-Grimpe dans la cheminée, ordonna le famulus en poussant sans ménagement le Nain dans la pièce. Il y a quelque chose qui bouche le conduit.
-Et pourquoi ne jetterais-tu pas un sort, grand famulus ? Es-tu l'un des meilleurs, oui ou non ?
-J'ai besoin de toi pour ce cas-là, refusa-t-il catégoriquement. Tu n'as aucune idée de ce qu'est la Magie, Nain. Allez, vas-y, mes élèves attendent d'y voir plus clair.
Tungdil entendait de temps à autre des toussotements et des raclements de gorge.
-Et le mot magique ?
-Hein ?
-Ne fais pas l'innocent, grand famulus. Tu connais toutes les formules, y compris celles de politesse.
Les apparences sont faites pour être ignorées, car même dans la plus petite et la plus étrange des créatures peut battre le plus grand des cœurs. Quiconque ferme les yeux par présomption ne verra point ce suprême Bien. Ni en lui, ni en autrui.
— Et le mot magique ?
— Hein ?
— Ne fais pas l’innocent, grand famulus. Tu connais toutes les formules, y compris celles de politesse.
Le visage de Jolosin fit la moue.
— S’il te plaît.
— Eh bien voilà
Il était difficile de croire que leurs beuglements, leurs grognements et leurs hurlements constituaient en fait un système permettant de tenir de véritables conversations. Les érudits étaient parvenus, grâce aux révélations d'Orcs prisonniers, à percer les secrets d'une langue qui recelait des quantités énormes de menaces et d'injures.
-Il faut qu'on te trouve un autre nom, grommela-t-il tout seul. Bolofar, c'est comme si je disais Lissemiff, Podeflan, ou Ploufmanchon. C'est bête, ça ne veut rien dire, et ce n'est surement pas un nom de Nain honorable. On trouvera bien quelque chose en chemin. (Il regarda vers Tungdil.) Y-a-t-il des choses que tu sais mieux faire que d'autres ?
-Lire...
-Lire ? Dans les livres ? s'étonna Boendal sur un ton amusé. Ah ça, on l'avait déjà remarqué tout à l'heure, monsieur l'érudit. Mais tu avoueras qu'il y a quand même mieux comme noms honorables que Feuilleteur ou Papivore.
-Le savoir c'est important !
-Ah oui, contre les Orcs, cela aide drôlement, comme on l'a vu, continua-t-il de le taquiner. Un verset bien choisi et ils étaient à ta merci.
Je veille personnellement à ta vie puisque je veux être celle qui te la
prendra.
Le temps du deuil était achevé, celui de la haine et de la vengeance
était venu.
Nains et Montagnes ont ceci en commun : on ne peut les vaincre qu'avec un lourd marteau et une infinie endurance.
—Tu écoutes aux portes ?
—Non. Mon oreille se trouvait
malencontreusement dans les parages, se défendit-il en arborant une mine innocente. Et les murs sont diablement fins. (Il frappa contre la pierre de taille.) Enfin, à certains endroits.
Peut-être est-ce la destinée d’un héros de succomber aux affres du
doute. Cela le préserve de se sentir trop supérieur.