: " À qui appartiennent les nuages" est un roman illustré à proposer à partir de 9-10 ans.
C'est un texte subtil et sensible qui méritera de prendre le temps et de choisir le bon moment pour le découvrir.
Il en appellera à notre coeur.
Il nous aura fallu deux prises de contact avec cet album.
La première fois, nous avions été sensible certe au style rétro de l'illustrateur Gérard Dubois, d'un noir et blanc pourtant inattendu.
Ce n'était pas le moment idéal pour rencontrer l'album si nous n'avions pas le temps d'entrer correctement dans son histoire.
Il aura fallu laisser le temps au temps, sur une deuxième tentative à la pause plus calme, pour se laisser pénétrer par cette histoire forte de Mario Brassard.
De quoi cela parle t-il?
C'est un souvenir.
Il est d'une vive intensité, à cause du contexte. Il sera remémoré avec douceur et en famille par l'enfant de ce souvenir devenue adulte.
Les détails seront sporadiques, ces contours flous, suivant la mémoire, le regard de cette enfant de l'époque.
À partir d'une photo prise par son père, nous comprendrons que la jeune héroïne tentera de rediscuter avec sa famille du moment qui y figure.
Chacun aura, nous dit-on, une version de ce qui s'est passé, son propre souvenir, ses bouts de vérité quand ils y étaient ou qu'on leur a raconté.
L'héroïne vivant à présent dans une ville comme la notre, profitant d'une sécurité et d'un quotidien banal insolent, se rappellera petite avoir eu peur, avoir regardé dans le ciel, le corbeau et les nuages.
Elle savait pourquoi des nuages noirs venaient se mêler aux nuages blancs.
Les nuages blancs appartenaient au ciel, mais par jeu c'était aussi les siens, là où il n'y avait pas à imaginer qu'ils venaient d'une maison brûlée.
L'héroine se souviendra avoir beaucoup marché, d'avoir été très fatigué et d'avoir beaucoup rêvé de ce qu'elle savait et de ce qu'elle ne savait pas.
L'imaginaire et l'innocence de l'enfant feront un peu le reste...
"À qui appartiennent les nuages" est un texte en direction de la jeunesse sur l'exil, sur les pays sous le fachisme (des détails dans les images ne laisseront pas de doute même si l'enfant aura été préservé d'une part des explications).
Nous imaginerons une enfance sous ce régime.
Le souvenir restera marquant, la jeune femme adulte restera marquée, même sauve. Le texte nous montrera que l'on ne se remet pas de tout mais que l'on va de l'avant et que les personnages de cette histoire chériront sans doute la chance de pouvoir se retrouver autour d'une table et de pouvoir composer l'évènement de la photo au passé.
Un album à découvrir qui peut servir de départ délicat pour amorce une discussion sur le sujet avec un jeune public pré-ado.
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Aucun de mes mots ne conviendra pour parler de cet album. Je ne saurais pas vous raconter l'énorme gifle que je viens de prendre. Une seule chose dont je sois sûre et certaine : quand on a le talent de Mario Brassard et Gérard Dubois, on peut tout raconter aux enfants, même l'horreur, avec subtilité, poésie et intelligence. Messieurs, je suis extrêmement fière, en tant que bibliothécaire, de pouvoir proposer votre ouvrage, si essentiel, aux enfants d'un petit coin de France. Un grand merci à vous et aux éditions de La Pastèque.
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J'ai eu un véritable coup de cœur pour ce sublime album, profondément triste mais tellement touchant et poétique.
Les illustrations en noir et blanc, parfois rehaussées d'une touche de couleur sont empreintes de nostalgie, et les textes subtiles confèrent à cet ouvrage exceptionnel une aura mystérieuse.
à découvrir et faire découvrir au plus vite !
