Le voisinage val-de-marnais qui avait été le sien pendant des décennies, avait nourri dans le cadre fraternel du parti et du syndicat, cette amitié virile, intime vestige dont seuls les vieux Staliniens pouvaient encore se vanter. L’immigration bretonne d’après-guerre sous l’égide du petit Père des peuples, avait consolidé les liens de prolétaires, déclassés, jetés sur les voies de chemin de fer par la crise agricole de la Libération.
(page 105)
- C’est vrai que la vie est belle Commandant. Mais je doute que ce soit pour la perspective de la rade que vous soyez là ?
Toujours aussi venimeux. Le Bigouden à cette heure de la journée avait du répondant :
- Non Monsieur le Juge. En fait, plutôt là par rapport à ce qu’on peut trouver sous les gravats de cette rade.
(pages 181-182)
Qu’allait-il advenir de cette soldatesque nazie ? Condamnée à capituler comme Von Paulus, et à collaborer avec les capitalistes occidentaux ? Ford et Krupp s’entendraient toujours sur le dos des travailleurs allemands et français.
(page 73)
Chaque époque avait ses Roms, ses bougnoules, une invention de la bourgeoisie, du capital pour diviser les travailleurs. Les fondamentaux marxistes revenaient au galop quand elle n’y prenait pas garde.
(pages 32-33)
- Le POI (Parti ouvrier indépendant), à Brest en 43 donc, ne souscrivait pas à la ligne communiste de Staline comme vous pouvez vous en douter. Pire, ils ont réussi à regrouper des soldats allemands dans leur action. C’est un élément complètement oublié.
(page 256)
— Primo, en tant que son adjoint et membre de la Fédération, tu siégeras au conseil de l’ensemble interurbain. Je pense que tu cracheras pas sur les mille neuf cents euros d’indemnités, sans compter le règlement de tes frais ! Secundo, Christophe va filer la vice-présidence en charge de la gestion des personnels anciennement municipaux à Doré. Ce connard va se retrouver non seulement face-à-face avec ses camarades syndiqués de l’OST, mais en plus en délicatesse vis-à-vis des élus de son parti ayant refusé de venir...
Le bleu-bite Corbière factionnait dans la large enceinte d’entrée de l’immeuble. La surface du lieu permettait de disposer d’un répit quant à la suffocation ambiante. Le militaire, aux traits peu formés, se cantonnait, d’habitude, à mater les tuniques échancrée comme jamais, pas ces températures. Le supermarché « Bravo » se tenait de l’autre côté de la rue. Les robes fleuries laissant deviner des poitrines, jusqu’ici inattendues, stimulaient inégalement les fantasmes du gendarme débutant.
Cet instantané ne masquait pourtant pas dans sa mémoire immédiate les bousculades, les sifflets, les huées des militants communistes présents au moment de la proclamation des résultats. On leur enlevait un bastion non seulement historique, mais peut-être même vital. Il y avait de quoi enrager ! Le député se remémorait avec contentement son coup de Jarnac, au dernier moment, durant cette campagne éprouvante dans cinq cantons du département. Il avait su en toute discrétion faire entendre raison à Angélique Lemoine, maire de Rainvy-le-Sec, candidate lancée initialement sous la bannière communisante de l’Union pour le Progrès à Gauche (UPG) afin de nouer une majorité alternative à celle du vieux Marcori. La promesse d’un poste de vice-présidente en cas d’élection de Galvino et la peur savamment distillée par la Fédération d’un engluement de la carrière politique de la jeune femme si elle demeurait aux côtés de l’ancienne équipe avaient fait le reste. Qu’importaient les menaces téléphoniques. Suite à cette alliance de Françoise Liroux, secrétaire général de l’UPG et députée-maire d’Amelot ville, les intimidations de militants et candidats sur les marchés lors des diffs, le pari était gagné !
« Vous avez trente minutes pour voir les détenus. Pas une de plus ! Si à la sortie vous souhaitez faire une demande de parloir isolé pour une prochaine fois, présentez-vous à l’accueil ! »
Driss eut à peine le temps de tourner la tête du surveillant en chef vers la glace, qu’une discrète porte s’ouvrit, de l’autre côté. Se succédèrent à travers l’embrasure une dizaine de types aux mines aussi patibulaires que fatiguées. Aucun problème pour reconnaître Kadiri, vêtu d’un survet' noir foncé et de Nike, qui s’affala d’une traite sur un tabouret qui, sous son poids, crissa.
— Ca va la famille, rouya ? On va pas les tenir les trente minutes ! Alors dis-moi ce que ton frère veut, en plus de ce qu’on a déjà discuté ! commença le trentenaire aux yeux bruns fiévreux et au visage marqué – sans que l’on sache si cette impression provenait de ses rides frontales apparentes ou de ses cernes.
Heureusement que les revenus du fils politicien, l’aîné, compensaient occasionnellement les fins de mois difficiles ! Le préféré de Nora s’était même acheté un exil résidentiel à Neuilly-Plaisir à quelques encablures du nid familial.