On est rentré du Maroc hier soir.
Hier soir à pas d'heures.
En pleine nuit.
Trois jours de bagnole. Trois jours de Ramadan dans la bagnole.
J'ai cru qu'on allait mourir. Je crois que je suis mort peut-être cinq ou six fois pendant le trajet.(...)
Sauf que je me réveillais encore vivant.
On étais tous bien vivants. Bordel de merde !
Ce satané Ramadan, c'étais sans fin.
La bouche sèche, les yeux collés.
C'était encore le Ramadan.
Tout le temps.
"Prêtres idiots et cruels! à qui ordonnez-vous le carême? Est ce aux riches? Ils se gardent bien de l'observer. Est ce aux pauvres? ils font carême toute l'année." Voltaire, Dictionnaire Philosophique, 1769.
Le poids lourd, il ne s'est pas arrêté. Peut-être même qu'il n'a pas vu le chien. Sébastien s'est mis à pleurer tout de suite. Fallait voir.Même pas le temps d'être triste. Il a crié quelque chose comme "Filou".
"Filou", fallait voir l'état du chien.
On a compris que c'était le nom du chien, quoique dans le coin les gens se donnent tous des petits noms alors qu'ils ont déjà des prénoms. La voisine, elle appelle sa fille Patou alors qu'elle s'appelle Isabelle. Je ne vois pas le rapport entre Patou et Isabelle. En vrai je trouve ça débile.
Ces immeubles, il y en a des très différents, il y a bien sûr les plus célèbres, ceux que l'on voit à la télévision, ceux que l'on fait exploser en direct, mais il y a aussi tous les autres, ceux qui n'auront jamais leur quart d'heure de gloire, ceux qui ne font que quelques étages. Il y a aussi les nouveaux qui sont tous neufs et fiers et ceux qui sont tout abîmés. Comme des tableaux. Et lorsque vous êtes dans la cité, vous avez le sentiment d'être dans un port avec tous ces immeubles-bateaux amarrés dans les allées de la cité, et d'autres jours vous avez l'impression que c'est un cimetière marin pour immeubles-bateaux.
On est rentré du Maroc hier soir.
Hier soir à pas d'heures.
En pleine nuit.
Trois jours de bagnole. Trois jours de Ramadan dans la bagnole.
J'ai cru qu'on allait mourir. Je crois que je suis mort peut-être cinq ou six fois pendant le trajet.(...)
Sauf que je me réveillais encore vivant.
On étais tous bien vivants. Bordel de merde !
Ce satané Ramadan, c'étais sans fin.
La bouche sèche, les yeux collés.
C'était encore le Ramadan.
Tout le temps.
Le Ramadan au pays, c'est l'enfer sous le soleil.
Quand même c'était pas rien.
On en a réchappé mais j'ai cru qu'ils ne nous laisseraient jamais partir.
Comme fuir un camp de la mort.
Fallait voir.
La fournaise.
Interdit de boire.
Le Ramadan au pays c'est pire que tout.
Et la comédie qu'ils jouent tous, c'est insupportable (...)