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Citation de aiehuhle


Le coma est un état étrange. Nous en savons peu de chose, mais les personnes qui sont sorties de cet état disent qu’on entend ce qui est dit autour de soi et que l’on sent la qualité affective des paroles et des gestes. Il semble aussi qu’un travail intérieur se poursuive dans les souterrain de l’être. C’est un état mystérieux que l’on a envie de respecter car il s’y passe peut-être des choses importantes, et il faut être assez humble pour accepter de respecter ce que l’on ne comprend pas. J’ai pour ma part quelques hypothèses. Je pense notamment que le coma est une sorte de refuge quand les choses deviennent trop lourdes à porter, mais qu’il est encore trop tôt pour mourir, parce que tout n’est pas réglé. J’ai souvent eu l’impression que les personnes dans le coma donnaient ainsi le temps à leur entourage de se préparer à la séparation ultime. Certains attendent aussi la visite de quelqu’un, ou bien une réconciliation qui ne s’est pas encore faite. Je raconte à cette femme en face de moi comment un homme a attendu ainsi trois mois, dans un coma profond, la visite de sa fille de quatorze ans, dont la famille empêchait sa venue, craignant qu’elle ne soit trop impressionnée par le changement physique de son père. Cet homme a pu mourir le lendemain du jour où sa fille est venue lui dire adieu. Comment ne pas interpréter ce coma comme une longue attente ? D’autres attendent tout simplement qu’un être cher, qui leur est douloureusement attaché et les raccroche à la vie, leur donne la permission de mourir. Je fais donc part de mes observations à la mère de Valérie, qui se demande en effet pourquoi sa fille, qui exprimait il y a trois semaines son désir de mourir, juste avant de tomber dans le coma, est toujours en vie. « Y a-t-il quelqu’un dans votre entourage qui ne soit pas prêt à la mort de Valérie ? ». La femme semble chercher, mais ne trouve pas. […] Le lendemain de cette conversation, Valérie est toujours là dans son sommeil. Elle ne réagit plus depuis longtemps, ni quand on l’appelle par son prénom ni quand on la touche. Elle semble être vraiment dans un coma profond. A midi, son père et sa mère arrivent [...]. Ensemble, autour du lit, ils entourent Valérie. Sa mère, prend alors la parole et s’adresse à sa fille, avec chaleur, avec émotion : « Ma chérie, nous sommes là autour de toi, nous t’aimons. Tu nous as apporté à travers ta vie, et surtout les derniers temps de ta maladie, tant de choses que nous ne pourrons jamais assez te remercier. Sois bénie et va ton chemin, nous restons avec tout ce que tu nous as laissé de si précieux et qui aidera à continuer notre chemin sans toi, va, va maintenant. » A cet instant précis, Valérie est sortie de son profond coma. Elle a ouvert les yeux, a regardé ses parents. Puis elle leur a fait un petit signe de la main, en disant « ciao », d’une manière un peu désinvolte, comme elle le faisait toujours, et son souffle s’est suspendu sur ce dernier au revoir. C’était fini.
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