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Critiques de Martine Storti (8)
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L'arrivée de mon père en France

Calais, Lampedusa… Deux noms devenus désormais familiers, trop familiers hélas. Migrants, émigrés, réfugiés… Chaque jour ou presque, un article, un reportage. Il y a quelques années, ces lieux existaient aussi, avec leurs lots de migrants, mais on en parlait moins. Or je viens de lire le beau livre de Martine Storti, L’arrivée de mon père en France. Cette femme est allée à Calais et à Lampedusa il y a presque une dizaine d’années, à la rencontre de la « jungle » qui existait déjà, ou à la rencontre de ceux qui débarquaient déjà par milliers sur les côtes italiennes. Ce qui est intéressant dans ce livre c’est que son auteure, fille d’immigré italien, fait résonner l’immigration d’aujourd’hui avec celle des années 30, non pas pour dire « c’est la même chose », mais pour déceler ce qui fait écho entre ces deux moments, écho des mots, des politiques, des peurs, des solidarités. A travers une histoire singulière, celle de son père, arrivé en France en 1932, c’est l’Histoire collective qui s’énonce, tandis que se dit une réflexion et même une méditation sur l’exil, l’identité, la mémoire, la transmission, la condition ouvrière, le courage, la lâcheté… La mise en regard d’époques différentes est vraiment passionnante, elle est instructive aussi, à se demander si les fameuses « leçons de l’histoire » sont tirées autant qu’on l’affirme ! La lecture de ce livre est rendue agréable par le style qui varie selon ce qui est traité, du plus subjectif au plus collectif, du plus personnel au plus universel.
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Pour un féminisme universel

100 pages indispensables pour comprendre l'histoire (herstoire ?), puis l'évolution du féminisme, comment les combats des femmes sont toujours subordonnés par l'extrême-gauche à la lutte ouvrière. Comment on accuse le capitalisme pour mieux cacher les méfaits du patriarcat, ennemi commun de toutes les femmes, qu'elles soient bourgeoises, ouvrières, noires issues de l'immigration, ou blanches. Ainsi, il serait mal venu d'ester en justice pour viol quand on est femme, car ce sont ces pauvres opprimés ouvriers, puis ensuite les "racisés" qui seraient poursuivis par une justice forcément "bourgeoise" dans les années 70, forcément "raciste, blanche" aujourd'hui. Il ne vient à l'idée de personne d'opposer le même argument à un ouvrier ou à un homme "racisé" qui este en justice, pour eux la justice "bourgeoise et raciste" devient tout à coup acceptable. On le voit, les luttes des femmes ne sont pas prioritaires selon ces théories. Il est certain que l'intersectionnalité est un outil sociologique intéressant pour analyser les superpositions d'oppressions, mais elle ne vaut rien sur le plan politique, car là elle devient outil de division, un outil de concours de la plus opprimée, conduisant même à faire de femmes plus favorisées des oppresseures elles-mêmes, nous trompant ainsi sur l'ennemi principal ! L'universel, ce sont les femmes : quand les femmes gagnent des droits, toute la société en profite ; quand les hommes gagnent des droits, ces droits ne profitent qu'à eux. Et l'universel ouvre des possibilités, au contraire des lois religieuses ou de tout autre système de croyances qui imposent du particulier à tous-tes : une loi sur l'avortement n'annule pas le choix d'avoir 15 enfants ; une loi sur le voile protège les femmes qui ne le portent pas, mais n'empêche pas celles qui veulent le porter, dans les circonstances permises par la loi.
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Le féminisme à l'épreuve des mutations géopolitiques

