Penché je vois le soleil orange au-dessus de la tour
Dongguan Jiaolou et des trains blancs
Qui partent vers l’Est
Tout près sept kakis alignés sur le bord d’une fenêtre
Et je ne vois pas plus loin que la petite épicerie Hualian
En bas
Dehors une partie de cartes s’éternise malgré le froid
Et le coiffeur rentre les serviettes qui ont séché
Je suis aux marges de la ville intérieure
Je sais
Que tout va être aspiré par la nuit
Traversé du tout venant
Laisser les ruisseaux se rejoindre
Pas d’influence
Pas d’intrusion
Le temps et les pensées infusent
Le visage est si calme
En aval des émotions
Là l’histoire se retire
Pour un règne qui éclot
Tout vient au visage estuaire
Du tout venant traversé
Le presque de l’absence
L’agir recueilli
Tout vient où tout se retire
Et si ce n’était qu’images
Vague d’images ralentie
Et si cela passait seulement
Vous croisait
Et tenait tout entier dans la mémoire
Le temps de ce passage
Et si l’on revenait à soi aussitôt
Lissant la peau familière des choses
Lecture par Shu Cai et Marc Fontana de poèmes de Victor Segalen (et de Shu Cai) en compagnie de l'artiste calligraphe Ji Dahai à l'occasion de l'exposition organisée par Marc Fontana à la Bibliothèque nationale de Chine pour célébrer le centenaire de la publication de "Stèles" de Victor Segalen. La lecture a lieu en septembre 2012 à Tianjin au sein de la somptueuse demeure Qing Wang Fu, oncle du dernier Empereur Pu Yi.