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Citations de Maryna Uzun (995)


Maryna Uzun
"Lis-la, ma poésie !
Exhale mon lac transi
Sous les lilas fleuris.
Lilas de quel pays ?
Des Canaries ? Des Indes ?
Ou de Primesautie ?
Tu es férue de vers,
Que cette folie-là
Folie qui exfolie
Maintes aspérités,
Qui fait tout voir en jaune,
Ne s’épuise jamais !
Et ta vie de fourmi,
Banale, embellis-la !
Ta peur, abolis-la,
À l’ombre des lilas !"

Mon lac de Dalila,
Est-ce un lac, est-ce un lit ?
Ce lit-là qui me parle,
Ô mon lit d’Ophélie,
Ne me chasse jamais
Comme un lit ordinaire !
Mon âme, délie-la
De ses peines d’hier !


(Strophes à l’origine du roman « Vous aimez les poètes, ne les nourrissez pas ! », éditions Livre Actualité, 2021, page 31)
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Maryna Uzun
(Citation tirée du livre "Pianissimo féroce" (Le Livre-Actualité, 2019))

Je serai cette boîte à musique
Répétant toujours les mêmes phrases
Éprise de son casse-noisettes.
Ma main sera la manivelle
Vous embrasser sera l’enfer.
Je serai cette valisette de pique-nique
Seule, entourée de mes cristaux et porcelaines,
Et j’attendrai que vous me sortiez dans le pré
Enfin, si je ne meurs avant.
Vêtue de ma tunique de mots,
Mots lustrés aux coudes par l’usure,
Aurais-je raté quelque chose ?
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Maryna Uzun
Extrait du recueil de poèmes "L'insomnie est couchée dans mon lit" (Livre-actualité, 2020)

La pluie-hibou chasse la nuit,
Ulule au vent et de son bec
Pique vos joues, pique vos vitres.
La pluie-citron, règne le jour,
Papillonnante et caressante.
La pluie-tambour bat la chamade
Et la pluie-muette, quant à elle,
Fait des soupirs. Que de soupirs !
La pluie-routine,
Votre compagne,
Ni affairée ni déprimée,
La citadine, sent l’asphalte
De vos trottoirs, de vos chaussées.
La pluie-ministre fait la loi,
Vous emprisonne le week-end.
La pluie-sylvaine vous embaume,
Comme un génie de la forêt,
De champignons et de résine,
Et joue de la flûte de Pan…

Et le poète, un ménestrel,
Un romantique, est comme un arbre.
Il vous salue, chaussé de pluie,
Vêtu de pluie, coiffé de pluie !
Il ne peut pas rentrer chez lui,
Se retirer dans son pays,
Il peut se mettre dans sa malle…
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Maryna Uzun
Mes vieilles musiques…
Que de bémols mauves
Marqués à la main !
Mon âme se meut.

C’est une maison
Sans porte d’entrée :
La serrure est morte,
La clé s’est grippée !

Que les bémols miaulent !
Je miaule ma faim,
Ma faim de baies molles,
La faim de ma vie.

La fumée aphone
Monte de mes paumes.
Que de feuilles fauves
Mouillées à mes pieds !

Mes amis paumés,
Tel est mon destin :
Vous aimer de mes
Consonnes labiales.

Et jusqu’à la fin
De mes mots méfiants,
Dans le vent mauvais,
Je vous aimerai !

"Les Poèmes d’amour pour des premiers venus"(Le Livre Actualité Éditions, 2021)
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Maryna Uzun
Extrait du recueil de poèmes "L'insomnie est couchée dans mon lit" (Livre-actualité, 2020)

Chacun avait, dans son enfance,
Un arbre pas comme les autres.
Je me souviens aussi d’un arbre
Et je le vois très nettement.
Une forêt sombre et perdue
Poussait sur cet arbre touffu…

Je me rappelle un tronc fourchu
Si plantureux qu’il m’accueillait
Comme un bateau, une vigie,
Un cheval noir ou comme un nid.
Et aucun vent, vent houligan,
Ne pouvait jamais l’ébranler !

