouver un courant porteur. Il défait pareillement les cheveux des femmes, bloque la marche, tortille le linge étendu, le tresse aux fils. Estampe japonaise soudain animée, transposée dans ce village de pacoulins oh oh vite l’abri des murs mais avant la valse avec la tornade échevelée sa longue robe qui ronfle comme une voile en pleine course. Et la rafale qui me détache, me pousse au travers de la place, l’artiste pris à son plaisir ivre de sa création qui se laisse pousser aux épaules tel un gamin ah ah la bonne blague de cette tempête avec les volets partout qui claquent à se dégoncer. Seules les voitures passent en silence, tous bruits éteints au milieu de la fanfare.
Au matin, les rues sont jonchées de feuilles mortes, en tas roulés, récolte fauve de l’orage sec, et plus sec que cette sécheresse d’air il y a seulement la soif.
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Il faudrait un avion de pierres pour me soulever de cet aquarium, me ramener, pied léger, au bord des gorges où les ormes et les tilleuls dépassent la toison des chênes verts. Les flancs des falaises y sont équipés d’échelles de métal. Là-bas les hommes ont pensé à tout pour la fuite. Nous non. Nous avons seulement des images de forêts à peine conquises et d’océan du bord du monde. Comment revient-on de ce bord-là ? G. ne semble pas se poser la question. Il s’est adapté, fléchit, ploie, m’entoure de ses bras de nageur. Il ne craint pas le fracas des cascades. Il ne connaît rien à la circulation des torrents, aux limites des plateaux.
En descendant du dernier avion, j’espérais encore. Je me disais que l’essentiel était de continuer à poser les pieds sur la terre, que je finirais bien par trouver mon chemin. Je finirais bien par cesser de me perdre.
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À ma naissance, ou quasiment, ils ont commencé à fouiller les hauts flancs du Verdon. Pendant que je dormais littéralement à poings fermés dans mon berceau, ils sillonnaient la rivière, tournoyaient à ses flots bouillonnants, scrutaient les rochers, lançaient des échelles et s’enfonçaient dans la montagne tels des vers dont l’avancée semble le seul but. J’ai grandi à leurs côtés sans vraiment les voir. Ils préparaient le grand lâcher de ma vie d’adulte, mais cette histoire qu’on racontait avait pour moi la dimension d’un conte forcément irréel. Une grande ombre que le soleil chassait aussi vite que le mistral et me rendait ma vallée que je croyais éternelle- en réalité aussi solide que le fond de cale d’un navire. Ni plus ni moins. En réalité le fond d’une mer asséchée qui réclamait son eau volée par la montagne.
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Très bas, loin des quelques maisons qui terminent le village coule un torrent discret, une sorte d’affleurement humide bordé d’orties et de ronces. De la route, on n’en voit que la fraîcheur, un foisonnement vert où s’abreuvent des sous-bois, où se cache un ancien moulin, où s’enracine l’autre flanc de la pente, derrière, vers le Revest Saint-Martin et tout le rehaut des grands fonds vers Forcalquier. Grosse veine torve et brune, à l’abri de ce pays sec qui le dévorerait.
C’est ma frontière. Au nord, les bassins gouleyant des deux lavoirs, et à l’ouest le petit ruisseau envasé qui arrose quelques jardins. Je peux donc m’étendre de Lure jusqu’aux plateaux, serein, précisément irrigué de ce qui sourd, coule, ou dégorge.
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Revenir aux Salles : refaire l’expérience de l’âpre profondeur. Mon âme a deux pieds. L’un m’entraîne vers le déploiement du ciel, l’autre au creux de la terre. Mon âme naufragée ignore le chemin de son salut.
Cette eau claire, cette eau vive, cette eau bleue – comment la croire corruptible ? Ici les rivières ne sont pas ou plus navigables. Nul passeur pour gagner l’autre rive. Le pays est jonché de ponts au-dessus de failles végétales ou pierreuses. Les ruisseaux qui maillent les vallées sont de molles résurgences et les hommes ont taillé des canaux plats pour serrer leur eau. Une eau chargée de bleu, à goût de ruines et de cendres pour qui s’y penche et se souvient. Sources perdues, trouées de clôtures.
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