Je crie comme un arbre
Sous le coup de sabre
Je pleure comme une pierre
Mon père mis en bière
Je cours comme un meuble
Toujours en aveugle
Je prie comme un dieu :
Sans même être pieux
Je jute comme une paille
Ma sève est amère
Je dors comme une mère
Me levant sans faille
J’écris des douceurs
Des mots envoûteurs
Je mens comme un ange
Sous sa longue frange
Je mange comme un train
Bloquant tous les freins
Je bois tout mon soûl
L’aigreur du yuzu
Je ris comme un plat
C’est ma seule gloire
Dans tous mes miroirs
Changés en verglas
Citation tirée du livre "Souviens-toi de ton Odessa suivi d'autres poèmes" (Le Livre-Actualité, 2019)