Quel lien entre féminisme et géopolitique m’a-t-il demandé en voyant cet ouvrage? Le lien n’est pas si évident, en effet, pour celles et ceux qui ne pensent pas le statut des femmes, ne réfléchissent pas à l’évolution de leur condition de vie; pour celles et ceux qui ne sont pas habitués à interroger le rapport entre la société et ce fameux « deuxième sexe ». Ce livre, résumé d’une conférence organisée à Paris en 2010, est-il donc fait pour eux? Favorise-t-il la compréhension? Tisse-t-il convenablement le lien entre gépolitique et féminisme? La réponse aurait été plus efficace si elle venait de mon fiancé moins familier avec les thèmes évoqués. Pour moi, féministe convaincue, le lien est parfaitement tissé, le propos n’est pas à contester. Les changements économiques, politiques et sociales s’imposent aux féministes qui sont obligées de les prendre en considération pour penser l’émancipation des femmes. C’est la Chute du Mur de Berlin, la Révolution dite islamique en Iran, l’émergence de nouvelles puissances, l’évolution des rapports entre le Nord et le Sud, la mondialisation économique, le capitalisme financier brutal et meurtrier; c’est l’immigration et son rejet, la montée en puissance du religieux et son ambition politique problématique parce que démesurée. Ce sont des questions qui s’immiscent dans le débat intellectuel, politique et académique des féministes parce qu’elles interrogent les droits et libertés des femmes, parce qu’elles menacent les droits acquis, parce qu’elles prennent toujours en otage le corps féminin, objet de toutes les inquiétudes, de toutes les préoccupations. La vigilance oblige les féministes à reposer les termes du débat, à révéler les nouveaux mécanismes qui permettent encore et toujours la domination culturelle, politique, économique et sociale. Car s’il y a bien quelque chose qui n’a pas changé dans ce monde que l’on dit en constante évolution, c’est la représentation qui se fait de la femme, toujours objet mais progressivement sujet. Et l’ouvrage le montre avec efficacité. Sur la scène internationale – et bien sûre nationale – le statut des femmes est souvent un bon prétexte pour faire avancer des pions sur un échiquier autrement plus important que celui de l’émancipation des femmes. Mais comme l’écrit bien, en conclusion, Geneviève Fraisse, « Oui, l’on se sert de nous et de notre libération. A nous d’être les plus fortes, « à ruse, ruse et demie », disais-je. Est-ce que cela ne s’appelerait pas, justement le politique? ».
Lien : http://kanimezin.unblog.fr/2..
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L'arrivée de mon père en France

Cathy Bernheim Décembre 2008

« Quelque chose m’entraîne, me mène là où je ne savais pas que j’irais », constate Martine Storti à la page 122 de son récit.

Lucide, quoiqu’un peu déroutée, elle récapitule. « J’étais dans ce projet, en lien avec l’enjeu de l’émigration-immigration tel qu’il se manifeste en ce début de troisième millénaire, me rappeler que mon père avait été un émigré-immigré, essayer d’imaginer, puisque je l’ignore, comment il avait quitté son pays et comment il était arrivé en France. Sans doute aussi dire à sa place, lui donner les mots qu’il n’a pas eus, ou dont il n’a pas voulu, pour approcher la suite, qui se déroule bien après la guerre, et peut-être est-ce aussi la raison de ce travail, essayer de cerner ce qui reste pour moi énigmatique. J’étais dans les temps actuels, les temps de l’Europe une nouvelle fois aveugle à elle-même et à ce qu’elle fait, et dans un même mouvement, dans une affaire personnelle, une sorte de règlement de comptes, l’expression me convient, des comptes à régler, pour être quitte, surtout pour quitter cette affaire dans laquelle je dois encore séjourner, être quitte d’elle et la quitter. »



Elle résume ainsi son propos, dans la langue retenue, maintenue et raisonnable de quelqu’un qui aime, depuis longtemps, les beaux textes. Elle le fait aussi avec cette écriture précise, incisive et combative qu’on lui a connue en lisant ses articles dans Libération ou ses précédents livres.



Mais bien sûr, pour prendre son essor, un texte doit échapper aux intentions de son auteur. C’est ce qui se produit, dans un enchaînement qui nous entraîne alors jusqu'à la fin du livre et nous permet d'apprécier la qualité de cette voix singulière. Fille de la Raison et du 20° siècle, Martine Storti est aussi fille de Mai 68 et du mouvement des femmes. Elle parvient donc à décrire dans un même élan l’Histoire avec sa grande hache, avec son cours incessant qui entraîne les plus démunis dans sa tourmente, et la vie d’une petite fille observatrice et fine qui deviendra une femme en mouvement.

