Et je ne dors ni ne sommeille
Pour patrouiller sur les remparts,
Pour patrouiller dans les couloirs,
Autour des statues éphémères
Et de la pelouse interdite
De mon chef-d’œuvre d’obsession !
Vive ma patrouille amoureuse !
C’est un violet de l’insomnie
Avec un jaune des liseuses,
Se concordant à l’infini
Dans une extase sans pareille !
Mais avec toi, comme avec dieu,
Je communique à sens unique.
Serait-ce cela, ma folie ?
Ou serait-ce cela, ma chance ?
Les écailles de verre vibrent
Selon les lueurs de mon espoir.
Je veux guérir, je dois guérir !
Mais il ne faut plus que j’espère !
Ni amant, ni ami, tu seras mon modèle,
Et je vais te sculpter à ma guise !
Te malaxer le cœur pour le rendre amoureux,
Étirer tous tes membres crispés !
Je vais te modeler, te pétrir, te tasser,
Tu seras mon Adam, je suis Ève !
… Je n’entends aucun air derrière mes chansons.
Tout me semble banal, nu et sans résonance.
Que de fougue pour rien, que d’ampoules grillées !
Ce sont mes douze coups de minuit.
Mais quand je dors je rêve de mon insomnie !