- Toulouse est une ville dure. Il n'est pas facile de rencontrer des gens. Se faire des amis.
- Tu connais une seule ville, une grande ville, répondit-il, où on rencontre les gens facilement ? Je ne connais pas vraiment Toulouse mais ça m'étonnerait qu'elle soit plus dure que les autres, Strasbourg par exemple. Tu sais, habiter dans un village, où tout le monde se connaît, ça étouffe aussi. On en sait quelque chose, avec ta mère.
- Oui, mais c'était en Turquie.
- Et alors ? Tu crois que c'est différent en France ? Il n'y a rien à attendre des villes. Sauf d'y vivre en paix et de gagner sa vie ...
[...] oui, nous avons développé une violence, mais à qui feras-tu croire que nous en sommes les initiateurs, quand, depuis des décennies, la violence des quartiers s'est institutionnalisée, avec les agressions contre les chauffeurs de bus, les médecins, les pompiers, sans parler de vous, les policiers, sans parler de tous ceux qui, menacés de mort, ont dû fuir ces quartiers, sans parler des commerces pillés, des voitures brûlées, des écoles saccagées. Tu m'accuses d'être un criminel. Voilà bien deux poids et deux mesures. [...]
Nous avons refusé de nous taire, nous avons refusé de capituler. Oui, c'est une révolte, une révolte contre la démission, l'oppression, l'injustice ; mais aussi une révolte pour le respect et la dignité.
Tu crois que c'est mieux maintenant ? On avait un idéal, je me souviens, qui disait : de chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins. Ça voulait dire que chacun donne à sa façon et qu'on se distribue ce qu'on a fabriqué. [...] De chacun selon sa haine, tu parles d'un avenir ! Ce sera à chacun selon ses crimes.