Je courais vers cet arbre dôme
En traversant le vaste parc,
Indifférente à tous les autres
Arbres et fleurs, souches, pelouses.
Et je faisais du tapecul
Ma tresse sur mon dos dansait…

C’était d’abord mon doux papa
Qui me posait dessus, en reine,
Car l’arbre était infranchissable
Comme un château du temps jadis.
J’étais sa Belle au bois gourmand
Je régnais sur les étamines…
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Maryna Uzun
Framboiser la vie avec des poèmes
Même si souvent je me fais poirer
Par le quotidien, carnivore immonde !
Être une patate en pagne des champs,
La patate chaude, ivre sans champagne !

Espérer tue mais j’espère toujours.
Buvez donc mes vers, ô mes inconnus !
Ô mon vers d’amour, verre irrésistible !
Est-ce un amour pur, sans un grain de sable ?
Et pourtant il court ! Est-il excusable ?

Ne coupez jamais la patate en deux
Sans y voir surgir comme un violoncelle
À la voix humaine, sans y voir surgir
Comme une colonne vertébrale au centre
Avec de petites ramifications !

"Les Poèmes d’amour pour des premiers venus"(Le Livre Actualité Éditions, 2021)
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Maryna Uzun
Le quai aux amoureuses

Une file serrée
De phares fraise à gauche,
Une file clignant
De phares d’or à droite,
Est-ce un design voulu ?
Je suis sur un vieux pont,
Je traverse la Seine,
Dans les lueurs électriques,
Elle est d’un bronze vert.
Le quai aux amoureuses,
Je l’invente pour moi.
J’y descends tous les jours,
Je m’appelle Aubépine.
Et nue comme la main
J’aime m’y promener.
Les péniches bordeaux
Y dandinent leurs seins.
Je regarde passer
Des métros barbouillés
Ou des yachts criards.
Le quai aux amoureuses :
L’une s’appelle Frêne,
L’autre peut-être Érable,
La troisième, est-ce Flaque ?
La quatrième est Voyelle,
Une autre encor, Syllabe.
Pastel, Nœudmarin, Mousse,
Leur port est parfois maigre,
Parfois très étalé.
La dernière, c’est Corde.
Les cygnes infidèles
Manquent au rendez-vous
Mais les bateaux à roue
Nous tiennent compagnie.
Ô troncs aux cavités,
Ô murs aux interstices,
Où notre amour se loge
Sans trouver d’autre abri !
Cet amour se cramponne
Comme la vigne vierge.
Ma tristesse adorée,
Se nomme-t-elle Tess ?
Elle m’égaye parfois
Quand je sais la vernir.
Le quai aux amoureuses,
Que j’aime ses virages !
Les amours silencieux,
Accrochez-vous encore
Partout où bon vous semble !

"Les Poèmes d’amour pour des premiers venus"(Le Livre Actualité Éditions, 2021)
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Maryna Uzun
Dans une vie prochaine,
Ô mon prochain amour,
Je serai Souricelle
Et toi, un souriceau.
Si nous ne craignons pas
Les os des catacombes !
Mais nous prendrons d’abord
Un bain de terre glaise.
Ou nous nous donnerons
Au sel de l’océan.
Tout autant qu’aujourd’hui,
L’amour sera fugace.
Nous serons deux limaces
À la merci d’un gosse
Qui voudra nous trancher,
Mais qui nous ratera !
Tout recommencera
Tant que la terre tourne,
L’amoureuse infinie !
Nous serons deux troncs d’arbres,
Oui, deux troncs enlacés.
Pour qu’une aède passe
Sous nos branches grandioses,
Elle devra baisser
Son front haut et pensif
Ou ranger sa caboche
Dans sa sacoche vide.

