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Citation de CercleJeanMermoz


Tout à coup, l’un après l’autre, les lampadaires de la rue explosèrent, leurs globes s’enlevèrent au ciel et la rue se peupla d’yeux : des yeux largement sur dilatés, dégoûtant de pellicules sèches, ou englués de poix visqueuse, des yeux qui contenaient l’éternité dans la fixité de leur regard, des yeux qui tremblotaient, qui s’étiraient puis, s’amenuisant prestement, étaient catapultés d’est en ouest ; des yeux qui étaient les carcasses des fenêtres d’une cathédrale noircie, vacuité du cerveau, et, à travers, des chauves-souris et des corbeaux tourbillonnaient, énormes déchets de cuir drossés par les vents arides ; mais un des yeux fit un bond hors du marécage, se braqua sur lui, le fixa sans le moindre clignotement. C’était l’œil d’un pigeon, humide, unique — et noyé de larmes. Où mourrait-il ? En mer. Son corps flottés, soutenu par de lentes pressions, poussé vers les fraisiers de mer, les éponges, les crabes-appelants. Roulé et soulevé, bruissant, poursuivant sa chute. Humus pour les poulpes, pour le béhémoth de l’océan, fomentateur d’orages.
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