William pleurait de douleur et de joie, il souffrait le martyr, mais il avait rencontré deux amis, un homme des bois extraordinaire et un loup déguisé en chien. Pourraient-ils l'accompagner à New Town pour effectuer leur déposition ? Il le leur demandait instamment. Pour Oswald, c'était soudain une bouffée d'espoir, il avait rencontré un vrai policier et son chien était heureux. Malgré sa haine de la civilisation, il irait à la grande ville.
Il convenait néanmoins de procéder méthodiquement et d’analyser tous les dépôts de plainte du comté, puis, on élargirait. William Forest était sur le terrain et il ratissait les alentours de la maison des Elton ; on élargirait indéfiniment car il était vraisemblable que Richard avait été transporté plus loin. Elle émettait l’hypothèse d’une motivation sexuelle car Richard était très beau. Il pouvait avoir été enlevé par des marchands de corps. On surveillerait donc les embarquements et toutes les partances en direction de l’Orient Central mais aussi de l’Europa, qui était devenue une plaque tournante de tous les trafics.
" Nous sommes sur une salle affaire" tonitrua William, en entrant dans le bureau". L'inspectrice haussa les épaules avec résignation: " Oui nous piétinons et je sens un obstacle de taille" p.16
"Depuis quelques années, les disparitions se succédaient sans que l'on pût découvrir ni les corps ni les membres des victimes supposées. Des enfants, des jeunes gens se volatilisaient. Des animaux domestiques aussi" p 17
" Des vagues de goudron déferlaient, des plages se recouvraient de cendres, des corbeaux portaient des restes de corps." p.25
Les corps, dépecés vivants, les membres épars, produisaient un effet enivrant, l’odeur âcre des chairs ouvertes emplissait les narines et la bouche d’une saveur dense. Pour finir, les membres étaient grillés et servis aux convives de la célébration, quelques heures plus tard, après minuit, et les ripailles duraient jusqu’à l’aube, accompagnées de libations. Ces orgies grandioses étaient offertes aux entités ténébreuses mais Monsieur V. se défiait de tous ceux qui donnaient plus d’importance aux cultes qu’aux actes et voluptés.
La passion déferla dans les nerfs du tortionnaire, qui comprit à quel point il était perdu. Ce qui l’envahissait était presque innommable, tel un mélange de violence et de bonté. Il se rua sur le jeune homme et, l’escaladant sur son trône, le pénétra de tous côtés, en hurlant, gesticulant, pressant les chairs, les muscles, léchant tout après avoir répandu les breuvages sucrés, le miel et les élixirs aphrodisiaques, qui provoquaient d’interminables et réciproques érections.
Les visites du démon s'étant raréfiées, la pauvre femme éprouvait un manque affreux, car ses sens avaient été totalement envoûtés par les saillies généreusement dispensées au début, puis plus parcimonieusement afin que le désir s'accrût au fur et à mesure du retardement de l'effet. Elle était en manque depuis plusieurs jours lorsque son incube se manifesta enfin sous les aspects qu'elle lui préférait. Sa silhouette étrange se dessinait cette fois dans la clarté lunaire près d'une fenêtre délabrée et il dégageait une odeur vaguement pimentée, propre à la soumettre totalement. Le moindre de ses mouvements provoquait un torrent de désirs impurs, réduisant la misérable à s'agenouiller pour quémander son dû.
Il émanait de Helda un charme indéfinissable auquel nul ne pouvait guère résister. Il avait pensé : « C’est une charmeuse de serpents. » Le regard de Helda semblait percer les âmes et, de mémoire policière, personne n’avait jamais su résister à aucun de ses interrogatoires. Ses proies criminelles étaient aussitôt mises à nu et fondaient sous l’emprise d’une envoûtante vibration qui les privait de leurs capacités de mentir. Son amour de la vérité la transformait en miroir informant mais encore fallait-il qu’elle eût capturé le prévenu or ces enquêtes sur les portés disparus n’aboutissaient à rien. Les regrettés ne laissaient ni signe ni témoin.
Madame Elton était arrivée en larmes et s'était effondrée dans le bureau. Elle avait sans doute trop attendu avant de signaler le fait. Mais sait-on jamais si quelqu'un reviendra et à quel moment ? C'est là le problème. Les gens attendent des heures, quelquefois plusieurs jours et quand l'enquête commence, certains indices précieux ont, eux aussi, disparu. La pluie, le vent, les balayeurs effacent les traces. Le temps recouvre le drame d'une sorte de manteau silencieux.
La médiumnité est plutôt une charge pour tous ceux qui l'éprouvent réellement, seuls les charlatans s'en réjouissent, et Suzanne s'efforçait de refouler ses prémonitions et de taire ses visions. Depuis quelques semaines, des cauchemars la troublaient pourtant et elle sentait qu'un gros nuage allait passer. Il conviendrait sans doute de se remettre en activité de réception car des innocents paraissaient pâtir dans des tréfonds obscurs.
À maintes reprises, ils avaient dû refuser de défendre des clients abjects dont les manigances avaient causé des pertes ou des faillites irrémédiables. Ces escrocs avaient parfois gain de cause dans les procès car la vertu se défend souvent mal. Les cabinets concurrents étaient moins scrupuleux et le pays souffrait de cet amoralisme contagieux.