Je comprends surtout que le monde est mal fichu : lorsqu'on a une étiquette on arrive encore à trouver sa place, par contre quand on en a deux qui se superposent, ça devient plus difficile. En fait, Jonathan il n'a pas de place dans les rayons du supermarché de la vie. (p.27)
Quand il pense, je me demande s'il pense avec des mots, comme nous, s'il connaît beaucoup de mots mais qu'il ne peut pas les dire, ou s'il a des mots à lui, des mots qu'il a inventés, ou même pas de mots du tout. Est-ce qu'on peut penser sans les mots ? (p.115)
Elle avançait à petits pas, regardant autour d'elle avec beaucoup d'attention. Parfois elle demandait le nom des fleurs ici ou là et Gaël ne savait pas toujours lui répondre.
Mourir à un an ou mourir à cent ans, qu'est-ce que ça change ? Ça ne fait pas plus de peine ou moins de peine à ceux qui restent. C'est pas parce qu'on a eu le temps d'y penser qu'on est préparé. C'est pas parce qu'on est vieux que c'est moins triste.
Déjà, je sais une chose : je suis d'ici parce que je suis née ici, parce que j'ai grandi ici. Je suis d'ailleurs, de plein d'ailleurs et de beaucoup de façons. Je devrai trouver en moi-même le chemin de mes racines de palmier. (p.150)
- Je voulais dire, t'es pas un immigré banal.
- Voilà ! Un immigré banal maintenant. Mais il n'y a pas d'immigré banal quand n'importe quelle forme de malheur contraint à quitter le pays où on vit. (p.125-126)
Elle est têtue, Petite Souris.
Elle répète :
- c’est mon boulot.
Y a pas de mauvais temps pour les petites dents.
S’il y en a une sous l’oreiller, il faut y aller.
Moi, par contre, j'ai le droit de lui poser des questions sur son histoire, parce que c'est mon histoire. J'ai le droit de savoir d'où je viens. (p.106)
La mort c'est la plus grande vacherie qui existe. À quoi ça sert de vivre, puisqu'on finit toujours par mourir ?
C'était donc ça la vie, ce mélange d'émotions, de joies et de peines?