Un second résultat concerne l'attitude à l'égard de certaines productions de la pensée africaine telles que nous les révèle l'éthnologie. Au lieu d'adopter à leur endroit l'attitude de détachement scientifique, les auteurs en quête d'une philosophe africaine spécifique leur confèrent une valeur normative relativement à la vérité ou à l'action. Leur façon de procéder n'est ni purement philosophique, ni purement ethnologique, mais ethno-philosophique.
L'histoire de notre pensée ne doit pas se proposer l'exhumation d'une philosophie qui nous dispenserait de philosopher, mais avant tout la détermination de ce qui en nous est à subvertir pour que soit possible la subversion du monde et de notre présente condition dans le monde.
En réalité, la volonté de présenter comme philosophie des modes de pensée considérés comme spécifiquement africains, précède et explique la dilution de la philosophie dans la culture, et non l'inverse.
Je n'ai pas non plus voulu réhabiliter l'ethnophilosophie. Je ne l'ai pas réhabilitée. En fait, je dois affirmer que mon approche de la pensée traditionnelle est non seulement différente de celle de l'ethnophilosophie, mais même exactement opposée à l'ethnophilosophie.
N'ayant aucune notion déterminée d'aucun être, ne distinguant rien de rien avec précision, le concept d'opposition, de contradiction, de conflit ne saurait prendreforme dans leur esprit. Rien donc de plus étranger au nègre qu'une attitude d'opposition, la contradiction étant métaphysiquement impensable pour son esprit.
Ainsi donc sur les plans : politique, religieux, linguistique, Senghor nous invite, au nom de la fatalité biologique, à nous incliner devant la supériorité européenne.
Albert Einstein : "Une personne intelligente résout un problème, une personne sage l'évite."