Le soleil d'octobre éclaboussait d'or les collines et la vallée. Saranga était dans toute sa splendeur. Tout était en fleurs. Des dizaines de parfums mêlés vous montaient à la tête. A perte de vue, depuis les hauteurs mauves couvertes d'arbres jusqu'aux riches plaines baignées par la rivière, tout miroitait, chatoyait, bruissait... La terre était un camaïeu de verts: vert amande, vert tilleul, vert jade, vert absinthe. Dans le ciel flamboyant, des oiseaux poussaient des cris aigus en tournoyant au-dessus des enclos émaillés de pâquerettes à coeur jaune. Le soleil au zénith faisait rayonner la moindre feuille, la plus petite fleur. Une sorte de bonheur charnel semblait imprégner la propriété baignant dans l'air chaud et parfumé.
Les riches, pas davantage que les pauvres, ne pouvaient se soustraire à la mort, même si leurs funérailles attiraient généralement plus de monde.
Il l'avait fixée droit dans les yeux ,comme s'il pouvait y lire la réponse à sa question. elle avait frémi, troublée comme si elle était une adolescente à son premier rendez-vous plutôt qu'une femme adulte et indépendante. Il produisait cet effet en elle, de plus en plus, et elle en avait conscience. En fait, c'était ainsi depuis leur première rencontre.