Maman, elle était gentille, mais toujours à s'inquiéter de rien. Elle pensait de ces choses, on savait pas pourquoi. Que j'étais malheureux, par exemple. Elle disait 'Pauvre gosse, dire qu'il va jamais connaître le bonheur !'
A ce moment de ma vie, moi je m'en tapais un peu de pas connaître le bonheur. Vu que je connaissais la soupe, les chansons de maman, et que des choses intéressantes comme dormir dans la meule de foin, ou dénicher les oeufs des poules, ou monter derrière sur le camion de Jean pour aller au village et crier bien fort tout du long.
Alors qu'est-ce que j'en aurais eu à foutre du bonheur, si je peux dire ?
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