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Citation de levri


Je me rappelle m’être gentiment moqué de son accent, juste pour l’énerver. Saïd n’a jamais été d’un tempérament colérique, il criait rarement, mais jouait du sarcasme avec habileté. Et en général, la leçon fonctionnait plutôt bien, jusqu’au jour où j’ai renversé le sachet d’épices dans le plat. J’avais tellement honte, mais plutôt que de me hurler dessus, Saïd s’est mis à rire, si fort qu’il s’en tenait les côtes.
L’image me fait sourire. Il riait toujours pour tout et n’importe quoi, comme si la vie n’était qu’un vaste jeu sur lequel nous tentions d’évoluer, ensemble. Pourtant, jamais il n’est parvenu à assumer notre relation. Aux yeux des autres, nous étions les meilleurs amis du monde. Personne ne se doutait de l’attraction qui nous envahissait lorsque nous nous retrouvions. Des journées chastes et des nuits torrides. Ce fut notre quotidien pendant des années. Jusqu’au jour où il a déboulé dans la cuisine, l’air grave et le regard absent, pour m’annoncer qu’il rentrait en Arabie. Mon cœur s’est déchiré, mais il n’avait jamais été question de relation sérieuse, de couple ou de quoi que ce soit de ce genre. Plutôt volage et peu habitué à éprouver de l’amour pour un homme, tout ce que je ressentais alors m’a fait fuir comme un lâche. Il n’existe pire rupture que celle d’une idylle trop tôt avortée, par couardise, pour une question d’ego, parce qu’aucun de nous deux n’a posé de mots sur ça.
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