Elle brosse le portrait d’un père ouvrier qui n’a jamais rien dit de ce qu’il pensait, mais dont l’existence, a posteriori, se révèle porteuse de sens pour ceux qui lui survivent. D’une mère de famille d’une autre époque qui raconte sa vie en termes simples mais infiniment justes. D’une grand-mère à l’ancienne et à l’italienne, avec raviolis fait mains pour toute la famille. D’une tante frimeuse qu’on croirait sortie d’un film façon « Mon Oncle »… Ou encore d’un homme venu d’Afrique ou d’ailleurs, échouant épuisé sur une plage italienne après un long périple en mer. D’ombres errant autour de Calais en attendant quelque chose qui ne vient pas : le respect de l’État qu’ils traversent.

Martine Storti parle depuis ce point d’équilibre où la vie pers
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Pour un féminisme universel

Selon Martine Storti, il est urgent de réaffirmer la valeur de l'émancipation et de plaider pour un féminisme universel, concret et pluriel.




Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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Pour sortir du manichéisme : Des roses et du ..

14 mars : Conversation avec le philosophe Vincent Cespedes

https://www.facebook.com/video.php?v=971608966255746



16 mars : invitée de l’émission sur France culture de Caroline Broué, La grande table : http://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-2eme-partie/peut-encore-debattre



17 mars : article de Olivier Doubre Politis N°1395 – Du 17 au 23 mars 2016

http://www.politis.fr/articles/2016/03/pour-un-feminisme-anticolonial-34340/



1395-Politis-L-15 (1)



25 mars : https://www.linkedin.com/pulse/sortir-du-manich%C3%A9isme-bernard-falguieres



28 mars : http://scoop-info.com/martine-storti-sortir-du-manicheisme-et-voir-avec-ses-deux-yeux/



8 avril : article de Serge Audier dans Le Monde

http://www.lemonde.fr/livres/article/2016/04/07/liberte-nom-feminin_4897425_3260.htmlarticleinmondeSergeAudier

11 avril : entretien sur 50-50 magazine http://www.50-50magazine.fr/2016/04/11/martine-storti-sortir-du-manicheisme/



25 avril : article Terriennes TV5 : http://information.tv5monde.com/terriennes/pour-ne-plus-penser-les-uns-contre-les-autres-102618



2 mai : article Prestaplume : https://www.prestaplume.fr/sortir-manicheisme-de-cette-mollesse-regard/
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Le féminisme à l'épreuve des mutations géopolitiques

L’identité, définie une fois pour toutes, n’est qu’une fiction



J’ai hésité à rendre compte de ce livre, non à cause de profondes divergences d’approche (réellement existantes) ou de choix politiques (non partagés) ; mais plutôt pour leurs modes d’expression, que je trouve quelquefois caricaturaux, sans oublier certains propos ou raccourcis plutôt insupportables (parallèle entre Christine Delphy et Anne Zelenski ; ou le bien peu matérialiste « Le respect des cultures dans leur diversité ne signifie pas qu’il faille les considérer comme équivalentes » digne d’un Claude Guéant).



Le « sans conclure » de Geneviève Fraisse « Regard sur le congrès », m’a convaincu d’essayer néanmoins, même si je ne le fais que sommairement.



Geneviève Fraisse souligne les liens entre « d’une part l’idée de radicalité, d’autre part celle de subversion » et incite à « ne pas cliver les analyses de la domination et celles de l’émancipation ». Dans cette « conclusion », elle « propose quatre thèmes qui nous serviront de repères : la temporalité et l’historicité, la mesure et la démesure, la marchandise et sa représentation, l’un et le multiple ». Les textes de la plupart des auteures de la première partie du livre, n’ont justement, à mes yeux, pas tenu compte du premier thème. Geneviève Fraisse indique aussi « Il me semble que nous nous sommes trop peu situées, pendant ces deux jours, face à l’analyse de la domination ». Pour certaines contributions, le manque de « situation », de non contextualisation ou de non historicisation, entraîne des présentations euro-centrées, drapées dans un universalisme un peu rabougri.



