L’histoire est écrite, rejouée mille fois dans une distribution sans cesse changeante. Le public en redemande et prend ses billets pour la prochaine séance. Ils se sont « affrontés » sur un plateau télé. Il a été séduit par son tempérament insoumis, elle était sous le charme de son éloquence, lui trouvait un charisme fou. Ils ne se sont plus quittés, secrètement bercés par par l’excitation de l’interdit, la transgression morale. Pour elle, l’éthique journalistique, réserve et distance professionnelle. Pour lui, le danger de réussir à préserver ses secrets d’État jusque dans le lit de l’ennemi. J’avoue, et je n’en suis pas fier, ça m’amuse beaucoup. Tout le monde veut savoir qui couche avec qui. Je préfèrerais les scandales d’État sulfureux, du Watergate, du Clearstream, mais en attendant, ça fait l’affaire…
On l’installe juste en face de moi. L’adrénaline pulse en paquets lourds explosant au sommet de ma nuque. Ce soir elle est bien trop apprêtée, trop séduisante pour que ce soit un simple entretien professionnel. Il s’agit d’une « date », d’un rendez-vous galant, d’un amant. Mais qui ? Les prétendants se bousculent dans mon crâne et je m’arrête assez rapidement sur l’histoire la plus crédible, les liaisons dangereuses entre journalistes et politiques. Une tradition bien française.
C’est à ce moment que Lise Schoeller fait son entrée. Seule. Présentatrice du JT de France 2 depuis bientôt deux ans, elle fait partie de la génération montante, de ces beautiful people, ces happy few beaux et intelligents. Je l’ai déjà mise en boîte à plusieurs reprise. C’est une fille très sympa. Pas de doute, c’est elle qu’on attend. Et elle, elle attend « quelqu’un ».