(Vers à l’origine du roman « Vous aimez les poètes, ne les nourrissez pas ! », éditions Livre Actualité, 2021, page 121)
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Maryna Uzun
Je flashe parmi les troncs
Du lac sombre et solitaire,
Et mes aulnes-sabliers
S’écoulent dans leurs reflets.
Quelle est la rentrée sans pommes ?
Quelle est la rentrée sans pluie,
Délicieusement piquante,
Qui me rend particulière ?
De mes manches de Pierrote,
J’appelle mon rêve antique.
Par ses gouttes chaotiques,
Perce-t-il l’hymen du lac ?
Je serais bien maladroite
À décrire son visage
Ni ses mains ni ses habits.
Est-ce étrange ou ordinaire ?
Je ne fixe que ses yeux
Et ses lèvres entrouvertes,
Et je suis comme éblouie
Visionnant ce ralenti.
Le complice de mon rêve,
Est-ce un arbre ou un coureur,
Un héron ou un corbeau ?
Il est très souvent opaque.
Maman Tour veille sur moi
De son ondoiement lointain,
Tantôt bleu-gris tantôt blanc,
Qui est de couleur du temps :
« Ne poireaute pas mais marche,
Et souris toujours aux anges,
Mais n’oublie pas de jeter
Un coup d’œil sur ton réveil !
Il poindra, avec retard,
Séchera d’abord ses ailes,
Avant de t’emporter loin
Du séjour où tu te gèles. »
Enfin la Tour disparaît
Dans la fumée de nuages.
Peut-être il viendra demain
Si le rêve n’a pas d’âge ?

(Vers à l’origine du roman « Vous aimez les poètes, ne les nourrissez pas ! », éditions Livre Actualité, 2021, pages 94-95)
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Maryna Uzun
Je me pavane sous les pins
En chenilles processionnaires
De mes vers courts, vers enchaînés,
Qui se déchaînent par moments.
Je parade sous les platanes,
C’est la soirée d’arbres branchés
Où certains sont en pattes d’eph,
D’autres ont mis leur jean skinny !
Sur les racines apparentes,
Quelqu’un dessine à la craie rose,
À la craie jaune, à la craie bleue,
Changeant en or un sentier gris !

Les chalets ne sont pas en fête,
La passerelle est au repos,
Mais je saurai rester poète
Quand autour rien de rien ne pète !
Et je me fais un chignon bas,
Mais pour le maintenir en place
Je mettrai mes deux crayons rouges
Au lieu d’épingles à cheveux.
Ce sera mon Montmartre à moi
Et que mon Moulin Rouge tourne !
Les pins balancent leur port lourd,
Je me dandine et je gambille !


(Vers à l’origine du roman « Vous aimez les poètes, ne les nourrissez pas ! », éditions Livre Actualité, 2021, page 16)
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Maryna Uzun
Une plaque dans l’herbe au Jardin des Poètes