L’auteure évoque la ritournelle « La ritournelle c’est comme refrain, en pire. Il est en effet frappant de voir à quel point, les stratégies de domination, comme celles d’émancipation, se réfugient dans la répétition argumentative, idéologique… Reconnaître l’historicité, c’est avant tout lutter contre l’atemporalité, toujours supposée, du rapport des sexes. »



Geneviève Fraisse note, entre autres « nous avons acquis des droits et nous savons qu’ils sont réversibles », « nous sommes devenues des sujets sans cesse d’être des objets », « il faut non pas dénoncer, mais désigner les deux repères du rapport au réel, la marchandisation et la fétichisme de la marchandise », « L’universel n’est pas une essence, et il n’est pas non plus, comme d’aucun-e-s le pensent, une norme », « Rabattre l’universel sur une norme, c’est œuvrer à une dépolitisation ».



J’ai plus particulièrement apprécié les articles de Sophie Bessis « Les femmes, enjeu renouvelé du conflit Nord-Sud », de Rose-Myrlie Joseph « Relations sociales et rapports sociaux dans le care : entre survisibilisation des employeuses et invisibilisation des employées », de Michèle Ferrand « Contraception, avortement, ici et ailleurs », de Janice G. Raymond « Prostitution, traite sexuelle et débat international sur l’exploitation sexuelle commerciale », de Sheela Saravanan « Le commerce transnational de la maternité de substitution en Inde », de Monique Selim « L’émancipation des femmes au XXIème siècle : une pierre dans la gouvernance du capitalisme globalisé », et de Chahla Chafiq « Féminisme et islamisme ». Je n’en ai pas moins trouvé dans d’autres articles des sources de réflexion précieuses, y compris en présence de forts désaccords.



Malgré une focalisation de certaines sur l’Islam (et du « golfe arabo-persique comme foyer d’influence géopolitique majeure »), l’oubli parfois des autres formes dominantes d’oppression et d’exploitation, malgré les limites signalées sur la contextualisation et l’historicisation, de nombreuses contributions interpellent et nous rappellent, pour ceux qui l’auraient (volontairement) oubliée, que l’émancipation n’est ni pensable ni possible sans l’auto-organisation des femmes, sans la subversion féministe des rapports sociaux…
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32 jours de mai

Le Monde, 17 février 20016

Trente-huit ans nous séparent de Mai 68. Et pourtant la trace demeure brûlante. S’écartant de la fade question, battue et rebattue : « que reste-t-il de Mai 68 ? », Martine Storti entreprend d’approcher par le roman une question beaucoup plus importante : « qu’avait d’irréductible Mai 68 ? »… L’espace de 32 jours, le mur temps s’était ouvert, avait laissé entrer dans sa suspension l’histoire et les vies, dont celles de Jeanne et de Louise. Puis il s’était refermé à nouveau, rejetant dans la norme de l’histoire ceux et celles qu’il avait laissés entrer – c’est cela la mort de Louise et l’extinction de Mai, le retour au temps normal, au temps ordinaire de la vie et de la politique. Nietzsche et Lou Salomé aussi se retrouvèrent jetés dans la vie ordinaire, se réveillant avec la « gueule de bois », indignes d’eux-mêmes, après que les portes du temps se furent ouvertes devant eux, qu’ils s’y furent frayé un passage, du côté d’Orta, un autre mois de mai. autrement dit, comme l’amour, et c’est là, semble-t-il, le message de l’auteur, Mai fut un événement métaphysique -sans, bien entendu, que « métaphysique » ne soit un adjectif édulcorant le sens politique de Mai, c’est même plutôt l’interprétation purement politique qui, paradoxalement, en édulcore le sens politique. Ce mois de mai fut celui du temps suspendu. L’irréductible de Mai 68 est là : dans cette suspension du temps, dans cette fusion de l’histoire et de l’existence vécue par Louise et Jeanne, dans l’insaisissable je ne sais quoi de ces brèves semaines. Sans aucune complaisance ni aucun romantisme facile, l’écriture permet à Martine Storti de se retrouver au coeur de ce qui s’est perdu, l’essentiel irréductible de Mai.
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