Enfants (les « grands », Françoise et Charles-Hugues, les « moyens », Cécile et moi, les « petits », Marie des Neiges et Sixte), nous construisons des maisons compliquées, avec des couvertures, des oreillers, des cordes. Nous sommes dans une des grandes chambres du château de ma mère (Lignières), et nous nous déplaçons en rampant de maison en maison. Notre père est assis tranquillement au milieu de cet entassement pittoresque de couvertures et d'oreillers. Il nous lit Jules Verne, ou bien des poésies dans l'une des langues qu'il parle : le français, l'espagnol, l'allemand; l'anglais, le latin et le grec ancien (le russe et le polonais aussi, mais les poésies russes et polonaises, vraiment, nous ne les comprenons pas). Il nous parle de l’histoire de la famille, de Saint-Louis, l'ancêtre emblématique (dont il nous dit que nous descendons vingt-sept fois par le jeu des mariages) et de son cousin germain Saint Ferdinand.
1860 - [p. 92]
Cette agitation des nationalités aura son apogée en avril 1918 (à Rome), dans le « congrès des nations opprimés (de l'empire austro-hongrois)» au cours duquel il est demandé aux alliés que soit inscrite dans les conditions imposées aux vaincus la destruction de l'empire austro-hongrois.
1858 - [p. 69]
Mon premier souvenir de la résistance date de 1943 ; nous avancions précautionneusement, nos bottes s'enfonçant dans la mousse de notre grand parc, espace sauvage, traversé par un ruisseau en cascade, au centre du Bourbonnais. Mon père, en éclaireur, s'arrêta : « C'est là ». Deux orifices à demi cachés par des branchages, conduisent à des galeries souterraines. C'est là que se cache le maquis rouge de l'Allier, là qu'il cache ses armes, c'est à partir de là qu'il mène ses opérations et envoie ses messages qui seront retransmis à l'Angleterre. Don Javier avait pris contact avec les maquisards. Eux méfiants : « Nous sommes communistes ! ». Mon père répond : « Et bien quoi ? Nous nous battons tous contre l'infamie nazie, pour la libération du territoire ! » C'est son acte de foi, qui marquera toute sa vie : lutter, lutter de toutes ses forces pour la liberté.
1862 - [p. 101/102]
1833 – Au carlisme adhèrent les paysans, les ouvriers, les petits commerçants, le bas clergé et aussi les membres de l'ancienne noblesse. Tandis que les « libéraux » sont appuyés par les grands propriétaires terriens, l'armée, l’Église hiérarchique et les puissances étrangères (la France de Louis-Philippe, l'Italie de Charles-Albert et l’Angleterre de Georges IV). Du point de vue sociologique, les partisans d'Isabelle seront maîtres de tous les ressorts du pouvoir administratif, c'est-à-dire qu'ils occupent les grandes fonctions de l'Etat et de la bureaucratie municipale.
1856 - [p. 19/20] Avant-propos
1876 - Pendant la guerre (carliste) une partie importante du sol national (espagnol) - de la Catalogne au Pays Basque, Valence et les îles Baléares - avait été en fait sous la juridiction carliste. Il s'agissait véritablement d'un Etat avec ses frontières et ses douanes, sa monnaie et son système télégraphique. Un état reconnu par les puissances étrangères comme la Russie, la Prusse, l'Autriche. Une université, celle d'Onate, en langue basque et de nombreuses écoles sont fondées. Il est entendu qu'aucune modification n’interviendrait sans l’accord du roi et des députations provinciales.
1857 - [p. 22-23]
Quand nous vivions à la campagne, nous sortions pour contempler la nuit, immense et tranquille, soeur de toutes les nuits du monde.
1859 - [p. 84-85]