C'est sous le signe du mythe que cet ouvrage a été écrit.
Sa naissance remonte à l'ère néolithique, lorsque, délaissant le monde magique des chasseurs-cueilleurs, ses lointains ancêtres, l''agriculteur-éleveur se voit confronté à un nouveau monde hostile.
Avant, il était semblable à tous les membres de la Horde, indifférencié, interchangeable; le Groupe le protégeait, comme un cocon. La sédentarisation fait maintenant de lui un Individu: autonome, différent, donc dépendant, sans défense en un mot.
Suscité par la peur de la disette, par l'angoisse aussi, métaphysique, du devenir après la mort, le mythe prend ici ses racines. C'est ici que prend fin l'état d'innocence et que commence un univers oppressant qui dominera la vie spirituelle de l'homme jusqu'à la fin des temps.
Nous voici arrivés au bout de notre quête du héros. Nous l'avons vu , les "motifèmes" proppiens qui le définissaient mythiquement se sont progressivement estompés au cours des siècles.
De démiurge constructeur des mondes, le héros est devenu tour à tour leur ordonnateur, le créateur de l'humanité, son défenseur contre les forces du Chaos, le champion de la tribu, enfin le guerrier à la recherche d'absolu: l'union avec la Souveraineté, le Royaume, la Déesse, la Femme, l'Ineffable enfin. Il deviendra, quand le mythe cédera le pas à la légende, puis au conte et au roman, un simple chevalier errant, en quête d'improbables aventures terrestres, qui l'éloigneront pour toujours de la quête initiatique qui fut, pendant longtemps, sa raison d'être et d'espérer.