Martin Schwarzbach

Benndorf a placé en tête de sa notice sur Wegener une citation qu'il a trouvé dans un des carnets de celui ci ; peut être est-elle de lui, et en tout cas elle s'applique bien à lui : "Tout homme qui désire réaliser quelque chose de remarquable en ce monde ne peut espérer réussir qu'à cette condition : je veux y parvenir ou mourir."

La raison pour laquelle les idées de Wegener ont suscité un intérêt inhabituel tient en partie à ce qu'elles sont faciles à comprendre, pour l'essentiel, même pour les profanes. Lisons simplement les quelques phrases presque poétiques par lesquelles Hans Cloos résume son hypothèse :
"Elle proposait une conception facile à comprendre, sensationnelle et stimulante, fondée sur des données scientifiques. Elle détachait les continents des profondeurs de la Terre et les transformait en icebergs de gneiss sur une mer de basalte. Elle les faisait flotter et dériver, se détacher et se heurter. Là où ils se séparaient ils laissaient des failles, des fissures, des fossés. Là où ils se heurtaient, se formaient des chaînes plissées."
On peut facilement expliquer une bonne partie de toute cela à un écolier de 12 ans suffisamment éveillé.

L'idée de Wegener est pour Von Ihering une "fantaisie de géophysicien" qui devrait s'évanouir comme une bulle de savon. D'autres encore n'épargnèrent pas les remarques polémiques et parlèrent des "phantasmes fiévreux de ceux qui sont sévèrement atteints de la maladie des rotations crustales et de l'épidémie du déplacement des pôles".