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Un rêveur frustré et jaloux broie du noir de l'enfance jusqu'au crépuscule de sa vie, allant de déceptions en déceptions. Le personnage ne m'a jamais paru sympathique et vit des aventures tirées par les cheveux (le 4e Beatles, vraiment?). Quant à l'écriture, bien qu'elle démontre un fort penchant pour la figure de style et la poésie, j'ai trouvé le tout toujours trop enrobé, voire ampoulé.
« avec, dans la pupille, quelque chose du chat se réveillant après un rêve garni à souhait de souris dodus »
« Frangin allait, ma foi, mieux qu'un champ de tournesol par une belle journée d'été »
Je n'ai pas accroché du tout. Dommage. J'avais pourtant aimé La saison des pluies et Quand hurle la nuit.
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Le deuil sujet profond et au combien difficile à apporter. Au Québec, nous sommes souvent porté faire de la pédagogie même durant un roman jeunesse. et celui-ci en est la preuve. Le roman fait pour expliquer aux enfants le deuil mais malgré une certaine poésie de l'auteur Mario Brassard j'aurais voulu voir traverser l'épreuve de la perte de son père. Oui, c'est décrit en peu de mot, utiliser la pluie comme métaphore n'est pas très original Hollywood fait la même lorsqu'un personnage est déprimer. Cela aurait pu se produire durant une magnifique journée d'été au d'automne mais rien dans les couleurs à part le gris. Jouer sur les contraste aurait pu apporter beaucoup selon à l'histoire. Bonne lecture !
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:Un petit bijou. Une grande sensibilité et compréhension de l’univers de l’enfant face à une terrible souffrance, la mort de son papa. L’auteur à une façon colorée et imagée pour nommer des vérités tout en harmonie.
Citation : « Je ne savais pas ce que je devais faire. Ce que je devais dire. C’était la première fois qu’il mourait. Tous les yeux étaient fixés sur moi. À l’exception des yeux de papa, fermés à jamais »
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Voici un cas parfait pour imager l’expression « l’habit ne fait pas le moine »! L’illustration en page couverture est assez répulsive : couleurs fades, mise en page dénudée… tout le contraire de ce qui meuble l’intérieur de ce mini-roman où même l’illustratrice, Suana Verelst (native de Belgique), réserve de belles surprises malgré la mauvaise impression laissée par l’aspect extérieur du livre. C’est d’ailleurs ce qui explique le fait que l’ouvrage ait reçu autant d’honneur : plusieurs fois finaliste à des prix prestigieux et lauréat de deux d’entre eux.
L’écrivain Mario Brassard offre ici une histoire émouvante d’une soixantaine de pages et présentée avec ces gros caractères typiquement pensés pour faciliter la lecture des enfants de 8 ans et plus. Clientèle qui, dans ce cas précis, a peu de chance de lire elle-même le récit : ce sont les parents, les grands-parents, les enseignants et les animateurs qui sauront rendre justice à celui-ci en l’introduisant auprès des jeunes. Parce que l’histoire traite d’un sujet difficile et sensible, parce qu’il oblige à vivre des émotions tristes, parce qu’il fait réfléchir aux conséquences de la mort d’un parent. On est donc très loin de l’intérêt premier des éclats rire, de l’évasion et de l’action recherchés par les enfants. Malgré tout, le livre est un vrai bijou pour aider à comprendre les moments difficiles, avec des mots simples, justes et touchants.
La narration est assurée par un garçon qu’on imagine autour de 5 ans, vu sa façon très enfantine de voir les choses ainsi que par les nombreuses illustrations faites de celui-ci. Le jeune enfant annonce d’emblée, en première ligne de l’histoire, la mort de son papa. Il ne comprend pas bien, n’arrive pas à s’approprier cette dure réalité avec laquelle il doit jongler et il nous livre, sous le couvert de la confession privilégiée, ses pensées sur ce qu’il vit. L’enfant raconte avec ses mots à lui, avec parfois des accents de poésie qui s’ajoutent aux charmes de ce récit.
Une histoire à découvrir, pour ceux et celles qui savent aller plus loin que l’aspect peu flatteur qu’emprunte parfois la couverture d’un livre, bien malgré elle!
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