Sur quelles échasses ou par quels échelons êtes-vous descendu ces jours-ci au fond des mers?
L’ENFANT DE FEU
Pour Yvonne Perin.
Que ferais-je d’un pareil enfant.
C’est un fardeau qu’on ne prends pas
sur les épaules.
Il a construit des colonnes de pierre
des châteaux de pluie,
pour se cacher dedans.
Il allume au milieu de la neige
une maison rouge ô mon enfant.
Il est sorti de moi comme les cloches
du matin.
J’ai un enfant de feu
qui joue avec la lune.
Il dort dans les étoiles,
marche dans les nuages.
Mais la Terre, lorsqu’on le voit passer,
le déshérite et le renvoie du pied.
Mon pauvre enfant vilain et triste
Je n’ai pas trouvé de chaussures
à sa mesure
Je n’ai pas eu de vêtements
pour l’habiller.
Le voici nu comme une feuille
ô mon enfant.
J’ai ramassé sur mon chemin
un enfant rouge
comme une fleur de feu,
qui tremble dans ma main.
LES ENVOLÉS
Nous voulons quitter la famille natale
et notre natale bruyère.
Là le ciel n’a plus d’échelons
pour les enfants de la révolte.
Nous voulons quitter
la maison barbare et non inspirée :
dans les doigts de feu, les pinceaux, les flammes.
Le vent insoumis sera pour le cœur,
une autre musique.
Voici le printemps que nous attendons
devant chaque braise.
C’est nous les oiseaux.
Nous le pain vivant caché sous la terre.
Nous avions prié les fleurs de passage
de pénétrer dans notre chambre :
les graines cet été, se sont promis fidèles.
Nous avons saisi par la bride
les grands chevaux qui galopaient.
Mais ces oiseaux, tournant la tête
se sont enfuis pour voyager.
Nous sommes veufs, privés de vivres et de remords.
Nous allons au pays sans routes, ivres et gais.
Je n’avais pas le front amer, l’œil rouge,
je n’étais pas puni,
je n’avais pas péché.
— Je suis la couleur verte de la terre.
J’ai connu toutes les roueries
J’ai connu toutes les roueries
j’ai gravi l’échelle de tout mon désir
avec un petit manteau d’écolier
posé sur les épaules…
Nous aurons la vengeance des doigts…
Nous aurons la vengeance des doigts
plus intelligents que nous-mêmes
ornés des belles griffes des délices urbaines.
Notre superbe cri de bête assidue
à la poursuite
de forêt en forêt de blasphèmes
– jusqu’à à ce que mort s’ensuive.
[…]