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Citation de Nieva


Nieva
24 septembre 2021
Les livres que nous lisons à nos enfants sont pleins d’ours, de tigres et de lions. Nos enfants s’endorment en pensant aux animaux. Nous les élevons avec et contre les animaux ; comme si l’urgence, à leur naissance, était de leur signifier que nous sommes différents, différents et supérieurs. Nous accordons pensée et parole aux animaux, mais en les affublant de notre humanité. Nous en faisons des monstres ou des peluches. Mais l’expérience que fait l’enfant de son doudou contredit fortement l’Encyclopédie : les yeux de verre ou de plastique sont ouverts dans la nuit. L’animal veille sur le sommeil de nos petits.

Et nous cachons le plus longtemps possible à nos enfants que leurs compagnons du coucher sont « en voie de disparition ». L’absence à venir des tigres et des lions. Le massacre des éléphants et des abeilles, mais aussi des bourdons et des vers de terre et de tous ceux qui ne sont ni dans les contes, ni dans notre héraldique, ni dans le viseur direct de notre rapacité. « En voie de disparition » est une expression fallacieuse héritée des années 1980. Il faut parler, comme Derrida dans son dernier séminaire, de « guerre totale aux animaux ». La différence ne passe pas tant entre nous et les animaux, qu’entre le « tuable » et le « non-tuable », comme le détectait Donna Haraway. Et pour rendre tuables les humains, il suffit de les animaliser. Les massacres d’humains sont autorisés par les massacres d’animaux.

La guerre est là, la guerre aux animaux, la guerre aux « tuables ». Nous dormons sur leurs cadavres. Cette guerre a produit une telle masse de tués qu’il ne reste plus, désormais, que 4 000 tigres à l’état sauvage, et 5 000 dans les zoos.
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