Je chronique en marchant
Un livre inexistant !
Quand un jardin public
Lentement se dépouille
Voici ma chroniquette
Pour mes chronicomanes !
Ô mon jardin goûteux
Aux menhirs alignés
Dont les géants seraient
Les bustes, les sculptures
De Gautier, de Pouchkine,
De Mistral ou d’Hugo !
Et que d’alexandrins
De la plume impériale
Qu’on ne peut apprécier
Qu’en comptant les e muets !
Volent dans les allées
Mes bras pris pour des ailes
Et je penche ma tête
En arrière en extase.
Il est des plaques nettes
Bien frottées de nos yeux,
Comme Alfred de Musset
Ou Alfred de Vigny,
Et aussi Jean Racine,
D’autres sont illisibles…
Le granit se confond
Au givre matinal.
Le lichen s’approprie
Les strophes végétales.
Et j’extrais, je déterre
Des poésies éteintes
Sous le feuillage bas
Des bambous toujours verts.
Je devine les lettres
Au toucher, à l’aveugle.
Souvent les lettres manquent
Dans ce quizz poétique,
Sans raison décollées.
Ou peut-être arrachées ?
Les jardiniers s’affairent
Près de leur camionnette.
Sous l’appareil qui chasse
Les feuilles desséchées,
Les poèmes se taisent
Puis reparlent encore.
C’est un vers d’Aragon
Sous un cèdre ancestral
Et, près d’un bac à sable,
C’est Jean de La Fontaine !
Je suis bien attentive,
Fais mes tours opiniâtres
Des gazons interdits
Pour n’oublier personne.
Venez au rendez-vous
Pour ramasser les vers
Des pelouses tondues
Comme des œufs de Pâques !
Près du kiosque à poèmes,
Les pelouses sont vastes,
Y a de la place encore !
À vos plumes, auteurs !
Au livre inachevé !
Au livre en mouvement !
Pourquoi les lettres s
Marquées en italique
Incommodent les yeux
Si délicieusement ?
Les fautes d’orthographe
Qui s’y sont invitées,
À ma grande surprise,
Font partie du décor !
J’y viens en ethnologue,
J’y viens pile à huit heures,
Pour pouvoir m’accroupir
Dans un silence antique !
« Ô lis-moi tout de suite,
Je ne t’attendrai pas ! »
Me disait un quatrain
Quand je le dépassais…
Et je l’ai égaré,
Mon trésor de poème,
Dans tout ce labyrinthe
De pelouses soignées !
Allez-vous retrouver
Votre fleur adorée
À la roseraie ivre
Du parc de Bagatelle ?!
Vive ce livre ouvert,
Vive ce livre vert
Livre aux pages de pierre
Comme un vieux cimetière !
Mais je ferai l’autruche !
Je penserai plutôt
Aux baudruches gonflées !
Je pars cueillir des vers !


(Vers à l’origine du roman « Vous aimez les poètes, ne les nourrissez pas ! », éditions Livre Actualité, 2021, page 7-8)
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Maryna Uzun
Rappelle-moi, feu vert ardent ! Rappelle-moi, fontaine fraîche !
Et je me rue à ta rencontre, la rue de mes révélations !
Notre cœur-à-cœur est étrange. Je me raconte aux cent visages,
Je me rends compte de cent chants, la rue toujours polytonale…

À l’un ne va pas être beau, à l’autre va bien être laid,
La Seine nous reflète encore dans sa lumière, ô miroir neuf !
Je trotte, piétine, souris, je me ris des intempéries,
Je paraphrase mes ennuis, toujours, toujours sans parapluie !

La rue aux grues, accordéons, quartiers asphaltés et pavés,
Où je m’accorde avec bonheur au roucoulement de pigeons…
La rue de mes méditations, aux cantonniers, aux camionneurs,
Tricot urbain et graffiti, où le crachin est tout sauf gris !

Du haut de la rue Beethoven, je respire comme je ponds
Entremêlant textos et textes, les flaques sont mes pâtés d’encre.
Sous un pont en pierre de taille, aux hallucinations heureuses,
Aux bouquineurs baratineurs, un basson s’éclaircit la voix...

Je suis l’enfant traînant la main, je touche avec une piété
Des temples, des troncs d’un vert mousse, des monuments intemporels.
La rue des illuminations, de la pollution accueillante,
Aux bus, aux puces, aux mariées, aux murs rugueux à ravaler…

Rue enfumée des cigarettes, des eaux de toilette corsées
Et des déodorants intuables, rue aux effluves de fritures…
La rue rapée, photographiée, la rue goûtée, la rue humée,
La Rue-Aura mais « Stop aux rats » ! La rue halos, la rue vélos…

La rue aux grappes de muscat, aux laveries toujours fumantes
Et aux bruyants échafaudages que je prends pour des colonnades…
Et que de baskets fourmillantes — les talons, c’est pour les archives ! —,
De slouchys, baggys, pattes d’eph, casquettes à l’envers, à l’endroit !…

Dans les vitrines éclairées, que de montagnes de bouchons !
Noir absolu ou liberty ? Et que sera ma cup of tea ?
Rêve douillet ou rude rue ? Sans me lasser, je les alterne,
Tels les graves et les aigus de mon solfège imaginaire.

