Lecture par Shu Cai et Marc Fontana de poèmes de Victor Segalen (et de Shu Cai) en compagnie de l'artiste calligraphe Ji Dahai à l'occasion de l'exposition organisée par Marc Fontana à la Bibliothèque nationale de Chine pour célébrer le centenaire de la publication de "Stèles" de Victor Segalen. La lecture a lieu en septembre 2012 à Tianjin au sein de la somptueuse demeure Qing Wang Fu, oncle du dernier Empereur Pu Yi.
Quelles étaient toutes ces eaux cachées en des lieux improbables si seules nuit et jour et qui se sont rejointes rampantes sinueuses pour former le grand détour le mouvement d'impatience l'élan orné de paysages
Oh Chet scarabée pleurant son chant
Bill les mains enclavées sur l'étendue
Thelonious tout le minéral des planètes
Wes vigueur et mat charnel
Sarah servante de l'écho profond
Miles aérien à l'atlas tranquille
Bud mène l'inquiétude subtilisée
Wayne cherche la vague surréelle
Sonny Sisyphe bienveillant
Billie c'est bleu dans ton sillage
Lester ou l'art du baiser
Count à la barre dorée du swing
Dizzie le bagarreur d'étincelles
Ella sans fin sur la marelle
John étau suprême des latitudes
Duke géographe joailler Charlie
Dexter Archie Phil Gerry Barney
Elvin le grand Art Max Jack les magiciens
Tal Joe Kenny Django Django
le nom comme la nuit
est une nappe de désert
une foi sans vertige,
te dit le fleuve
le nom comme le jour
où tu t'es chaussé pour le déracinement
IL N'Y A PAS D'ÂGE D'OR
Extrait 2
jeune absent
accusé mais solennel
pour rendre au trouble en toute clarté
la parole
le chant revient
allier d'innocence
l'inconnu
lisière
allégorie de notre fin impensable
p.11
Et si ce n’était qu’images
Vague d’images ralentie
Et si cela passait seulement
Vous croisait
Et tenait tout entier dans la mémoire
Le temps de ce passage
Et si l’on revenait à soi aussitôt
Lissant la peau familière des choses
IL N'Y A PAS D'ÂGE D'OR
Extrait 1
précoce immobilisé
d'un champ la recherche
l'offre en de rares turbulences
étranger aux points d'échange
maintenant que la mémoire maintient
ce verbe premier comme une offense
vitesse au travail pour fondre la couleur
profonde au cœur cette voix
rauque bientôt voilée
une fronde soulève
la cape du sommeil
p.10
Penché je vois le soleil orange au-dessus de la tour
Dongguan Jiaolou et des trains blancs
Qui partent vers l’Est
Tout près sept kakis alignés sur le bord d’une fenêtre
Et je ne vois pas plus loin que la petite épicerie Hualian
En bas
Dehors une partie de cartes s’éternise malgré le froid
Et le coiffeur rentre les serviettes qui ont séché
Je suis aux marges de la ville intérieure
Je sais
Que tout va être aspiré par la nuit
Traversé du tout venant
Laisser les ruisseaux se rejoindre
Pas d’influence
Pas d’intrusion
Le temps et les pensées infusent
Le visage est si calme
En aval des émotions
Là l’histoire se retire
Pour un règne qui éclot
Tout vient au visage estuaire
Du tout venant traversé
Le presque de l’absence
L’agir recueilli
Tout vient où tout se retire