Critiques de Martha E. Heesen (8)
Les deux frères héros et narrateurs de ce livre s’appellent Jan et Toon. Et pourtant, chacune des nouvelles qui le constituent a pour titre un autre prénom, que l’on devine être celui d’un enfant … C’est que nous avons affaire à une famille d’accueil et ce roman par épisodes, presque des nouvelles, nous présente quelques uns des jeunes qui séjournent chez eux. Pour Toon et Jan, ce choix des parents est évidemment lourd de conséquences : il est difficile de partager ses parents, d’accueillir dans une fratrie constamment élargie et transformée des nouveaux venus souvent chargés de lourds fardeaux, de les voir ensuite partir pour d’autres horizons … Patience, empathie, mais aussi exaspération, énervement, ces sentiments se succèdent chez les deux frères face à ces enfants en transit. Le lecteur, lui, découvre une belle galerie de portraits, parfois graves, parfois, drôles, toujours attachants.
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Livre traduit du néerlandais.
Le sujet est intéressant, l'accueil, par un couple, d'enfants en difficulté, pour une période souvent brève, et la réaction des deux garçons du couple. Qui ont parfois du mal à admettre que cet accueil perturbe autant leur vie de famille.
L'aîné réagit en s'intéressant essentiellement à ses performances en natation, et en maltraitant légèrement les enfants qui arrivent.
Le plus jeune, le narrateur, essaie souvent au contraire de les aider, et selon leur caractère apprécie quelquefois de ne pas être seul avec ce grand frère qui monopolise l'attention des parents et ne s'intéresse guère à son petit frère.
Mais ces enfants accueillis portent leurs charges de problèmes, et il est rarement facile de s'en faire des amis. Quand c'est le cas, ils s'en vont.
J'ai à plusieurs reprises été agacée par l'attitude des parents. Même si on comprend bien que ces enfants ont vraiment besoin d'affection et d'attention pour se reconstruire, il semble que les parents sont peu à l'écoute de leurs propres enfants, et de leur détresse devant ces situations. Connaissant "en vrai" de ces familles où l'attention aux autres prime, et où de ce fait les enfants légitimes ne sont pas vraiment heureux, on est sensible à ce genre de situation. D'autant qu'ici le narrateur, l'enfant le plus jeune, ne nous donne bien entendu que son point de vue.
Mais ce qui m'a le plus gênée dans ce roman, c'est que chaque chapitre, avec l'arrivée d'un nouvel enfant accueilli, est presque indépendant des autres. J'ai été déçue, à la fin du premier chapitre, quand j'ai vu qu'on ne savait rien de la suite de cet enfant, et qu'on passait à autre chose.
Il est probable que ça correspond au ressenti des garçons de la famille : chaque accueilli passe chez eux un temps bref, et il n'en entendent plus parler. Mais j'ai trouvé cela décevant.
J'ai eu chaque fois l'impression de quitter une histoire inachevée, et je pensais qu'à la fin, on aurait quelques pistes d'explication sur certains enfants, mais non. Juste deux lettres reçues à un moment.
En définitive, un roman avec beaucoup de choses intéressantes, mais dans lequel je ne suis pas vraiment entrée.
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On le voit bien au travers de certains cas, Rufus et de "son ange gardien" Joséphine, Jéré qui replonge en enfance et joue au Lego ou la berceuse qui sort Abigaïl de son mutisme. D'autres épisodes sont néanmoins drôles et montre à quel point, ces arrangements peuvent bouleverser le quotidien, l'épisode de Milo en tête. L'analyse est fine, l'histoire replace l'enfant en tant que personne, capable du pire comme du meilleur. Accueillir ses enfants au foyer en péril, c'est recevoir aussi leur douleur et leurs blessures. On ne tombe à aucun moment dans le pathos. Un roman intéressant et subtile.
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Petrus vit avec sa mère, son père et son petit frère Boniface, qui est un peu spécial et s'échappe souvent sans prévenir personne. Petrus est le seul à savoir où le retrouver. Un jour arrive un drame, et la vie quotidienne ne sera plus comme avant. Un beau roman, poétique et émouvant.
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Je suis très déçue par ce roman.
Bien sûr, c'est un roman destiné aux plus jeunes, je ne m'attendais donc pas au grand frisson mais tout de même... La quatrième de couverture promettait bien plus que ce que contient le livre.
En effet, le jeune Gus n'aperçoit pas du tout le fantôme qui n'apparait jamais clairement s'il existe.
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La famille d'accueil vue par un des enfants du couple. Chaque nouvel enfant a sa personnalité, et les deux garçons y trouvent plus ou moins de plaisir, d'avantages et d'occasions de grandir.
Le jeune narrateur est plein d'humour et de lucidité. L'abondance des dialogues rend le récit très vivant.
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Lecture Jeune, n°130 - juin 2009 - Le Jour de toutes les dernières fois est le récit intime et grave d'une journée concentrant tous les non-dits, les tensions et les insurmontables blessures d'une famille endeuillée. Petrus, le grand frère raconte, de manière très personnelle, ce jour suivant la fugue nocturne de Boniface, son petit frère de 7 ans, peintre inné, observateur impassible des choses et grand rêveur. Au récit de cette journée se greffent les souvenirs doux-amers de la vie « d'avant », celle où leur mère était encore vivante. Le lecteur assiste ainsi à l'apogée mais aussi au début de la résolution des tensions qui existent entre le père et les deux frères, incapables d'extérioriser leur souffrance : « C'est fou les larmes. Celles de Boniface sont tombées sur le plancher, devant ses pieds. Les miennes ont commencé à couler malgré moi. Moi non plus, je n'étais pas habitué. [...] Cela avait été la journée la plus longue de ma vie. » Il ne se passe rien à proprement dit dans le roman, rien, si ce n'est « tout » ou le spectacle de la vie qui s'écoule, avec son lot de blessures et de souffrances, et notre tenace incapacité, parfois, à les verbaliser. Le roman est servi par une écriture très élégante (et une très belle traduction) qui reproduit avec justesse le poids des silences et des non-dits pesant sur cette maison. Un roman dur (et qui ne sera réellement apprécié qu'entre les mains de lecteurs sensibles à son côté très littéraire), qui aborde la thématique du deuil avec grâce et pudeur. Marianne Joly
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