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Citation de Cielvariable


CIBOULETTE — Passe par les toits comme t'es venu.
TARZAN — C'est le seul chemin possible, je pense. (Il se dirige du côté des toits, il regarde, il inspecte puis il s'approche de son trône, se penche, soulève la caisse et prend son pistolet. Puis il revient vers Ciboulette.) Écoute. Je sais qu'ils vont me descendre au tournant d'une rue... Si je pouvais me sauver, je le ferais, mais c'est impossible.
CIBOULETTE — Il te reste une chance sur cent, faut que tu la prennes.
TARZAN — Non. Y est trop tard. J'aime mieux mourir ici que mourir dans la rue. (Il vérifie le fonctionnement du pistolet et le met dans sa poche.) J'aime mieux les attendre. Quand ils seront là, tu t'enfermeras dans le hangar pour pas être blessée. S'ils tirent sur moi, je me défends jusqu'à la fin, s'ils tirent pas, je me rends et ils m'emmènent.
Les sirènes arrivent en premier plan et se taisent.CIBOULETTE — T'es lâche, Tarzan.
TARZAN — Ciboulette!
CIBOULETTE — Tu veux plus courir ta chance, tu veux plus te battre et t'es devenu petit. C'est pour ça que tu m'as donné l'argent. Reprends-le ton argent et sauve-toi avec.
TARZAN — Ça me servira à rien.
CIBOULETTE — Si t'es encore un homme, ça te servira à changer de pays, ça te servira à vivre.
TARZAN — C'est inutile d'essayer de vivre quand on a tué un homme.
CIBOULETTE — Tu trouves des défaites pour oublier ta lâcheté. Prends ton argent et essaie de te sauver.
TARZAN — Non.
CIBOULETTE — Oui. Elle lui lance l'argent au visage. C'est à toi. C'est pas à moi. Je travaillais pas pour de l'argent, moi. Je travaillais pour toi. Je travaillais pour un chef. T'es plus un chef.
TARZAN — Il nous restait rien qu'une minute et tu viens de la gaspiller.
CIBOULETTE — Comme tu gaspilleras toute ma vie si tu restes et si tu te rends.
TARZAN — Toi aussi tu me trahis, Ciboulette. Maintenant je te mets dans le même sac que Passe-Partout, dans le même sac que tout le monde. Comme au poste de police, je suis tout seul. Ils peuvent venir, ils vont me prendre encore. Il fait le tour de la scène et crie : Qu'est-ce que vous attendez pour tirer? Je sais que vous êtes là, que vous êtes partout, tirez!... tirez donc!
CIBOULETTE, elle se jette sur lui -- Tarzan, pars, pars, c'était pas vrai ce que je t'ai dit, c'était pas vrai, pars, t'as une chance, rien qu'une sur cent c'est vrai, mais prends-la, Tarzan, prends-la si tu m'aimes... Moi je t'aime de toutes mes forces et c'est là où il reste un peu de vie possible que je veux t'envoyer... Je pourrais mourir tout de suite rien que pour savoir une seconde que tu vis.
TARZAN la regarde longuement, prend sa tête dans ses mains et l'effleure comme au premier baiser — Bonne nuit, Ciboulette.
CIBOULETTE — Bonne nuit, François... Si tu réussis, écris-moi une lettre.
TARZAN — Pauvre Ciboulette... Même si je voulais, je sais pas écrire. Il la laisse, escalade le petit toit et disparaît. Un grand sourire illumine le visage de Ciboulette.
CIBOULETTE — C'est lui qui va gagner, c'est lui qui va triompher... Tarzan est un homme. Rien peut l'arrêter : pas même les arbres de la jungle, pas même les lions, pas même les tigres. Tarzan est le plus fort. Il mourra jamais.
Coup de feu dans la droite.
CIBOULETTE — Tarzan! Deux autres coups de feu.
CIBOULETTE — Tarzan, reviens !
Tarzan tombe inerte sur le petit toit. Il glisse et choit par terre une main crispée sur son ventre et tendant l'autre à Ciboulette. Il fait un pas et il s'affaisse. Il veut ramper jusqu'à son trône mais il meurt avant.
CIBOULETTE — Tarzan!
Elle se jette sur lui. Entre Roger, pistolet au poing. Il s'immobilise derrière les deux jeunes corps étendus par terre. Ciboulette pleure. Musique en arrière-plan.
CIBOULETTE — Tarzan! Réponds-moi, réponds-moi... C'est pas de ma faute, Tarzan... c'est parce que j'avais tellement confiance... Tarzan, Tarzan, parle-moi... Tarzan, tu m'entends pas?... Il m'entend pas... La mort l'a pris dans ses deux bras et lui a volé son cœur... Dors mon beau chef, dors mon beau garçon, coureur de rues et sauteur de toits, dors, je veille sur toi, je suis restée pour te bercer... Je suis pas une amoureuse, je suis pas raisonnable, je suis pas belle, j'ai des dents pointues, une poitrine creuse... Et je savais rien faire; j'ai voulu te sauver et je t'ai perdu... Dors avec mon image dans ta tête. Dors, c'est moi Ciboulette, c'est un peu moi ta mort... Je pouvais seulement te tuer et ce que je pouvais, je l'ai fait... Dors... Elle se couche complètement sur lui.
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