J’émerge du rêve douillet, je me rencontre après la nuit !
Je dégringole dans la rue, la rue faite pour s’oublier !
Ô verbe d’origine obscure ! Je jogge avec mes pieds perdus,
Avec mes syllabes légères, et mon sommeil, je n’en ai cure !


(Quatrains à l’origine du roman « Vous aimez les poètes, ne les nourrissez pas ! », éditions Livre Actualité, 2021, pages 100-101)
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Maryna Uzun
Le bateau ivre-mort
Ne conduit plus aux vers
Mais c’est la passerelle
Entre ce que je suis
Et ce que je veux être

C’est le vent arracheur
C’est le vent accoucheur
C’est le vent dépouilleur
Qui toujours siffle juste
Je me mue en une autre

(Citation tirée du livre "Pianissimo féroce" (Le Livre-Actualité, 2019))
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Maryna Uzun
Je porte les mêmes habits
Que je portais hier,
Que je portais pour te charmer,
Pour me plaire à moi-même !

Je les mets en toute saison
Pour attraper le mal,
Pour éprouver je ne sais quoi,
Une brume des foins ?

Oui, c’est pour t’avoir près de moi,
Pour rester avec toi…
Je ne peux pas mettre autre chose :
C’est devenu ma peau !

C’est une tunique en mousseline,
Caressante et très ample,
Où des éléphants et des poules
Sont imprimés en vrac.

Sur un fond vieil or et argent,
Ils dansent leur tango.
Je vais l’user jusqu’à la trame
En languissant de toi !

Je vais l’user jusqu’à la corde
Comme un doudou mâché,
Comme mon amour immettable,
Troué, coupé en deux !

"Les Poèmes d’amour pour des premiers venus"(Le Livre Actualité Éditions, 2021)
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Maryna Uzun
J’ai pris en balade un quatrain pleureur
Et nous avons vu un canard hors pair :
Canard mandarin, à l’état sauvage,
Échappé on ne sait de quelle cage !

Mon quatrain pleureur, quatrain bigarré,
Tu n’auras jamais peur de te mouiller !
Tu ne seras pas comme ce corbeau,
Le corbeau qui ne va jamais dans l’eau !

On s’envolera dans le ciel azur
Dépassant la Tour Eiffel en manteau,
Puis un nuage nous aura séparés,
Tu seras changé en quatrain rieur !

(Strophes à l’origine du roman « Vous aimez les poètes, ne les nourrissez pas ! », éditions Livre Actualité, 2021, page 11)
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Maryna Uzun
Extrait du recueil de poèmes "L'insomnie est couchée dans mon lit" (Livre-actualité, 2020)

Il est une Aphrodite

Exempt de toute rime,
Son lexique secret
N’est pas une chanson
Fourrée de nougatine.
Il est une Aphrodite
Une belle inutile
Amoureuse d’amour
Jonchée de coquillages
Sous un voile d’écume
Amoureuse d’Amour

Elle se dit boudeuse,
Crevée et détraquée,
Effrayée et frustrée,
Gelée, hantée de mots,
Une insomniaque heureuse
Qui n’a jamais de cernes,
Jalouse des humains.

Il est une Aphrodite
Amoureuse d’amour
Qui, sans prendre un kopeck,
Vous laisse voir ses charmes.
Cette lapeuse d’huîtres
Maigre comme un coucou,
Est-ce une naufragée
Des rives nébuleuses ?
Ou est-ce une Narcisse
Tout en se négligeant ?

C’est l’amante onirique
Dans une mer de pluie !
Ou est-ce une piétonne
Foulant l’azur marin ?
Que de questions en vue !
Et jamais de navire…

Il est une Aphrodite
Amoureuse d’amour
En quête d’un poème,
Son quignon quotidien.
Ou est-ce un réverbère,
Réverbère pensant ?

