Un immense massacre, une affaire quotidienne d'une épuisante monotonie... Fini l'ivresse. Fini le vacarme patriotique dans les rues... La pièce est terminée... L'allégresse bruyante des jeunes filles courant le long des convois ne fait plus escorte aux trains de réservistes et ces derniers ne saluent plus la foule... Dans l'atmosphère dégrisée de ces journées blêmes, c'est un tout autre choeur que l'on entend : le cri rauque des vautours et des hyènes qui rôdent autour des champs de bataille... Et au coeur de ce sabbat de sorcières s'est produite une catastrophe de portée mondiale : la capitulation de la social-démocratie internationale. [...]
La guerre actuelle s'avère non seulement un gigantesque assassinat, mais aussi un suicide collectif de la classe ouvrière européenne... Une folie, un enfer sanglant... Les dividendes grimpent et les prolétaires tombent !
Rosa Luxembourg, dans un texte intitulé "La crise de la social-démocratie", diffusé clandestinement sous le titre "La Brochure de Junius", du nom du polémiste anglais qui, à la fin du XVIIIème siècle (1769-1772), attaquait la corruption et les méthodes du règne de George III
Page 366