AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de pioupy


pioupy
25 décembre 2023
Toutes les trois heures, Suzanne montait au bungalow, lui donnait ses pilules et repartait s’asseoir près du pont. Mais aucune auto ne s’arrêtait devant le bungalow. Il arrivait à Suzanne de regretter l’auto de M. Jo, le temps où elle s’était arrêtée chaque jour devant le bungalow. C’était au moins une auto qui s’arrêtait. Même une auto vide ç’aurait été mieux que pas d’auto du tout. Maintenant c’était comme si le bungalow avait été invisible, comme si elle-même, près du pont, avait été invisible : personne ne semblait remarquer qu’il y eut là un bungalow et là, plus près encore, une fille qui attendait.
Alors un jour, pendant que la mère dormait, Suzanne entra dans sa chambre et sortit de l’armoire le paquet des choses que lui avait données M. Jo. Elle en retira sa plus belle robe, celle qu’elle mettait lorsqu’ils allaient à la cantine de Ram, celle qu’elle avait mise quelquefois à la ville et dont Joseph disait que c’était une robe de putain. C’était une robe bleu vif qui se voyait de loin. Suzanne avait cessé de la mettre pour que Joseph ne l’engueule pas. Mais aujourd’hui que Joseph était parti, il n’y avait plus de crainte à avoir. Du moment qu’il avait choisi de partir et de la laisser, elle pouvait le faire. Et en enfilant cette robe, Suzanne comprit qu’elle faisait un acte d’une grande importance, peut-être le plus important qu’elle eût fait jusqu’ici. Ses mains tremblaient.
Mais pas plus qu’avant les autos ne s’arrêtèrent devant cette fille à robe bleue, à robe de putain. Suzanne essaya pendant trois jours puis, le soir du troisième jour, elle la jeta dans le rac.
[p319/320].
Commenter  J’apprécie          00









{* *}