Il est une Aphrodite
Amoureuse d’amour
Coiffée de solitude,
Une étrange trinqueuse
Qui, loin des treilles sombres,
Trinque avec des pétrels !

Ses rêves utopiques,
Ils la maintiennent vierge.
Sans mettre de warnings,
Sans phares au xénon,
Il est une Aphrodite
À la toison de yack
Elle erre, zigzagante,
Toujours d’humeur zébrée.
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Maryna Uzun
(extrait du recueil "Tableaux de l’amour au goût de yaourt")

Je n’étais qu’un oiseau
Vous chantant sous la pluie
Je me piquais le nez
Avec Charles Trénet
Il écoutait les cloches
Moi j’écoutais la pluie
Il n’a fait rien de moche
Je n’ai fait aucun bruit

J’apprenais à écrire,
Chérir mes amertumes
J’apprenais à aimer
Mes ouvrages posthumes
J’apprenais que la gloire
Cette douleur exquise
Ne viendrait pas me voir
Me troubler par sa bise

J’écrivais dans la nuit,
Une belle-de-nuit,
J’usinais dos à dos
Avec Arthur Rimbaud
Et jusqu’à l’extinction
Du dernier réverbère
J’écoutais des cui-cui
Mes cui-cui sous la pluie.

Mais les places sont chères
Au jardin des poètes…
Mon unique lecteur
Dirait aux chroniqueurs :
« Chez Maryna Uzun,
Il mousine ou il pleut,
Comme sur un tableau
De Maurice Utrillo ».

Un oiseau qu’on oublie
Je chantais sous la pluie…
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Maryna Uzun
Le 38 décembre 2020

Mon Odessa m’a réveillée
Sinon je serais bien restée
Dans la torpeur de l’an dernier,
Dans le froid de l’embarcadère.
C’est une virgule de miel
Qui est tombée sur mon bureau
Et prise au leurre de mes vers,
Je dois repartir de plus belle !

Un Noël noir de chocolat
Ou un Noël tout blanc de neige,
Joyeux Noël ! Joyeux Noël,
Ô ma Russie grosse et poilue !
Grosse de ses œuvres à naître,
De ses poupées et de ses fleuves,
Barbue de ses basses profondes,
De ses forêts et de ses popes !

"Les Poèmes d’amour pour des premiers venus"(Le Livre Actualité Éditions, 2021)
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Maryna Uzun
Extrait du recueil de poèmes "L'insomnie est couchée dans mon lit" (Livre-actualité, 2020)

Chanter l’absence, est-ce ingrat ?

C’est mon printemps sans le Marais
Le pont Marie m’appelle à lui
C’est mon printemps sans les navettes
Au parfum de fleurs d’oranger

C’est mon printemps sans les rosiers
Du petit port de la Bastille
L’île Saint-Louis m’appelle à elle,
Ses taureaux peints, en porcelaine…

J’ai tant envie de me lover
Contre ma cathédrale froide
Pour lui chanter mon bel amour
Du fond de mon insignifiance !

Je marche sous les robiniers
J’écoute mes pas solitaires
Les Feuilles Mortes de Kosma
Sur tous mes chants désenchantés

La pluie ne se décide pas
Et change d’avis comme moi
C’est le soleil qui se dessine
Et le nuage se déride !
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Maryna Uzun
L’Amour à la pianiste

Recommencer,
Âmes séparées,
Puis âmes ensemble,
Avec zèle et patience,
Très lentement d’abord !

Rien ne prépare mieux
Que cette procédure
Au jeu aisé des fugues
Et des canons divers !
Et rien ne donne autant
D’indépendance aux âmes
Dans leurs chevauchements
Toujours très délicats
Et dans leurs croisements
À très grande distance !

Quand les mains sont les âmes…

"Les Poèmes d’amour pour des premiers venus"(Le Livre Actualité Éditions, 2021)
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