Il y a toute une science des noues, même s’il n’y a pas de code cartographique pour les identifier ; une science qui se transporte aujourd’hui jusque dans les villes, en hydraulique alternative, pour qu’on puisse se passer des tuyaux et des canalisations enterrées (on fait, ou l’on voudrait bien faire, des noues au cœur des villes ; à Boston, par exemple, où des fossés plantés permettent désormais de stocker l’eau en plein quartier, et sur ces traits de verdure réapparaissent des insectes, des oiseaux…). Il y a toute une science des noues, comme il y avait jusqu’à peu des « gardiens de la Loire », sur les levées sableuses qui la bordent. Ils gardaient le fleuve en effet, le surveillaient, attentionnés et vigilants ; et ils se gardaient du fleuve, de cette Loire non pas exactement sauvage, elle qui fut au contraire le premier fleuve aménagé (le premier à susciter des pratiques, des techniques, des soins, un savoir-vivre avec l’eau), mais peu à peu réensauvagée.