Elle a tout de suite aimé avoir ses règles. Elle ne comprenait pas pourquoi autour d'elle les femmes en parlaient comme d'une calamité.
En prévision de ces jours d’incertitude, elle apprit à dissimuler. Ce n’était pas si compliqué. Les hommes sont faciles à duper pour la désolante raison que, la plupart du temps, ils méconnaissent gravement le corps de la femme. Ce mensonge par omission était possible en début ou en fin de règles. Il s’agissait de se laver juste avant de faire l’amour et de ne pas s’attarder au lit une fois la chose accomplie ; le mieux était encore d’élire un autre lieu que le lit. Elle était toujours un peu honteuse de ces manipulations, mais puisque la cause en était le plaisir… Le sien, bien sûr, mais celui de l’autre aussi.
Les hommes semblaient concevoir une satisfaction immense à donner du plaisir, cela les emplissait d’un sentiment de puissance qui les rendait heureux. Et elle aimait rendre les hommes heureux de cette façon.
Mon entrejambe, lieu secret et maritime, piscine intérieure bien gardée, océan vivant aux senteurs d’iode, recherche explorateur aventureux et passionné pour redessiner à deux la carte des eaux.
Il paraît que beaucoup d’homme ne rêvent que d’arracher les fins barrages que nous constituons. Le petit string amande a finalement disparu à la poubelle, cimetière des chaussettes et des dessous. Nous l’avons pleuré quelque temps, et puis il fut remplacé. C’est notre lot. Mourir de vieillesse, de décolorations – l’eau de Javel est un ennemi redoutable –, de chaleur excessive ou bien de lacérations délictueuses…
Il m’enveloppe de mots d’amour « cucus » qui s’accrochent à mes broderies. Idiote, comme toutes les femmes, ses mots échouent en Credo sur mon cœur d’artichaut. Cependant, j’ai l’impression qu’il trame un méfait. Son œil s’allume parfois de verts éclairs de mauvais augure. Cela excite beaucoup Mélissa, mais la frayeur me gagne. Les hommes sont si imprévisibles.
« Combiné, combiné…» Je n’aime plus du tout ce mot. Il est plutôt héritier de « combine » que de « galanterie ».
Des émotions nous déploient et nos élastiques s’étirent, s’étirent. Le merisier recèle tant de charge érotique qu’un jour, il implosera. Souvent j’entends ses craquements et ses soupirs de jalousie. Le tiroir n’a pas notre chance : il ne sort jamais.
Tout est permis tant que « l’amour humain ne se distingue du rut stupide des animaux que par deux fonctions divines : le baiser et la caresse ».
Aimer fait souvent mal, mais elle s’en fout pas mal car elle sait qu’après, ce n’en sera que meilleur et puis c’est un jeu, alors…