On devrait pouvoir dire à propos de la littérature ce que la déclaration des droits a dit de la liberté de l'individu. Quoi de plus simple et plus logique ?
"La liberté de la littérature finit où commence celle des autres activités humaines."
- Ce serait une définition bien vague, dis-je. Si la littérature devait s'insérer entre les autres activités humaines, j'ai idée qu'elle serait plutôt à l'étroit. Son rôle deviendrait bien effacé.
- Pourquoi donc ? Elle serait l'huile qui graisserait les rouages de la machine sociale. Elle aurait là un rôle plus estimable, du reste beaucoup plus difficile à tenir, que celui de la nébuleuse divinité qu'elle s'est assignée depuis cent cinquante ans. Il y faudrait au moins autant de talent et de génie et, à coup sûr un sens plus profond et plus complet de l'humain..
Je crois aussi que l'art n'aurait rien à y perdre. Mais je vous concède que ma définition n'est pas tout à fait au point. Disons plutôt : "la liberté de la littérature finit où commence celle des autres activités de l'esprit." Voilà qui n'est pas mal...
(extrait du chapitre VII)