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Citation de Cannetille


Je le lui dis alors, à Agnès. Silencieusement, par la pensée. Je l’implore de ne pas parler. J’ai renversé de la purée fade sur mon pantalon et ça a fait une grosse tache fade, mise en lumière par l’éclairage fade de la cuisine fade, ce qui a pour effet d’énerver sévèrement Louis, qui n’a vraiment pas besoin de ça, n’est-ce pas, qu’on se comporte ainsi comme des malpropres, bande de porcs, même pas foutus de manger convenablement. Mais Maman croit bon de s’interposer pour une fois, de vouloir tempérer, « Allons, c’est juste de la purée, ça partira à la machine. C’est moi qui m’en occuperai ». Et puis quoi encore ! Y’avait un doute là-dessus ? rugit Louis en m’en collant une, ce qui fait crier Agnès, transforme sa crainte en peur. Je lui répète par la pensée, le visage plein de purée dans laquelle ma tête a plongé en raison de la violence de la claque, lui dis intérieurement d’arrêter d’avoir peur. « Baisse la tête, Maman », voilà ce que je lui dis. Mais la table se dresse à la verticale et tout ce qui est dessus se renverse par terre dans un vacarme effroyable. La purée fade s’étale partout sur le sol fade de la cuisine fade, sur le carrelage fade aux couleurs fades, un mélange d’orange et de vert fade des années soixante-dix. Nous sommes misérables, petits et misérables, sales vermines, et je ne sais plus très bien ce qu’il vaut mieux faire dans ces cas-là, rentrer en moi pour me dissoudre ou sortir de moi pour tenter de ne plus m’appartenir.
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