Elle ne pouvait plus crier mon nom, ni même le murmurer. Ni le mien, ni aucun autre. Sauf que moi, je suis mort le jour où elle n’a plus pu dire mon nom…Elle s’appelait… Non, en réalité, elle s’appelle toujours Hélène, et c’était ma meilleure amie. S’appelle, s’appelait… Était, est… Ne sera plus. Jamais.
Dans les films, quand les gens ne se sont pas vus depuis longtemps, ils se cherchent du regard, doutent et puis se reconnaissent avant – enfin ! – de se précipiter l’un vers l’autre, de se jeter dans les bras l’un de l’autre, tournant et virevoltant sur eux-mêmes, fermement enlacés. En vrai, ce n’est pas aussi simple. En tout cas pas pour moi. Pas avec lui. Pas avec Max.Quand je l’ai vu, debout à côté de la femme, je me suis comme pétrifié, d’un coup. Je ne sais pas pourquoi. J’avais tellement hâte de le revoir et soudain, on aurait dit que j’étais terrorisé. Incapable de mettre un pied devant l’autre pendant de longues minutes.
« Ce n’est pas “le monde” qui considère que vous êtes responsable de ce qui s’est passé », radote docteur Shlagah chaque fois que nous nous voyons, et qu’il se lance dans une de ses fastidieuses et inutiles tentatives de me faire admettre qu’il ne s’agissait « que » d’un accident. « Ce n’est pas “le monde” qui vous rend responsable ! Ne vous donnez donc pas autant d’importance, jeune homme ! Le monde ne vous connaît même pas ! Et je vous assure que dans “votre monde”, tout le monde est d’accord avec moi : c’était un accident ! »
D’après sa psy, Max avait besoin de passer du temps avec moi, parce qu’il était trop petit pour comprendre tous ces bouleversements liés à ce qu’elle appelle sûrement « l’accident », elle aussi. Selon elle, le plus difficile à appréhender n’était ni Hélène, ni l’intense tristesse, cette noirceur qui soudain avait chassé la joie de notre vie. Le plus difficile, pour Max, c’est que j’avais comme disparu. Et qu’il ne comprenait pas pourquoi.
Shlagah m'avait prévenu : mon état ne serait pas linéaire. "Chaque maladie, chaque guérison, m'avait-il dit, connaît des hauts et des bas. C'est valable aussi pour la dépression. Attendez-vous à aller parfois très mal après vous être senti mieux. Vous allez guérir par vagues, ne vous en inquiétez pas. "
Ce que nous devons, ou ce vers quoi nous devrions tendre, nous humains, c'est de l'accepter, d'apprendre à vivre avec et de faire en sorte que nos blessures nous construisent au lieu de nous détruire. Nous devons garder des cicatrices, pas des plaies béantes.
l 4 page 3
nous sommes tous des enfants nus courant sur le sable blanc de l'hetyiopie
Doit-on interdire aux enfants de prendre de la hauteur, par crainte qu'ils ne tombent ?
Moi, des sourires, je lui en fais. Autant que je peux, même si je dois me forcer. Mais tous ont la douceur d’un jus de citron, le matin au réveil. On dit que les sourires sont contagieux. Les miens sont flippants, même pour moi.
page 1 : cdi lycee champo le sang de la couette 349852 exemplaire 9859478521
je la trouve fabuleuse