Sans l'avoir cherchée, j'acquiers une force inespérée.
Cependant, je n'ai aucune envie de travailler.
Je préfère méditer et contempler la nature, me coucher dans les herbes et respirer l'air pur.
Je réfléchis souvent à ma force miraculeuse, je me sens voué à une destinée plus glorieuse.
Mais je me fiche de la richesse et des honneurs.
Je rentre chez moi et retrouve avec bonheur
les bras de mes parents, la tendresse de leur cœur.
Car tel est pour moi le véritable trésor :
l'amour de ma famille, qui m'aime et que j'adore.
Dans un petit village ensoleillé,
Bercé par l'odeur du foin coupé,
Le son des ruisseaux de campagne,
Et l'air frais de la montagne,
Naît un garçon au nom chantant,
Plus rêveur que les autres enfants.
Dans une rivière de la région d'Okayama,
une vielle femme lavait son linge et ses draps.
Tous les jours, fatiguée par son âge et sa vie,
elle s'acquittait de sa tâche sans grande fantaisie.
Sans plus attendre j'emprunte le chemin escarpé
qui conduit vers l'île où m'attend ma destinée.
Je sais que la route sera semée de dangers,
mais rien ne saurait affaiblir ma volonté.
Mais voilà qu'un matin, pourtant très ordinaire,
portée par le courant farceur de la rivière,
une pêche énorme, charnue, rose, douce, hors du commun,
vient surgir entre ses mains.
Les hommes du village peinent à porter leur charge de bois,
tandis que je soulève un arbre du bout des doigts.
Je provoque l’admiration et l’étonnement.
Très vite, la rumeur de ce prodige se répand.
Le seigneur de la région en entend parler.
Aussitôt, je suis convoqué en son palais.