Marianne Bonnard

Dans ce décor magique, où les loups chantent sous la lune, où la nature érige des cathédrales vers le ciel et où la lumière peine à atteindre les tapis de mousse et de fougères, les ancêtres de Sakari ont mené une vie paisible, laissant pour seule consigne à leur descendance de protéger ce trésor de la nature et d'accueillir ceux qui cherchent leur chemin. Ainsi chaque année, lorsque les baleines migrent au Sud, Tom et Sakari avaient décidé d'accueillir un étranger pour l'aider dans sa quête personnelle. Il y eut des temps où personne ne vint, et d'autres où l'étranger resta plusieurs années. cet accueil était non seulement une manière d'honorer les ancêtres, mais également un plaisir, celui de partager, échanger, apprendre. Pour moi, c'était avant tout une contribution, aussi minime soit-elle, à un monde meilleur.

Paola les attendait devant la maison. dans sa parure noire, recroquevillée sur les marches du perron, on ne distinguait que ses yeux clairs. Même à plusieurs mètres, dans la voiture, Florence sentit le poids de ce regard téméraire. intimidée, elle n'osa pas sortir de la voiture.
Quand la veuve se déplia, offrant son corps à la grâce, Florence tomba littéralement en adoration. Sa crinière noir, vigoureuse et sauvage, imposait le respect, et ses yeux, qui de loin soumettait le regard, dégageaient dans l'intimité une infinie tendresse.